Hans Ucko, responsable du dialogue interreligieux au COE:" Le dialogue avec les musulmans est une nécessité pour sortir de la peur"
7 juillet 2005
« Si le dialogue entre les différentes religions ne traite pas de la dure réalité de la vie mais seulement de platitudes, il échouera »
Tarik Ramadan, professeur d’islamologie, a mis en garde les participants de la rencontre interreligieuse organisée début juin par le Conseil œcuménique des Eglises (COE). Réactions croisées de Hans Ucko, responsable du dialogue interreligieux au COE et de Martin Burkhard, pasteur de l’Eglise vaudoise engagé sur le terrain dans le dialogue interreligieux.« Il nous faut désormais plus que céder une place aux musulmans, sous peine de les voir développer des sociétés parallèles en Europe. Il faut commencer à redessiner ensemble l’Europe pluraliste». Pour Hans Ucko, responsable pour le dialogue interreligieux au sein du Conseil Œcuménique des Eglises (COE), il est clair pour lui qu’il ne suffit pas de tolérer l’autre ; encore faut-il dialoguer avec lui, se laisser questionner par son altérité. C’est à ses yeux une condition incontournable pour construire une société de co-citoyenneté. Il faut que les chrétiens se plongent dans l’eau froide, même s’ils ne se sentent pas vraiment prêts. On devra faire des compromis. On n’y parviendra pas si l’on a peur ou qu’on laisse l’autre s’enfermer dans un ghetto ». Mais un vrai dialogue sur le terrain est-il possible ?
« Dans nos discussions, on aborde des sujets religieux mais pas des questions de théologie, constate Martin Burkhard, pasteur en charge du dialogue avec les musulmans. De vrai dialogue, il n’y en a que rarement, reconnaît le ministre qui a passé cinq ans au Caire comme pasteur de l’Eglise protestante de langue française, et qui s’est familiarisé avec l’islam. Il précise : « On devrait plutôt parler de dialogue de proximité grâce auquel on apprend à se connaître, on évoque les questions du partage de l’espace public, la manière de vivre ensemble et ce qu’on peut faire conjointement pour la société. J’ai été frappé par l’envie qu’ont les musulmans de notre pays de se battre pour des gens en situation de détresse et leur façon de s’investir pour leur communauté. Dans les différents centres vaudois d’Yverdon-les-Bains, de Vevey, de Renens, de Prilly et de Lausanne, un important travail d’intégration est mené, mais aussi de médiation par exemple entre l’école et les parents. Les questions de théologie ont-elles place dans ce dialogue ? A cette question, Hans Ucko répond que sur ce plan-là, le dialogue est difficile : « Je crois que les musulmans auraient voulu que les chrétiens se prononcent sur la révélation du Coran et situent Mohammed dans la lignée des prophètes. Or on n’en est pas là et les discussions théologiques tournent court. Par contre, on peut très bien aborder des questions comme celles du salut, de la vocation, de la volonté de Dieu pour l’humanité ».
Martin Burkhard estime qu’il est difficile voire impossible d’aborder des questions théologiques. « Déjà entre eux, les différents courants de l’islam n’arrivent pas à dialoguer. Imaginez-vous par exemple qu’au centre islamique de Vevey, la communauté musulmane est constituée de 25 nationalités différentes et regroupe des arabophones et des ressortissants turcs, albanais, kosovars, bosniaques, somaliens, pour n’en citer que quelques-uns. La culture et les idées religieuses sont imbriquées très étroitement et cela ne facilite pas le dialogue intramusulman.
Mais dans ces conditions à quoi sert le dialogue ? « Il faut absolument encourager les communautés musulmanes et chrétiennes à se rencontrer pour apprendre à se connaître et ne pas se rejeter par méfiance, explique Martin Burkhard, nous avons à mener, en tant que chrétiens, un travail de défense des musulmans dans l’opinion publique, à déconstruire les préjugés réciproques, à relever les bons points plutôt que ceux qui font problème, à rechercher une plus grande compréhension mutuelle. Bien des musulmans se sentent peu accueillis chez nous Si chacun est bienveillant à l’égard de l’autre, le dialogue est possible, et surtout l’amitié!
