La mort, et après ? La 11e édition du calendrier interreligieux présente les réponses des différentes traditions religieuses
La mort, et après ? La question taraude les hommes depuis la nuit des temps. Pour les anthropologues, les soins apportés aux morts sont les premiers signes d’humanité. Des tombes mises à jour attestent de rites funéraires remontant à 100'000 ans avant notre ère, aussi bien chez l’homo sapiens dont nous descendons, que chez son cousin, l’homme de Neandertal, disparu il y a 25'000 ans. Toutes les sociétés ont mis en place des rites destinés à accompagner les défunts dans leur nouvelle condition et à rassurer les vivants en proie au désarroi que suscite la mort. Face à l’oubli qui menace les disparus, la réponse des sociétés humaines est l’évocation des morts, la commémoration et l’invocation. Quelle que soit la tradition religieuse, la séparation d’avec les défunts n’est jamais complète. « Les morts ne sont vraiment morts que lorsque les vivants sont oubliés », dit un proverbe malgache, cité en exergue de la fête de « retournement des morts » pratiquée à Madagascar, qui ouvre le calendrier.
Mois après mois, cette 11ème édition du calendrier interreligieux, concocté par Jean-Claude Basset, conseillé par une équipe de 18 consultants, illustre et résume la diversité des pratiques religieuses. Le parcours pédagogique proposé commence par la tradition juive, pour laquelle la mort n’est pas la fin de la vie ; en effet, si le corps revient à la poussière, l’âme retourne à son créateur. La résurrection doit intervenir à la fin des temps, inaugurés par la venue du messie promis.
Pour la religion chrétienne, la mort est abordée à la lumière de la résurrection de Jésus Christ à Pâques. Pour les Réformés, comme d’ailleurs pour tous les chrétiens, la mort est comprise comme un passage vers Dieu. En rendant son dernier souffle, le mort passe dans les mains de Dieu. Aucun geste et aucune prière ne peuvent influencer la destinée du disparu, qui repose auprès de Dieu dans l’attente de la résurrection finale et du jugement dernier. Pour les chrétiens de tradition orthodoxe, la mort est naissance à une vie nouvelle pour l’âme, qui doit se séparer du corps. Les âmes continuent à vivre par delà la mort jusqu’au jugement dernier, présidé par le Christ et inaugurée par la résurrection des corps spirituels.
Pour les musulmans, la mort n’est qu’une étape. A la fin des temps, la résurrection générale marque le jugement dernier, qui destine les uns aux peines et à l’enfer et les autres à la vie éternelle et au paradis. La communauté musulmane chiite ajoute à la foi de la majorité sunnite l’attente du retour de l’Imam, descendant d’Ali, cousin et gendre du Prophète, qui doit rétablir la justice sur la terre avant la résurrection finale.
Pour les hindous, l’âme est immuable. Pour les sikhs, l’âme aussi est éternelle, identique à la réalité ultime, le « brahman ». Elle est soumise à une série de naissances, de morts et de réincarnations, jusqu’à ce qu’elle soit libérée du cycle mortel. La voie de la délivrance passe par la vénération du nom de Dieu et une conduite respectueuse des autres. En l’absence d’âme personnelle, les bouddhistes, pour leur part, considèrent la mort comme le moment de désintégration de la personne. Se dessine alors pour la plupart, la renaissance : en fonction du karma produit par les actes et les pensées du défunt, elle sera malheureuse ou heureuse. La mort souhaitée est une libération sans retour. Au Japon, l’âme est de la même essence que les esprits et la divinité suprême. Par ses mérites, elle peut s’en rapprocher et, après la mort, aller se reposer dans le monde des dieux. Dans les différentes traditions chinoises, la vénération des défunts a pour but de leur assurer une situation plus confortable dans l’au-delà ou une meilleure réincarnation.
Pour les adeptes de la foi baha’ie, l’âme est immortelle. Elle poursuit son existence après sa séparation d’avec le corps et ne connaît plus ni retour sur terre ni réincarnation. Il ne faut pas s’affliger de la mort d’une personne mais se réjouir de savoir qu’elle accède à la vie spirituelle et poursuive son développement.