Faire dialoguer chrétiens, juifs et musulmans de pays en guerre : un projet-pilote lancé pour les 60 ans du laboratoire œcuménique de Bossey

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Faire dialoguer chrétiens, juifs et musulmans de pays en guerre : un projet-pilote lancé pour les 60 ans du laboratoire œcuménique de Bossey

30 octobre 2006
Dix chrétiens, dix juifs et dix musulmans provenant de pays où les conflits sont une réalité vivront ensemble pendant un mois et chercheront à accepter l’identité de l’autre
Un échange élaboré avec les communautés juive et musulmane de Genève.Dès l’an prochain, l’Institut œcuménique de Bossey, près de Genève, inaugurera un cours d’été très spécial, puisqu’il réunira dix chrétiens, dix juifs et dix musulmans de pays en guerre. « Nous espérons accueillir des chrétiens de Palestine, des juifs d’Israël ou des musulmans d’Irak, à vrai dire des gens provenant de pays où les conflits sont une réalité », explique le père Ioan Sauca, directeur de l’Institut. Ce projet, lancé en collaboration avec la Fondation juive Racines et Sources, présidée par le Grand Rabbin de Genève Marc Raphaël Guedj, ainsi qu’Hafid Ouardiri, porte-parole de la Fondation culturelle islamique de Genève, renoue avec la vocation initiale de l’Institut, créé voici 60 ans pour être un lieu de guérison dans une Europe déchirée par la guerre. Les deux communautés musulmanes et juives genevoises participeront au recrutement des candidats.

Ce cours, intitulé « Bâtir ensemble une communauté interreligieuse », vise à faire vivre ensemble au quotidien chrétiens, musulmans et juifs qui partageront moments de spiritualité, étude des Ecritures, conférences et tables rondes. « L’idée n’est pas de faire un cours de théologie comparée, ni d’examiner quelle religion est la meilleure. Il s’agit de se demander dans quelle mesure notre identité chrétienne est prête à accepter l’identité de l’autre, qu’elle soit juive ou musulmane. Que peut-on faire, en tant que croyants, pour répondre en commun aux défis de notre temps ? Le but de cette réflexion théologique est que les gens se comprennent mieux les uns les autres », poursuit le directeur de l’Institut, qui a effectué la promotion de ce projet auprès de 5000 intéressés.

L’Institut œcuménique de Bossey, qui dépend du Conseil œcuménique des Eglises (COE), a d’autres idées pour l’avenir. Il aimerait faire de sa chapelle un « laboratoire de spiritualité œcuménique », en invitant chaque soir deux sœurs de la communauté de Grandchamp, créée par des femmes réformées de Suisse romande ayant adopté la règle et l’office monastique œcuménique de Taizé, deux sœurs catholiques et deux orthodoxes. Ces personnes prépareraient une méditation sur la base de textes issus de diverses traditions, à l’intention des étudiants de Bossey mais aussi de la communauté chrétienne des environs. Le second projet vise à créer un espace de culture biologique au sein des 23 hectares de jardins de l’Institut. « Un spécialiste des cultures de légumes biologiques apprendra à nos étudiants à prendre soin de la Création sur un plan pratique. De retour dans leurs pays, ils pourront enseigner aux fidèles à promouvoir la culture biologique, comme prolongement de notre spiritualité », explique le père Sauca.

« Nous ne pouvons plus accueillir tout le monde et devons désormais trier les 45 étudiants hébergés en permanence à Bossey » : victime de son succès, l’Institut a renforcé l’aspect académique de son enseignement en collaborant avec la Faculté de théologie de Genève et en s’ouvrant aux Eglises évangéliques, charismatiques ou pentecôtistes non membres du COE, parfois même opposées au mouvement œcuménique. Si certains étudiants de l'Institut ont déjà des responsabilités dans leur Eglise où ils occupent des postes de professeurs de théologie, évêques ou responsables de l’œcuménisme, près de la moitié ne sont pas des théologiens professionnels mais de simples laïcs. Bossey leur offre depuis fin avril cinq nouveaux professeurs ainsi qu’un professeur invité (cette année, Konrad Reiser, ancien secrétaire général du COE). « Nous aimerions accueillir davantage de femmes. Qu’elles soient catholiques, protestantes ou orthodoxes, les Eglises ont de la peine à assurer l’égalité des sexes parmi nos étudiants, regrette le Directeur de l’Institut.