Exode inquétant des chrétiens de Palestine: une délégation vaudoise témoigne

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Exode inquétant des chrétiens de Palestine: une délégation vaudoise témoigne

23 mai 2006
Face à l’émigration massive des chrétiens de Palestine, dont la survie devient problématique, le Conseil des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud appelle à la solidarité
« Les lieux saints ne seront bientôt plus qu’un Disneyland de la spiritualité, vidé de toute vie et de toute âme », s’inquiètent les quatorze délégués du Conseil, de retour d’un récent voyage à Jérusalem et en Palestine. Témoignage. « Les chrétiens de Terre Sainte souffrent terriblement de la politique d’occupation d’Israël et du Mur érigé entre Israéliens et Palestiniens. Il est devenu le Mur des Lamentations des chrétiens arabes », constate le pasteur Martin Hoegger. Il a fait le pèlerinage à Jérusalem et Bethléem pour rencontrer les Eglises de Terre Sainte avec une délégation du Conseil des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud, formée de catholiques, de membres de la Fédération évangélique vaudoise (FEV), de protestants de l’Eglise réformée, d’orthodoxes et d’un représentant des catholiques chrétiens. Son constat est alarmant.

A Bethléem, il ne reste plus que 18'000 chrétiens, sur les 38'000 recensés officiellement. Pourquoi les chrétiens s’exilent-ils en masse ?

La survie des chrétiens dans cette région devient de plus en plus problématique, tant sur le plan économique que du point de vue religieux. 60% des chrétiens de la région sont touchés par le chômage. Depuis la deuxième Intifada, les touristes ont quasiment déserté les lieux, ce qui est catastrophique pour tous ceux qui en vivent, dont les chrétiens. D’autre part, leur liberté religieuse est sans cesse menacée. Ils ne peuvent pas aller prier à Jérusalem lors des fêtes religieuses chrétiennes. Ils ne reçoivent en effet qu’au compte-gouttes des autorisations pour se rendre dans la Ville Sainte et subissent mille tracasseries. Le mur a par ailleurs des effets catastrophiques au quotidien et entraîne dépressions et violence.

Les chrétiens sont-ils menacés par l’islamisation de la région ?

Pas directement. Mais je suis inquiet pour eux : la montée de l’islamisation est réelle mais il est difficile d’en mesurer l’ampleur. Il n’y a pas de preuve de persécutions avérées à l’encontre des chrétiens mais leur vie devient intenable. Jusqu’à maintenant, les chrétiens étaient des ponts entre le monde musulman et le monde juif. Salim Munaher par exemple, qui est pasteur évangélique à Bethléem, a toujours travaillé activement à la réconciliation entre Israéliens et Palestiniens, en organisant notamment chaque année des camps dans le désert, qui réunit des participants israéliens et palestiniens.

Que peut-on faire ici pour enrayer cet exode ?

Il est urgent pour les Eglises chrétiennes d’Occident de rompre le silence sur la situation dans laquelle vivent les chrétiens du Proche-Orient, de leur apporter un soutien économique, d’aider les jeunes à s’installer là où ils sont, d’encourager les touristes à se rendre à nouveau dans la région et d’aller à la rencontre des chrétiens de Palestine et de Jérusalem, qui sont une passerelle entre les cultures. Le dialogue interreligieux dure depuis presque 1500 ans en Palestine. Il faut appuyer les Eglises chrétiennes de la région et se rappeler que le seul lieu sacré qui soit, c’est le cœur de l’homme. Et pas les vieilles pierres !