« Interdits d’asile » révèle la détresse de ceux « qui ne sont ni ici, ni partis »

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« Interdits d’asile » révèle la détresse de ceux « qui ne sont ni ici, ni partis »

13 septembre 2006
« Ici, je n’existe pas, ailleurs, je n’existe pas non plus », témoigne, au bord du désespoir, ce réfugié tibétain dans l’ouvrage collectif « Interdits d’asile », présenté ce matin à Lausanne par Brigitte Zilocchi et Jean-Pierre Barbey, qui côtoient tous les jours des requérants d’asile en tant que médiateurs Eglise-Réfugiés dans le canton de Vaud
François Couchepin, ancien chancelier de la Confédération, Marianne Huguenin, syndique de Renens et conseillère nationale, Anne-Catherine Menétrey, conseillère nationale, et Bernard Borel, député au Grand Conseil, ont apporté leur soutien à ce livre de « résistance » et de témoignage, qui redonne aux NEM une humanité dont ils sont dramatiquement privés. « C’est un acte de salut public, de défense des plus pauvres parmi nous, mais également de défense de nos institutions démocratiques », résume François Couchepin pour présenter l’album édité conjointement par les Editions Ouverture et le Point d’Appui, espace multiculturel de l’Eglise évangélique réformée et de l’Eglise catholique romaine, qui accueille des réfugiés. « On ne tient plus compte de la personne humaine », constate Jean-Pierre Barbey, c'est pourquoi il devenait urgent qu’on remette en lumière la détresse de ceux qu’on a appelé des NEM (des requérants frappés de non entrée en matière), de ceux qui ne peuvent souvent pas rentrer chez eux, ne disposant ni d’argent, ni des papiers nécessaires ».

« Les autorités sont dans le déni total des réalités humaines que vivent les requérants frappés par une non entrée en matière, dénonce Anne-Catherine Menétrey, ils n’en ont qu’une perception purement administrative et comptable. Les défenseurs des lois sur l’asile et sur les étrangers reprochent aux opposants d’être angéliques et idéalistes. J'estime, moi, qu'ils se sont coupés de la réalité humaine des réfugiés jetés à la rue".

Deux requérants déboutés ont témoigné, lors du lancement du livre, de leur vie d’errance d’une ville à l’autre, d’un abri PC, qui leur est assigné et qu’il faut quitter au petit matin, à un autre bunker, sans jamais pouvoir y laisser leurs affaires, sous peine de les voir jetées à la poubelle. « Etant un NEM, j’ai dû quitter mon travail, mon studio, on m’a mis à la rue. Les policiers me harcèlent et me disent de ne pas rester près de l’endroit où je compte, l’heure enfin venue, demander refuge pour la nuit », raconte Serge.

Le livre donne la parole à ceux qu’on a rendu anonymes, qui souffrent, qui ont faim, qui n’ont nulle part où aller, qui cherchent à se rendre invisibles et finissent parfois par avoir « des nuages dans la tête », comme Ali, dont le témoignage est poignant.« Interdits d’asile », sous la direction de Brigitte Zilocchi et Jean-Pierre Barbey, photos de Jean-Michel Gunz, coédition Ouverture-Point d’appui, Route de Cugy, en Budron H20, cp 13.CH 1052 Le Mont.