Jacques Küng, nouveau secrétaire général du DM Echange et Mission:Tisser des liens pour que l'étranger devienne l'ami
15 juin 2005
Installé dans ses fonctions de secrétaire général du DM-Echange et Mission par le Synode missionnaire samedi 18 juine à St-Maurice, le pasteur Jacques Küng parle de ce qu’est la mission, version 2005 : une ouverture sur le monde et un appel d’air pour les Eglises, une solidarité faite de lutte pour la justice et un partage équitable, tissée de liens personnels qui transforme l’étranger en ami et fait prendre conscience qu’on est tous partie prenante de la même humanité
Les clichés sur la mission ont définitivement vécu.A travers DM-Echange et Mission, les Eglises réformées de Suisse romande, conscientes d’être partie prenante d’une même humanité traversée par l’injustice, régie par des règles économiques tout à fait inéquitables, souhaitent être porteuses d’une parole de réconciliation reçue du Christ, élargir des espaces de vie, faire en sorte que cette dernière soit aussi pleine que possible pour chacun et chacune là-bas comme ici. Un proverbe africain dit : Quand on est assez nombreux, on arrive à porter un éléphant sur la paume de la main ». La solidarité est une valeur fondamentale de l’Evangile.Vous parlez beaucoup de partage, la mission n’est donc plus à sens unique ? En cinquante ans, beaucoup de choses ont changé : autrefois, les lieux décisionnels d’Eglise étaient au Nord. Aujourd’hui, la majorité des chrétiens est dans l’hémisphère sud. A la première conférence missionnaire mondiale d’Edimbourg en 1910, sur 1'200 personnes, 17 seulement venaient d’autres continents que l’Europe et l’Amérique du Nord. A Athènes ce printemps, les Européens et les Américains étaient minoritaires. C’est désormais tous ensemble que nous sommes responsables de notre foi devant les autres. Pour ma part, j’ai envie de témoigner de la conviction qui m’habite, sans pour autant l’imposer aux autres. En acceptant ce poste de secrétaire général de DM-Echange et Mission, j’ai le désir très fort de participer à l’Eglise universelle à travers le cheminement qui est le mien. C’est au travers de l’échange des personnes, que nous pouvons être témoins de notre foi, c’est au travers du réseau de communion que nous établissons qu’on devient plus attentif aux autres. Des gens d’ici qui peuvent aller au Rwanda ou dans un autre pays du Sud, auront une autre perception du monde, ce voyage les transformera. C’est pourquoi, en plus d’échange à long terme, nous encourageons et soutenons des groupes de jeunes qui souhaitent partir pour comprendre la réalité des autres. Nous soutenons également des civilistes qui veulent travailler dans des Eglises au Sud.Quels sont les mots-clés qui guident votre travail et vous habitent ?La confiance en Dieu , en des relations qu’il est possible de construire, en dépit de la modestie des projets que nous pouvons faire vivre. La relation avec des personnes d’horizons très divers est pour moi capitale. Enfin la lucidité sur notre humanité : nous sommes des êtres fragiles, capables de solidarités impressionnantes et d’atrocités abominables. Je tiens au concept de résistance : résistance à la violence, à tout ce qui est destructeur en nous et dans le monde. Enfin j’ai la passion du dialogue, mais aussi de la recherche biblique pour essayer de comprendre de mieux en mieux pourquoi je comprends de moins en moins. Je suis perpétuellement en situation d’apprentissage. Et c’est difficile d’apprendre à ne pas savoir.