13e Conférence mondiale sur la mission à Athènes : « Le centre de gravité du christianisme se situe aujourd’hui du côté de Tombouctou »
11 mai 2005
Ouverte le 9 mai à Athènes, la 13e conférence mondiale sur la mission du Conseil Œcuménique des Eglises (COE) a réuni 500 représentants des multiples courants du christianisme autour du thème « Viens, Esprit Saint, guéris et réconcilie »
Fractures entre Eglises du Nord et du Sud, déchirement entre souches historiques et mouvements émergeants, défis liés à la mondialisation et au postmodernisme, voici quelques-uns des thèmes majeurs au centre des préoccupations du COE. Que sera l’œcuménisme du 21e siècle ? Entretien avec Jacques Matthey, secrétaire exécutif pour l’étude de la mission, l’une de principales chevilles ouvrières de ce rassemblement.Ouverte le 9 mai à Athènes, la 13e conférence mondiale sur la mission du Conseil Œcuménique des Eglises (COE) a réuni 500 représentants des multiples courants du christianisme autour du thème « Viens, Esprit Saint, guéris et réconcilie ». Fractures entre Eglises du Nord et du Sud, déchirement entre souches historiques et mouvements émergeants, défis liés à la mondialisation et au postmodernisme, voici quelques-uns des thèmes majeurs au centre des préoccupations du COE. Que sera l’œcuménisme du 21e siècle ? Entretien avec Jacques Matthey, secrétaire exécutif pour l’étude de la mission, l’une de principales chevilles ouvrières de ce rassemblement.Qu’est-ce qui a présidé au choix de ce double thème « guérison et réconciliation » ?Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, des conflits d’une nouvelle sorte sont apparus et ravivent une question : que se passe-t-il à l’issue d’un combat ? Comment faire pour vivre à nouveau ensemble de manière pacifiée ? Les deux thèmes se complètent par l’importance que prend la guérison des mémoires et des blessures du passé dans tout processus de réconciliation. On le voit actuellement avec la Chine et le Japon, un contentieux non réglé peut ressortir à n’importe quel moment. De nombreux conflits actuels sont liés à des blessures du passé qui n’ont jamais été guéries.
Une autre actualité a influé sur ce choix, c’est l’évolution du christianisme dans l’explosion des églises plus charismatiques et pentecôtistes qui ne sont pas membres du COE. Près du quart des participants à la conférence est proche de ces milieux. Comment le percevez-vous ?
Nous essayons de prendre au sérieux tout un pan du christianisme avec lequel nous avons eu peu de relations jusque-là. Dans le domaine de la mission, on ne peut pas ignorer l’un des mouvements les plus dynamiques dans le christianisme actuel. Notre objectif est de capitaliser les richesses des différentes traditions chrétiennes pour toucher toutes les dimensions de l’être humain. En ce qui concerne le thème de la guérison, nous pensons qu’il faut considérer la personne dans toutes ses dimensions, ce qui a des conséquences en théologie comme en médecine. Les mouvements plus charismatiques ont sur ce point des accents complémentaires avec les milieux plus traditionnellement impliqués au COE.Cette prise en compte des tendances charismatiques témoigne-t-elle d’un changement au sein du christianisme ?Des scientifiques ont cherché à déterminer un centre statistique de gravité du christianisme. Longtemps situé en Europe, il réside aujourd’hui du côté de Tombouctou en Afrique. Actuellement la majorité des chrétiens se trouve dans l’hémisphère sud. Ils ont en général une approche très différente de la foi : plus émotionnelle, plus quotidienne, moins intellectualisée. Nous cherchons à permettre une rencontre entre ces tendances et les Eglises historiques du nord, souvent plus cérébrales et plutôt méfiantes face à l’affectif. Or, pour tenir compte de l’évolution des sociétés postmodernes, il y a un besoin non seulement de comprendre les choses, mais aussi de les expérimenter.Comment permettre ce dialogue alors que les mouvements dits « pentecôtistes » ne sont pas demandeurs à l’égard du COE ?Nous avons déjà des relations avec certaines Eglises pentecôtistes, de même qu’avec des théologiens. Le mouvement pentecôtiste va fêter son centenaire l’année prochaine et compte maintenant d’excellents théologiens formés et sensibles à l’importance de relations avec d’autres Eglises. Le progrès dans les relations oecuméniques est possible : les catholiques et les protestants vivent aujourd’hui en meilleure entente qu’il y a deux siècles. Avec les ouvements charismatiques, presque tout reste à faire cependant. Très souvent, ils sont taxés abusivement de sectes. A l’inverse, ces communautés doivent apprendre à percevoir les richesses des Eglises traditionnelles.Quels échos attendez-vous de la conférence en regard de cette problématique ?L’idéal serait que davantage d’Eglises et de personnes reconnaissent la nécessité d’intensifier leurs relations et d’entrevoir la mission comme un témoignage commun, signe de l’unité donnée en Christ. Les Eglises seraient ainsi plus fidèles à l’Evangile de la réconciliation. Nous espérons que la diversité des personnes présentes permettra cet échange. La conférence est bâtie sur l’expérience et la réflexion que les participants amèneront eux-mêmes. C’est pourquoi nous mettons l’accent sur le travail en groupes et les ateliers. Il y a également des réunions plénières et des célébrations communes, mais aussi par exemple, des cultes de guérison selon les différentes traditions présentes. Nous espérons que l’échange des expériences par les participants ainsi que la réflexion et le débat suscité par les publications qui accompagneront l’événement permettront aux Eglises et organismes missionnaires de repenser les priorités de la mission.
