Les protestants suisses signent un accord de collaboration avec l'Eglise chinoise

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Les protestants suisses signent un accord de collaboration avec l'Eglise chinoise

12 mai 2005
La FEPS vient de rendre visite aux Eglises protestantes de Chine
En très forte croissance, cette minorité religieuse est confrontée aux mêmes problèmes sociaux que l’ensemble de la population, et à d’urgents besoins en matière de formation. La Chine, c’est 1,3 milliard d’habitants, une croissance qui fait s’y précipiter la plupart des chefs d’Etat, et qui génère des problèmes sociaux croissants. Mais l’Empire du milieu abrite aussi quelque 50 millions de chrétiens, dont environ 18 millions de protestants. La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) vient d’aller leur rendre une première visite officielle, histoire de renforcer des liens parfois très anciens. « La Basler Mission, actuelle association responsable de Mission 21 (l’équivalent de DM Echange et Mission, le département missionnaire romand), collabore depuis 150 ans avec des protestants chinois », relève Thomas Wipf, président du conseil de la FEPS.

La délégation helvètique a notamment rendu visite à son équivalent sur place, le China Christian Council (CCC), organisme qui chapeaute depuis 1980 les Eglises chrétiennes officiorganisations, rappelant les principes de leur collaboration, fondée sur le respect mutuel et la volonté d’approfondir les relations en les traduisant dans des faits. « Y sont également évoqués les projets actuels et futurs en matière de travail social et de diaconie, ainsi que dans les domaines de la formation théologique et de l’éthique appliquée », précise Thomas Wipf.L’importance d'une théologie solideEn pleine croissance depuis les premiers signes d’ouverture du régime au milieu des années 80, l’Eglise protestante chinoise doit faire face à d’importants besoins en matière de formation de pasteurs et de laïcs. « Mission 21 soutient déjà quatre séminaires théologiques. Des réflexions seront menées en commun pour améliorer la formation à tous les niveaux académiques », souligne encore Thomas Wipf.

L’autre enjeu est naturellement d’ordre social, d’autant que les protestants se recrutent majoritairement dans les classes défavorisées de la population. Avec 800 millions de paysans vivant dans des conditions de grande précarité et quelque 100 à 140 millions de travailleurs migrants vivotant à l’intérieur des mégapoles, le nombre des exclus de la prospérité ne cesse de s’accroître. L’Eglise protestante chinoise est naturellement présente sur ce terrain. Secrétaire romande de l’Entraide protestante suisse (EPER), Corinne Henchoz Pignani relève le travail de l’Amity Fondation, qui aide depuis près de 20 ans le milieu rural à échapper à la misère. Recherche de sensLe passage à l’économie capitaliste s’accompagne d’une grande mutation des valeurs. « Elle se manifeste aussi par une remise en question de la solidarité familiale confucéenne et de la prise en charge collective du système maoïste. L’augmentation de la consommation d’énergie et de terre cause également d’importants problèmes écologiques », explique le directeur de l’Institut de théologie et d’éthique de la FEPS Christoph Stückelberger. Du coup, « un nombre grandissant de personnes, notamment des jeunes d’un bon niveau de formation, sont fascinés par l’éthique chrétienne appliquée à la vie quotidienne », explique Thomas Wipf.

Longtemps préoccupée par sa seule survie, l’Eglise protestante de Chine se voit ainsi de plus en plus sollicitée « pour fournir des modèles d’éthique sociale pour un pays auquel les révolutions successives ont fait perdre bon nombre de ses repères philosophiques et des règles régissant les rapports sociaux », détaille pour sa part Christoph Waldmeier, chargé des relations extérieures de la FEPS. Bref, il existe en Chine une « recherche de sens et de réponses spirituelles dans les religions, y compris le christianisme », ainsi que le résume Walter Lüssi, président de Mission 21.

Selon la FEPS, les contacts avec les autorités nationales chargées des affaires religieuses ont été d’une grande franchise . Cet accueil confirme la volonté du gouvernement de favoriser la liberté religieuse. Une loi en ce sens a même été promulguée cette année. « Il est par exemple possible d’éditer des Bibles, environ 40 millions à ce jour », note Walter Lüssi. Pourtant, « la législation est loin d’être appliquée partout et elle se heurte à de nombreux obstacles. C’est le cas de l’ensemble des mécanismes propres à un Etat de droit, pas encore fermement établis », reconnaît Christoph Waldmeier.