Pour les deux interlocuteurs chrétiens, le dialogue ne peut bien se dérouler que si chacun se situe clairement et affirme son identité, ce qui n’est pas toujours le cas du côté des protestants qui, par modestie ou par peur de heurter leurs interlocuteurs, restent flous sur leur identité et les valeurs qui sont les leurs. « Il est important que chacun sache d’où il parle et ce qui le fonde », précise le pasteur de l’Eglise réformée vaudoise, qui estime qu’il faut savoir dire les désaccords, mais sur le mode amical, fraternel et dans un grand respect mutuel, en étant attentif à la part de vérité de l’autre qui oblige à se poser des questions sur soi.
« Dans nos discussions, on aborde des sujets religieux mais pas des questions de théologie, constate Martin Burkhard, pasteur en charge du dialogue avec les musulmans. De vrai dialogue, il n’y en a que rarement, reconnaît le ministre qui a passé cinq ans au Caire comme pasteur de l’Eglise protestante de langue française, et qui s’est familiarisé avec l’islam. Il précise : « On devrait plutôt parler de dialogue de proximité grâce auquel on apprend à se connaître, on évoque les questions du partage de l’espace public, la manière de vivre ensemble et ce qu’on peut faire conjointement pour la société. J’ai été frappé par l’envie qu’ont les musulmans de notre pays de se battre pour des gens en situation de détresse et leur façon de s’investir pour leur communauté. Dans les différents centres vaudois d’Yverdon-les-Bains, de Vevey, de Renens, de Prilly et de Lausanne, un important travail d’intégration est mené, mais aussi de médiation par exemple entre l’école et les parents. Les questions de théologie ont-elles place dans ce dialogue ? A cette question, Hans Ucko répond que sur ce plan-là, le dialogue est difficile : « Je crois que les musulmans auraient voulu que les chrétiens se prononcent sur la révélation du Coran et situent Mohammed dans la lignée des prophètes. Or on n’en est pas là et les discussions théologiques tournent court. Par contre, on peut très bien aborder des questions comme celles du salut, de la vocation, de la volonté de Dieu pour l’humanité ».
Martin Burkhard estime qu’il est difficile voire impossible d’aborder des questions théologiques. « Déjà entre eux, les différents courants de l’islam n’arrivent pas à dialoguer. Imaginez-vous par exemple qu’au centre islamique de Vevey, la communauté musulmane est constituée de 25 nationalités différentes et regroupe des arabophones et des ressortissants turcs, albanais, kosovars, bosniaques, somaliens, pour n’en citer que quelques-uns. La culture et les idées religieuses sont imbriquées très étroitement et cela ne facilite pas le dialogue intramusulman.
Mais dans ces conditions à quoi sert le dialogue ? « Il faut absolument encourager les communautés musulmanes et chrétiennes à se rencontrer pour apprendre à se connaître et ne pas se rejeter par méfiance, explique Martin Burkhard, nous avons à mener, en tant que chrétiens, un travail de défense des musulmans dans l’opinion publique, à déconstruire les préjugés réciproques, à relever les bons points plutôt que ceux qui font problème, à rechercher une plus grande compréhension mutuelle. Bien des musulmans se sentent peu accueillis chez nous Si chacun est bienveillant à l’égard de l’autre, le dialogue est possible, et surtout l’amitié!
Pour les deux interlocuteurs chrétiens, le dialogue ne peut bien se dérouler que si chacun se situe clairement et affirme son identité, ce qui n’est pas toujours le cas du côté des protestants qui, par modestie ou par peur de heurter leurs interlocuteurs, restent flous sur leur identité et les valeurs qui sont les leurs. « Il est important que chacun sache d’où il parle et ce qui le fonde », précise le pasteur de l’Eglise réformée vaudoise, qui estime qu’il faut savoir dire les désaccords, mais sur le mode amical, fraternel et dans un grand respect mutuel, en étant attentif à la part de vérité de l’autre qui oblige à se poser des questions sur soi.