Pour Susan Palmer, les Raëliens qui adorent les extraterrestres sont liés par une vraie religion

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Pour Susan Palmer, les Raëliens qui adorent les extraterrestres sont liés par une vraie religion

11 décembre 2006
Ce professeur en sciences religieuses au Dawson College de Montréal était l’invitée, ce week-end, de l’Observatoire des religions en Suisse
Elle cite les critères qui lui font qualifier le mouvement raëlien de « nouvelle religion ».Adorer les extraterrestres et se limiter à une vision matérialiste du monde suffit-il pour ôter au mouvement raëlien tout caractère de religion ? Susan Palmer, professeur en sciences religieuses au Dawson College de Montréal et professeur associée à l’Université de Concordia, le conteste. Elle était cette fin de semaine l’invitée de l’Observatoire des religions en Suisse. A l’Université de Lausanne, elle a expliqué pourquoi le mouvement raëlien pouvait prétendre au statut de « nouvelle religion, différente des Eglises traditionnelles ».

Savoir si les adeptes de Raël célèbrent une véritable religion, alors que leur but est d’assurer les premiers contacts et d’établir de bonnes relations avec les extraterrestres, est une question controversée. En Suisse, dans une décision du 20 septembre 2005, le Tribunal fédéral ne l’a prudemment pas tranchée. Il n’était pas nécessaire d’examiner si les raëliens pouvaient se prévaloir de la liberté religieuse, comme l’affirmaient le Département de la gestion du territoire, puis le Tribunal administratif neuchâtelois, ou s’ils ne le pouvaient pas, comme le soutenait la Ville de Neuchâtel. En effet, l’association « Religion raëlienne en Suisse » pouvait invoquer la liberté d’exprimer ses idées, mais non par la voie de l’affichage public. Le mouvement raëlien a-t-il été reconnu comme véritable religion à l’étranger ?Susan Palmer : « En 1995, l’Eglise raëlienne a été reconnue comme étant une véritable religion par le percepteur de la région du Québec. La question s’est alors posée au Canada sur le plan fédéral, et là, le percepteur a répondu que « leur Dieu ne répondait pas aux standards de la loi d’imposition ». Cette loi demandait une dimension spirituelle, un rapport de transcendance qui manque aux raëliens. Pour ce mouvement, l’humanité n’a pas d’âme ; tout est matérialiste, puisque Raël affirme : « Notre religion est la science ». A mon avis, dans une perspective sociologique, on peut affirmer qu’il s’agit d’une nouvelle religion, très différente d’une Eglise traditionnelle. Ce mouvement est préoccupé par le sens et les valeurs de la vie et défend une vision propre sur les origines de l’humanité et sa raison d’être. L’être humain aurait été fabriqué par les extraterrestres, et les miracles de la Bible seraient l’effet de la technologie supérieure dont ils disposent. La dimension expérientielle de la religion se retrouve chez les raëliens, car ils ont substitué la télépathie et la fusion sensuelle avec l’univers à l’existence de l’âme. Il y a aussi la présence de thèmes apocalyptiques, comme le retour des prophètes, en 2035, qui ramènera Jésus, Mahomet, Bouddha et tous les 39 prophètes en OVNI (Raël est le 40ème !), prêts à livrer leur savoir, si l’humanité abandonne les guerres entre nations et la menace nucléaire. Aux Etats-Unis, par exemple, le mouvement a acquis le statut de religion et est exempté d’impôts. »Quelle est l’importance du mouvement sur le plan international ?« Les raëliens sont présents principalement en France, pays d’origine de Claude Vorilhon dit Raël, en Belgique, au Québec où il a trouvé une société libre et peu soucieuse de contrôler les nouvelles religions, mais non dans les autres provinces canadiennes. Le mouvement existe aussi en Suisse, en Floride, à Las Vegas, en Amérique du Sud. Il déclare un nombre d’adeptes (65'000) sans doute exagéré. Ce chiffre est toutefois basé sur les cotisations versées, or il est possible d’être initié et de rester inactif. »Quel rôle joue le clonage humain dans cette religion ?« C’est une fantaisie apocalyptique ! Les raëliens n’ont pas d’enfants, car ils préfèrent le clonage à la reproduction. Si nous, humains, pouvons créer la vie, nous devenons les égaux des extraterrestres. C’est un élément important de la mythologie de Raël, au sujet duquel il ne produit aucune preuve. Il demande à la population d’y croire sans autres, sans soumettre ses résultats publiquement à la critique ».