Colloque Eglise et Israël du 21 au 23 septembre à Paris:Les protestants face au judaïsme

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Colloque Eglise et Israël du 21 au 23 septembre à Paris:Les protestants face au judaïsme

7 septembre 2006
Quelle relation les protestants réformés entretiennent-ils avec le judaïsme ? La question est au centre du colloque qui aura lieu à Paris du 21 au 23 septembre autour du document « Eglise et Israël » publié par la Communion ecclésiale de Leuenberg
Ce texte, dans lequel les principales Eglises de la Réforme ont reconnu leur interprétation fautive du judaïsme, est resté confidentiel. « Dans le contexte dramatique actuel marqué par la guerre au Liban, il est urgent de prendre conscience du danger que représente toute forme d’antisémitisme », estime Pascal Veillon, président de la Commission vaudoise de Coordination Eglise et judaïsme.Il y a quarante ans, l’Eglise catholique publiait un document, Nostra Aetate, issu du Concile Vatican II, dans lequel elle demandait pardon pour l’antijudaïsme chrétien qui a marqué vingt siècles d’histoire. Côté protestant, les Eglises de la Communion ecclésiale de Leuenberg, qui regroupe 104 Eglises européennes issues de la Réforme, adoptent en 2001 un document européen d’envergure, « Eglise et Israël », dans lequel elles reconnaissent et déplorent leur coresponsabilité et leur culpabilité à l’égard du peuple d’Israël.

Les Eglises réformées y confessent leurs interprétations fautives de certaines affirmations et traditions bibliques, remettant en cause l’affirmation classique de la théologie de la substitution, qui faisait du judaïsme une religion dépassée et remplacée par le christianisme. Dans la foulée, le texte « Eglise et Israël » récuse les Juifs déicides et l’opposition entre le Dieu prétendument sans pitié et vengeur de l’Ancien Testament au Dieu miséricordieux et plein de grâce du Nouveau Testament. Enfin les Eglises signataires du document appellent à la recherche de dialogue avec les Juifs, persuadées que « dans l’écoute commune de l’Ecriture Sainte d’Israël, - l’Ancien Testament chrétien - il est possible de rechercher des voies en vue d’une compréhension mutuelle ».

Mais voilà : ce document de référence est resté confidentiel, le plus souvent ignoré de la base. C’est pourquoi l’Union de prière de Charmes, associée à quelques représentants de la Fédération Protestante de France, ont décidé de le faire connaître plus largement et d’en débattre au cours du colloque qui aura lieu à Montmartre du 21 au 23 septembre 2006.

« Aujourd’hui, il faut faire ou refaire de la théologie, affirme Florence Taubmann dans son appel au colloque, et le document de la Communion de Leuenberg nous en donne l’occasion, car en revenant de manière critique sur l’antijudaïsme chrétien, il ouvre un véritable chantier théologique pour l’avenir ».

Les travaux du colloque devraient permettre aux protestants réformés de ne plus être embarrassés comme ils le sont trop souvent, dès qu’il s’agit de s’exprimer sur Israël. « Le christianisme vit un temps où il faut se réinterroger sur ses fondements dogmatiques, son développement historique, se confronter à Jésus, qui était et est resté juif, explique Pascal Veillon, pasteur de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERF). « On ne peut pas prier pour l’unité de l’Eglise sans prendre en compte la foi juive et le peuple d’Israël – qu'il faut comprendre comme la forte conscience identitaire des Juifs de former un peuple. C’est pourquoi, même si l’Etat d’Israël est une entité politique et laïque, on ne peut pas dissocier Etat d’Israël et rôle théologique peuple de l’alliance », précise encore le pasteur.