Une autre actualité a influé sur ce choix, c’est l’évolution du christianisme dans l’explosion des églises plus charismatiques et pentecôtistes qui ne sont pas membres du COE. Près du quart des participants à la conférence est proche de ces milieux. Comment le percevez-vous ?
Nous essayons de prendre au sérieux tout un pan du christianisme avec lequel nous avons eu peu de relations jusque-là. Dans le domaine de la mission, on ne peut pas ignorer l’un des mouvements les plus dynamiques dans le christianisme actuel. Notre objectif est de capitaliser les richesses des différentes traditions chrétiennes pour toucher toutes les dimensions de l’être humain. En ce qui concerne le thème de la guérison, nous pensons qu’il faut considérer la personne dans toutes ses dimensions, ce qui a des conséquences en théologie comme en médecine. Les mouvements plus charismatiques ont sur ce point des accents complémentaires avec les milieux plus traditionnellement impliqués au COE.Cette prise en compte des tendances charismatiques témoigne-t-elle d’un changement au sein du christianisme ?Des scientifiques ont cherché à déterminer un centre statistique de gravité du christianisme. Longtemps situé en Europe, il réside aujourd’hui du côté de Tombouctou en Afrique. Actuellement la majorité des chrétiens se trouve dans l’hémisphère sud. Ils ont en général une approche très différente de la foi : plus émotionnelle, plus quotidienne, moins intellectualisée. Nous cherchons à permettre une rencontre entre ces tendances et les Eglises historiques du nord, souvent plus cérébrales et plutôt méfiantes face à l’affectif. Or, pour tenir compte de l’évolution des sociétés postmodernes, il y a un besoin non seulement de comprendre les choses, mais aussi de les expérimenter.Comment permettre ce dialogue alors que les mouvements dits « pentecôtistes » ne sont pas demandeurs à l’égard du COE ?Nous avons déjà des relations avec certaines Eglises pentecôtistes, de même qu’avec des théologiens. Le mouvement pentecôtiste va fêter son centenaire l’année prochaine et compte maintenant d’excellents théologiens formés et sensibles à l’importance de relations avec d’autres Eglises. Le progrès dans les relations oecuméniques est possible : les catholiques et les protestants vivent aujourd’hui en meilleure entente qu’il y a deux siècles. Avec les ouvements charismatiques, presque tout reste à faire cependant. Très souvent, ils sont taxés abusivement de sectes. A l’inverse, ces communautés doivent apprendre à percevoir les richesses des Eglises traditionnelles.Quels échos attendez-vous de la conférence en regard de cette problématique ?L’idéal serait que davantage d’Eglises et de personnes reconnaissent la nécessité d’intensifier leurs relations et d’entrevoir la mission comme un témoignage commun, signe de l’unité donnée en Christ. Les Eglises seraient ainsi plus fidèles à l’Evangile de la réconciliation. Nous espérons que la diversité des personnes présentes permettra cet échange. La conférence est bâtie sur l’expérience et la réflexion que les participants amèneront eux-mêmes. C’est pourquoi nous mettons l’accent sur le travail en groupes et les ateliers. Il y a également des réunions plénières et des célébrations communes, mais aussi par exemple, des cultes de guérison selon les différentes traditions présentes. Nous espérons que l’échange des expériences par les participants ainsi que la réflexion et le débat suscité par les publications qui accompagneront l’événement permettront aux Eglises et organismes missionnaires de repenser les priorités de la mission.