Iran: fichés, épiés, diffamés, les baha’is en grand danger
24 avril 2006
Les baha’ís de Suisse ont appris par un communiqué de l’ONU que le gouvernement iranien a entrepris de dresser la liste de tous leurs coreligionnaires en Iran
Ils sont très inquiets pour la vie des 350 000 bahá’ís iraniens, la minorité religieuse non musulmane la plus nombreuse du pays. L’expert des droits de l’homme de l’ONU, Madame Asma Jahangir, a divulgué récemment une lettre adressée par le chef de l’Etat Ali Khameneï au chef d’état-major de l’armée iranienne, que l’ONU a pu se procurer. Dans ce courrier confidentiel daté du 29 octobre, il lui demande d’engager les services de renseignement, la police et les gardiens de la révolution dans le recensement des bahá’is et la surveillance de leurs faits et gestes, dans le plus grand secret. Cette révélation intervient au milieu d’une campagne contre les bahá’is dans les médias officiels. "Kayhan," le quotidien de Téhéran proche du régime, a publié ces dernières semaines plus de 30 jos_content diffamatoires, dénigrant les bahá'ís et déformant leur histoire et leur religion. Les bahá’is y sont tour à tour accusés d’être des ennemis de Dieu, de l’islam, des traîtres à la nation, des espions d’Israël et des suppôts de l’Occident. Boucs émissaires des tensions politiques et sociales de l’Iran depuis un siècle et demi, les bahá’is subissent une ségrégation inscrite dès la première constitution de 1906 pour leurs convictions religieuses. Ils ont aujourd’hui toutes les raisons d’être inquiets. L’établissement de ce fichier et le climat actuel rappellent les précédentes vagues de répression massive contre eux. En particulier, celle de 1955, sous le Shah, puis celle de 1979, au lendemain de la révolution islamique: arrestations, tortures, exécutions, maisons et fermes détruites, biens confisqués, commerces et entreprises brûlés et saccagés, cimetières profanés et rasés, cercueils exhumés, monuments historiques et lieux saints confisqués ou détruits, fonctionnaires licenciés, retraités contraints de rembourser leurs pensions, enfants et jeunes renvoyés des écoles et universités.