Yverdon : défenseur des ouvriers, le pasteur Pierre Coigny n’est plus
20 avril 2007
C’est une figure yverdonnoise que la population de la région a tenu à saluer, vendredi, lors de la cérémonie d’adieu qui s’est déroulée au temple d’Yverdon-les-Bains
Disparu mardi à l’âge de 88 ans, le pasteur Pierre Coigny, un homme « très cultivé, issu d’une vieille famille veveysanne, n’était pas un homme qui se montait le col. Devenu pasteur du quartier des Cygnes, un quartier d’Yverdon presqu’exclusivement ouvrier à l’époque, il a beaucoup œuvré à améliorer le statut des travailleurs des grandes fabriques Paillard, qui dès cinquante ans ne parvenaient plus à tenir les cadences du travail à la chaîne », se souvient celui qui fut son collègue dans cette ville de 1954 à 1966, le pasteur André Savary. Arrivé en 1949 à Yverdon, le pasteur Coigny avait été auparavant en charge de la paroisse d'Agiez, laissant le souvenir d'un ministre disponible, exigeant et rigoureux. Membre du synode de l'Eglise vaudoise durant de longues années, Pierre Coigny a été l'un des artisans de la fusion des Eglises libre et nationale: il entendait par là défendre une certaine idée de l'unité de l'Eglise mais aussi de la place de l'Eglise réformée dans la société vaudoise. A Yverdon, « Nous avons écouté les plaintes des ouvriers des usines Paillard et profité de manifestations locales pour en parler », poursuit André Savary : le pasteur Coigny avait notamment signé un discours critique à ce sujet à l’occasion du premier août, si incisif que la direction libérale du Journal d’Yverdon avait refusé de le publier. Peu à peu, cependant, la direction des usines Paillard se montra ouverte au dialogue, « m’attendant au bas de la chaire pour que nous puissions en discuter. Ils ont pris le problème au sérieux, à tel point que le chef du personnel m’invitait à visiter l’usine à chaque fois qu’ils introduisaient une innovation », se souvient-il. Très engagé dans la vie locale, le pasteur Coigny a présidé le Conseil de direction de l’hôpital, et, à titre de président du Comité directeur de l'hôpital de zone, a participé à la construction du nouvel hôpital du Nord vaudois. Il a été membre de la commission scolaire et s’est impliqué dans la restauration du château d’Yverdon-les-Bains ; il présidera l’association pour la restauration du château d’Yverdon-les-Bains de 1970 à 2003, « montrant une ouverture d’esprit et une capacité de dialogue qu’il faut saluer », relève l’historien Daniel de Raemy. Pierre Coigny se souciera également de la restauration de la chapelle des Cygnes. Cet homme qui « prenait ses responsabilités » ne s’est jamais marié ; pour rendre hommage à son engagement en faveur de la cité, la ville d’Yverdon l’avait nommé bourgeois d’honneur voici deux ans.