Jean-Marc Savary, premier aumônier de l’armée payé par la Confédération : « pour moitié, notre rôle consiste à débloquer des situations civiles »
19 avril 2007
Endettement des jeunes, charge de familles très lourdes en dépit de leur jeunesse, souffrances familiales : le Vaudois Jean-Marc Savary sera, dès le 1er juillet, le premier pasteur payé par la Suisse pour exercer la charge de capitaine aumônier à mi-temps
« Qu’on ne compte pas sur moi pour bénir des canons. L’aumônier militaire d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui des gravures du XIXème siècle qui prêche « Gott mit uns ». En tant que seul gradé à pouvoir être contacté directement par les soldats, sans passer par la voie hiérarchique, il représente une soupape dans un cadre exigeant, une personne vers qui l’on peut aller sans craindre de répercussions de la part des cadres de l’armée » : le Vaudois Jean-Marc Savary, 38 ans, a le contact facile de celui qui côtoie souvent adolescents et jeunes adultes. Actuellement aumônier de jeunesse et solidarité au sein de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), il sera, dès le premier juillet prochain, le premier aumônier de l’armée suisse payé par la Confédération. Ce mi-temps, il le pratiquera en itinérance sur les sept places d’armes dont il aura la charge, pouvant intervenir en cas de besoin dans une dizaine d’autres lieux géographiques.
Jusqu’alors, les aumôniers militaires étaient un service de milice en Suisse ; on en compte environ 300 pour une armée de 210'000 hommes. Seuls les pasteurs et prêtres titulaires d’un diplôme universitaire, incorporés dans l’armée et recommandés par leur Eglise pouvaient, après une école d’aumôniers de trois semaine, effectuer ainsi leur service militaire. Chaque aumônier d'école se voit confier une place d’armes, ce qui représente 20 à 30 jours de service. « Plusieurs raisons ont poussé l’armée à engager une personne à mi-temps : toujours plus d’ecclésiastiques non recrutables car trop âgés (les soldats finissant leur service militaire à 34 ans en moyenne), de femmes pasteurs n’effectuant pas de service militaire, ajouté au manque croissant de prêtres font que « certains besoins n’étaient plus couverts ; en particulier pour les quelque 20'000 hommes qui entrent chaque année en école de recrues, un des endroits où le besoin d’aumôniers se fait le plus sentir, car la vie militaire est souvent un choc pour un jeune», explique Jean-Marc Savary. En outre, la centralisation des formations fait que certaines places d’armes ne sont plus desservies par un aumônier francophone.
Avant de devenir pasteur, Jean-Marc Savary a été simple soldat durant dix ans. « J’ai vu les deux côtés de la machine, et je trouve que l’armée évolue dans le bon sens », confie-t-il. Aux militaires qui le provoquent en disant que l’Eglise se compromet dans cet univers, il répond simplement : « je suis là parce que vous êtes là ». Tout aumônier reçoit automatiquement le grade de capitaine, « parce que la loi militaire en fait une condition pour recevoir les testaments oraux en cas de guerre. Et en cas de paix, c’est très pratique, puisque nous sommes au niveau du commandant de compagnie. Nous n’avons donc pas besoin de justifier chacun de nos actes et les cadres peuvent venir nous trouver comme des pairs ». Essentiel à ses yeux sont « les beaux moments que je vis avec ces jeunes, qui permettent de débloquer des problèmes. Pour moitié, ils ont un caractère civil ». A côté des soucis dus à la vie militaire (difficultés avec l’exigence de la discipline militaire, les congés, le port d’armes, l’envie d’accomplir un service civil), « je constate un fossé grandissant entre le confort dont ces jeunes bénéficient dans leurs vies personnelles et celui de la vie militaire. Mais l’armée fait aussi sortir des problèmes longtemps enfouis, parce qu’ils ne peuvent plus être fuis dans l’alcool, ou que le milieu familial n’est plus là pour les cacher. Certains jeunes sont chargés de famille à vingt ans et il faut prendre des mesures pour que le foyer ne s’effondre pas durant leur absence ; d’autres connaissent un endettement phénoménal, parce qu’ils n’ont pas appris à gérer un budget ; parfois, c’est l’occasion de mettre des mots sur des souffrances endurées depuis très longtemps sur le plan familial et leur permettre d’envisager d’autres solutions. Ma satisfaction, c’est de voir que souvent, ils sortent de l’armée en meilleur état qu’ils n’y sont entrés ». Le relais peut alors être pris par des services sociaux ou des psychologues. A terme, l’armée envisage d’engager d’autres aumôniers alémaniques payés par la Confédération.
