La « Déclaration de Fribourg » sur les droits culturels bénéficie de parrains compétents
7 mai 2007
Initiative contre les minarets, caricatures de Mahomet mettant les pays à feu et à sang : la diversité culturelle est une chance, mais aussi un risque de conflits lorsque certaines identités se sentent humiliées
Ce lundi est adoptée la Déclaration de Fribourg sur les droits culturels, un texte qui s’adresse à la fois à tous les Etats et à la société civile. Parmi les personnalités qui parrainent le lancement de cette initiative en faveur de la diversité culturelle, le sociologue français et théoricien des mouvements sociaux Alain Touraine, le spécialiste des droits de l’homme de l’université de Genève Giorgio Malinverni ou son homologue de l’université de Berne, le professeur Walter Kälin, élu au Comité des droits de l’homme de l’ONU en tant que premier représentant de la Suisse dans cette instance de contrôle. Pour Patrice Meyer-Bisch, responsable du Centre interdisciplinaire d’éthique et des droits de l’homme de l’Université de Fribourg, à l’origine de cette initiative, « la diversité culturelle est une valeur générale. Ce qui nous intéresse est le lien qu’elle a avec les personnes qui en bénéficient, afin de protéger ceux qui en sont les acteurs et les bénéficiaires ». Les droits culturels existent certes déjà, mais sont éparpillés dans la Déclaration des droits de l’homme et dans de nombreuses conventions des Nations Unies. Par exemple, la Convention de l’Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, entrée en vigueur en mars 2007, protège essentiellement l’industrie culturelle du disque et du cinéma. La protection de la diversité culturelle ne peut jamais contredire les droits de l’homme ; mais les cultures sont un matériau mouvant susceptible d’évolution, comme le montre un anthropologue mauritanien qui, après avoir interviewé un imam égyptien ne voyant aucun lien entre islam et excision et diffusé cet entretien, est parvenu à convaincre les imams locaux de lutter contre cette pratique barbare. La Déclaration de Fribourg est aussi soutenue par des acteurs locaux, tels l’Association des femmes chefs de famille de Mauritanie, « dont l’enthousiasme nous est précieux », souligne Patrice Meyer-Bisch. Ce grand mouvement intellectuel veut clarifier et protéger huit droits, parmi lesquels le droit au libre-choix et au respect de son identité culturelle ; le droit de connaître et de voir respectée sa propre culture au sein de la diversité, le droit au patrimoine culturel, le droit de participer ou de ne pas participer à une ou plusieurs communautés culturelles ; le droit de participer à la vie culturelle ; le droit à l’éducation et à la formation ; le droit à une information libre et pluraliste et le droit à la coopération culturelle. La Déclaration souligne que « chaque droit est aussi une responsabilité ». Elle est disponible en ligne à l’adresse www.unifr.ch/iiedh.