Malgré la baisse des demandes d’asile, l’aumônerie auprès des requérants aura plus de travail

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Malgré la baisse des demandes d’asile, l’aumônerie auprès des requérants aura plus de travail

2 novembre 2006
Le Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) a évalué l’aumônerie pour les requérants d’asile dans les centres d’enregistrement de Vallorbe, Bâle, Kreuzlingen et Chiasso
La prolongation du séjour de 30 à 60 jours dans les centres exige davantage de moyens financiers et humains, constatent les aumôniers.Le nombre des nouvelles demandes d’asile a beau diminuer en Suisse (de 20'000 jusqu’en 2003, elles ont passé à 14'248 en 2004 et 10'000 en 2005), la charge de travail des aumôniers actifs dans les centres d’enregistrement et de procédure ne diminue pas. Une évaluation de l’aumônerie auprès des requérants d’asile dans les centres de Vallorbe, Bâle, Kreuzlingen et Chiasso, effectuée sur mandat de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), montre qu’une contribution annuelle de 200'000 francs sera nécessaire pour financer ce service de 2007 à 2010. Cette demande a été acceptée par l’assemblée des délégués de la FEPS les 6 et 7 novembre, à Berne.

Depuis le premier avril 2006, le nouvel article 16, II de l’ordonnance sur l’asile prévoit que la durée maximale de séjour dans les centres (y compris les zones de transit des aéroports) peut être augmentée de 30 à 60 jours. « Par conséquent, la durée d’hébergement dure aujourd’hui facilement plus d’un mois. Le but est de régler le maximum de procédures dans les centres», explique Hélène Küng, aumônière protestante au Centre d’enregistrement des requérants d’asile de Vallorbe. Désormais, 80% des auditions doivent y avoir lieu et deux-tiers des décisions y sont prises. « Mais les conditions de vie dans les centres sont inadaptées à une telle durée de séjour. Il n’y a aucune intimité, ni aucune occupation prévue ; ce qui était supportable quinze jours est difficile à tolérer plus d’un mois vu le déracinement », poursuit Hélène Küng, confrontée à l’augmentation du travail de l’aumônerie. « L’évolution de la procédure fait que nous recevons beaucoup plus de demandes d’aide ». Les capacités de ces centres sont bien exploitées, puisqu’au premier semestre 2006, 954 personnes avaient été accueillies à Vallorbe, 1057 à Bâle, 943 à Kreuzlingen et 822 à Chiasso. Les demandes peuvent également être adressées aux aéroports de Genève (13) et Zurich (115), tandis que 342 demandeurs devaient se rendre au centre de transit d’Altstätten (SG), lorsque les autres lieux d’accueil sont pleins.

A quand un imam ?

« Nous avons demandé l’introduction de projets d’utilité publique, également pour changer le regard de la population de Vallorbe sur cette population contrainte à l’inactivité », indique l’aumônière. Ces projets sont déjà une réalité à Chiasso, où ils sont proposés par la commune et où ils contribuent à éviter frustrations et conflits. « Dans une certaine mesure, l’engagement d’un imam serait souhaitable, car près de 30% des requérants d’asile sont musulmans. Nous en avons déjà fait la demande, mais l’accord réglant les tâches des aumôniers et leur admission, conclu entre les églises catholiques, protestantes et la Fédération suisse des communautés israélites (SIG) ainsi que l’Office fédéral des Migrations, n’est pour l’heure pas extensible. En effet, il n’existe pas de porte-parole officiel unique de la communauté musulmane. En outre, nous travaillons dans un esprit œcuménique ; chaque aumônier ne devrait pas se limiter aux ressortissants de sa religion », motive Hélène Küng.

La répartition solidaire des charges, au terme de laquelle 220'000 francs sont à charge des Eglises locales hébergeant des centres et 220'000 financés par les Eglises membres de la FEPS, devra être maintenue, vu le rôle important assumé par les aumôniers dans les centres. Les contributions des Eglises membres devront être adaptées au renchérissement. En outre, la FEPS attend, du côté catholique, une participation équivalente à l’aumônerie dans les centres, puisqu’elle ne participe aujourd’hui pas à l’aumônerie d’Altstätten ou ne rémunère pas ses aumôniers à Kreuzlingen.