Jusqu’alors, les aumôniers militaires étaient un service de milice en Suisse ; on en compte environ 300 pour une armée de 210'000 hommes. Seuls les pasteurs et prêtres titulaires d’un diplôme universitaire, incorporés dans l’armée et recommandés par leur Eglise pouvaient, après une école d’aumôniers de trois semaine, effectuer ainsi leur service militaire. Chaque aumônier d'école se voit confier une place d’armes, ce qui représente 20 à 30 jours de service. « Plusieurs raisons ont poussé l’armée à engager une personne à mi-temps : toujours plus d’ecclésiastiques non recrutables car trop âgés (les soldats finissant leur service militaire à 34 ans en moyenne), de femmes pasteurs n’effectuant pas de service militaire, ajouté au manque croissant de prêtres font que « certains besoins n’étaient plus couverts ; en particulier pour les quelque 20'000 hommes qui entrent chaque année en école de recrues, un des endroits où le besoin d’aumôniers se fait le plus sentir, car la vie militaire est souvent un choc pour un jeune», explique Jean-Marc Savary. En outre, la centralisation des formations fait que certaines places d’armes ne sont plus desservies par un aumônier francophone.
Avant de devenir pasteur, Jean-Marc Savary a été simple soldat durant dix ans. « J’ai vu les deux côtés de la machine, et je trouve que l’armée évolue dans le bon sens », confie-t-il. Aux militaires qui le provoquent en disant que l’Eglise se compromet dans cet univers, il répond simplement : « je suis là parce que vous êtes là ». Tout aumônier reçoit automatiquement le grade de capitaine, « parce que la loi militaire en fait une condition pour recevoir les testaments oraux en cas de guerre. Et en cas de paix, c’est très pratique, puisque nous sommes au niveau du commandant de compagnie. Nous n’avons donc pas besoin de justifier chacun de nos actes et les cadres peuvent venir nous trouver comme des pairs ». Essentiel à ses yeux sont « les beaux moments que je vis avec ces jeunes, qui permettent de débloquer des problèmes. Pour moitié, ils ont un caractère civil ». A côté des soucis dus à la vie militaire (difficultés avec l’exigence de la discipline militaire, les congés, le port d’armes, l’envie d’accomplir un service civil), « je constate un fossé grandissant entre le confort dont ces jeunes bénéficient dans leurs vies personnelles et celui de la vie militaire. Mais l’armée fait aussi sortir des problèmes longtemps enfouis, parce qu’ils ne peuvent plus être fuis dans l’alcool, ou que le milieu familial n’est plus là pour les cacher. Certains jeunes sont chargés de famille à vingt ans et il faut prendre des mesures pour que le foyer ne s’effondre pas durant leur absence ; d’autres connaissent un endettement phénoménal, parce qu’ils n’ont pas appris à gérer un budget ; parfois, c’est l’occasion de mettre des mots sur des souffrances endurées depuis très longtemps sur le plan familial et leur permettre d’envisager d’autres solutions. Ma satisfaction, c’est de voir que souvent, ils sortent de l’armée en meilleur état qu’ils n’y sont entrés ». Le relais peut alors être pris par des services sociaux ou des psychologues. A terme, l’armée envisage d’engager d’autres aumôniers alémaniques payés par la Confédération.