Livres : Marie-Madeleine ou l'esprit de la Déesse-Mère
9 octobre 2006
La psychanalyste française France Schott-Billmann voit dans l’union du masculin et du féminin, symbolisée par le couple Jésus - Marie-Madeleine, une réhabilitation du féminin, refoulé pendant des siècles par les trois religions monothéistes
Mettant en résonance mythologie et psychanalyse, France Schott- Billmann estime que Marie-Madeleine, la disciple de Jésus, se situe dans le prolongement des déesses antiques. Au-delà de la douteuse hypothèse faite dans "Da Vinci Code" , qui fait de Marie-Madeleine la dépositaire d’une lignée du Christ, à laquelle l’auteur ne souscrit pas, se profilerait l’ombre d’un autre héritage, une sorte de trésor symbolique perdu. Pour la psychanalyste, Marie-Madeleine serait une personnification du féminin sacré, représentant d’une certaine manière l’esprit de la Déesse-Mère, archétype féminin par excellence. L’auteur cherche la filiation symbolique de Marie-Madeleine à travers l’évolution des représentations du féminin dans les religions préchrétiennes, depuis les rites préhistoriques dédiés à la Déesse Mère, jusqu’aux Mystères des religions gréco-orientales et au christianisme gnostique. Elle estime nécessaire de se demander si le couple Jésus/Marie-Madeleine, cité dans les évangiles gnostiques, ne réactualiserait pas le mythe qui était au coeur de la religion méditerranéenne et moyen-orientale, celui d’une déesse compagne d’un jeune dieu, comme Isis et Osiris en Egypte, Cibèle et Attis en Anatolie, Aphrodite et Adonis à Chypre et au Liban, Dionysos et Déméter en Grèce, Tammouz et Astarté en Mésopotamie. « Il se peut que le couple divin soit resté un modèle et ait servi à réinterpréter mythiquement l’histoire de Jésus. ».
Pour donner du poids à son hypothèse, elle s'inspire de Saint Augustin dans "La cité de Dieu": « En vérité, cette chose même, que l’on appelle aujourd’hui chrétienne, existait chez les Anciens et n’a jamais cessé d’exister depuis l’origine du genre humain, jusqu’à ce que le Christ lui-même étant venu, l’on ait commencé à appeler chrétienne la vraie religion qui existait avant ».
L’auteur rappelle que la fonction du mythe, indifférent à la logique classique, est d’entrer en résonance avec l’inconscient. Le mythe « fait lever la pâte humaine », selon l’expression de Régis Debray. Il fait, à sa manière toute symbolique et fantastique, le récit des commencements, de l’origine du monde et des hommes. Lorsqu’elles sont refoulées ou marginalisées, comme l’ont été les représentations du féminin, les images mythiques manquent dans notre quotidien. « Nous avons été coupés d’une partie essentielle de notre identité », estime encore France Schott-Billmann.
Marie-Madeleine, la femme qui pleure, se situe dans la tradition tragique des cultes antiques des déesses pleurant un aimé, amant, fils, frère, disparu ou mort. Comme elles, elle doit traverser la mort de l’être aimé et vivre une séparation pour accéder à d’autres retrouvailles. Pour la psychanalyste, tous les êtres humains sont des êtres séparés de l’Autre, porteurs d’un vide, tous souffrent d’une absence qui les rend ouverts. Cette ouverture est leur dimension féminine, qualité où s’enracine l’aptitude mystique, l’attente de la présence d’un Autre invisible. Avec le retour de la figure de Marie-Madeleine, on assiste, analyse France Schott-Billmann, au retour du féminin, refoulé par les trois grandes religions monothéistes, et d’une aspiration à un équilibre entre masculin et féminin. Sans être féministe, l’approche de la psychanalyste salue les valeurs féminines qu’on trouve aussi dans le masculin.
France Schott-Billmann, « Le féminin et l’amour de l’autre, Marie-Madeleine, avatar d’un mythe ancestral », 279 pages, éd. Odile Jacob, 2006.
Pour donner du poids à son hypothèse, elle s'inspire de Saint Augustin dans "La cité de Dieu": « En vérité, cette chose même, que l’on appelle aujourd’hui chrétienne, existait chez les Anciens et n’a jamais cessé d’exister depuis l’origine du genre humain, jusqu’à ce que le Christ lui-même étant venu, l’on ait commencé à appeler chrétienne la vraie religion qui existait avant ».
L’auteur rappelle que la fonction du mythe, indifférent à la logique classique, est d’entrer en résonance avec l’inconscient. Le mythe « fait lever la pâte humaine », selon l’expression de Régis Debray. Il fait, à sa manière toute symbolique et fantastique, le récit des commencements, de l’origine du monde et des hommes. Lorsqu’elles sont refoulées ou marginalisées, comme l’ont été les représentations du féminin, les images mythiques manquent dans notre quotidien. « Nous avons été coupés d’une partie essentielle de notre identité », estime encore France Schott-Billmann.
Marie-Madeleine, la femme qui pleure, se situe dans la tradition tragique des cultes antiques des déesses pleurant un aimé, amant, fils, frère, disparu ou mort. Comme elles, elle doit traverser la mort de l’être aimé et vivre une séparation pour accéder à d’autres retrouvailles. Pour la psychanalyste, tous les êtres humains sont des êtres séparés de l’Autre, porteurs d’un vide, tous souffrent d’une absence qui les rend ouverts. Cette ouverture est leur dimension féminine, qualité où s’enracine l’aptitude mystique, l’attente de la présence d’un Autre invisible. Avec le retour de la figure de Marie-Madeleine, on assiste, analyse France Schott-Billmann, au retour du féminin, refoulé par les trois grandes religions monothéistes, et d’une aspiration à un équilibre entre masculin et féminin. Sans être féministe, l’approche de la psychanalyste salue les valeurs féminines qu’on trouve aussi dans le masculin.
France Schott-Billmann, « Le féminin et l’amour de l’autre, Marie-Madeleine, avatar d’un mythe ancestral », 279 pages, éd. Odile Jacob, 2006.