13e Conférence mondiale sur la mission à Athènes:La mondialisation et la Banque mondiale au banc des accusés

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13e Conférence mondiale sur la mission à Athènes:La mondialisation et la Banque mondiale au banc des accusés

17 mai 2005
Les délégués de l’Eglise catholique romaine et des Eglises évangéliques et pentecôtistes participaient avec leurs délégués officiels à la Conférence mondiale sur la mission qui s’est déroulée à Athènes, de concert avec les 347 Eglises membres du Conseil oecuménique des Eglises(COE), dans un grand rassemblement qui se tenait pour la première fois dans un contexte orthodoxe, suite à l’ouverture de l’Eglise orthodoxe grecque
Lorsque le soleil s’est levé sur la Conférence mondiale sur la mission et la réconciliation le 9 mai, un petit bateau est arrivé sur la rive de la Mer Egée, transportant une haute croix en bois d’olivier, provenant d’arbres déracinés par les soldats israéliens pour construire le Mur de la séparation, croix offerte par les Eglises de Jérusalem comme symbole de souffrance et signe d’espérance. D’emblée, le ton était donné d’une insertion de la mission actuelle des Eglises dans la réalité quotidienne.

Dans la plupart des pays représentés, la violence est présente, voire déchaînée. Aussi les participants ont-ils voulu marquer l’arrivée à mi-parcours de la Décennie mondiale du COE “Vaincre la violence”, lancée en 2001 sous la Porte de Brandebourg à Berlin, et appelée à durer jusqu’en 2010. “Nous ne croyons pas que la violence sera surmontée par la violence”, ont-ils martelé, en faisant

référence à l’Afghanistan, à l’Irak, à la Corée, et tant d’autres situations locales et régionales. Ils ont appelé les délégués de la prochaine assemblée du COE à Porto Alegre en février 2006 à continuer en les renforçant toutes les activités de la Décennie, et à former toujours plus des communautés de guérison et de réconciliation.

La pauvreté galopante due en grande partie à la mondialisation, la pandémie du sida et les obstacles que rencontrent les handicapés sur la voie de leur autonomie ont fait l’objet d’une session spéciale, qui a rappelé l’espoir qu’un autre monde est possible. Un des délégués s’en est pris à une économie qui fait des licenciements en masse, malgré les profits faramineux que réalisent les directeurs et les actionnaires, en contradiction avec la tradition calviniste de l’investissement des bénéfices dans la création d’emplois. Une consultante a montré du doigt la terrible responsabilité de la Banque mondiale dans l’inefficacité des programmes actuels de prévention du VIH/sida. [Voir l’interview de Mme Garance Upham.]

De précédentes conférences mondiales sur la mission avaient été plus politiques, comme celle de San Antonio à la date-charnière de 1989. Celle d’Athènes, réunie dans un centre de villégiature de l’armée grecque sur la Mer Egée, l’a été beaucoup moins. Cependant la méthode choisie - un travail intense en groupes foyers d’une dizaine de personnes, se réunissant au moins une fois par jour - apportera peut-être des résultats plus durables que les grandes déclarations intellectuelles qui étaient peu répercutées par les Eglises au retour de leurs délégués. Le pari lancé à Athènes pourrait se résumer à la formule: si je change moi-même, si je suis informé des situations de crise dans le monde, je deviendrai un agent de changement là où je vis.

On peut cependant relever que les délégués ont manqué une occasion de promouvoir avec force le dialogue interreligieux, à un moment où la seule hyper-puissance base sa “lutte contre le terrorisme” sur la diabolisation de l’islam. Des rassemblements oecuméniques antérieurs, comme la conférence missionnaire de Salvador de Bahía en 1996, l’avaient pourtant mis à leur programme. Il eût été urgent de réactualiser ce message.

Le témoignage poignant d’une Colombienne, théologienne et mère de famille, résume quelques uns des défis auxquels font face ses compatriotes, exposés à une des pires violences dans le monde. Après 14 ans de guerre de libération contre l’Espagne, la Colombie a connu 8 guerres civiles et d’innombrables confrontations politiques, coups d’Etat et soulèvements. Elle se trouve engluée dans le plus long conflit armé qu’ait connu le continent. La pasteure mennonite, qui n’a pu assister à la conférence pour des problèmes de visa, a lancé de loin un appel à la communauté internationale pour stopper l’intervention que préparent les Etats-Unis et l’armée sous le titre de Plan patriota, avec un contignent de 18’000 soldats. Elle a décrit aussi le travail que fait l’Eglise mennonite, dont elle est pasteure, auprès des déportés intérieurs et des réfugiés qui partent au Canada.UtileSite de la Conférence, avec photos à disposition: www.mission2005.org