Couleur blanche, coeur noir
11 août 2005
Comme une bonne partie des aborigènes – la politique d’acculturation gouvernementale a porté ses fruits - Johny Huckle a des traits indigènes mais le teint blanc
Petit bonhomme à l’accent nasillard typique du bush, l’homme est un rescapé, un « miracle vivant » comme dit son ami John Bond. « Quand j’étais petit, des gamins me lançaient des pierres en me traitant de sale nègre ». Des voyous moins bien habillés que lui, parce que sa mère qui fait des ménages à Sydney craint que les services sociaux trouvent un prétexte pour lui enlever ses enfants. « Nous devions quitter les magasins à la tombée de la nuit, les hôtels nous étaient interdits et l’on n’avait droit qu’à des rangées séparées au cinéma », raconte Johnny dont la tante a fait partie des « enfants volés ». Absence de boulot, de considération sociale et d’avenir : l’adolescent sombre dans l’alcool, la petite délinquance. C’est la musique qui le sauvera de l’enfer, l’aidera à « retrouver la fierté d’être moi-même et d’appartenir à mon peuple ». Quatre albums et de nombreux concerts plus tard, Johnny - désormais père et vivant à Camberra - poursuit sa lutte pour la reconnaissance des siens. Il se prétend sans espoir, mais son regard intense et ses notes disent le contraire.