Livre : « Le chameau dans la neige et autres récits de migrations » Des exilés disent le sentiment d’étrangeté qui les habite
8 mai 2007
Entre témoignages et texte littéraires, les seize récits de migration réunis dans le recueil qui vient de paraître aux Editions d’En Bas évoquent avec pudeur et parfois humour, le parcours de ceux qui, exilés dans notre pays, marchent « sur un fil suspendu entre deux mondes »
Ils sont retournés à la case départ : des femmes, des hommes, des enfants ont quitté leur pays, leur famille, leurs amis, leur langue aussi, fuyant la guerre, la misère, la répression ou l’absence d’avenir. Arrivés en Suisse, ils ont appris peu à peu à être d’ici, ont cherché à se fondre dans le paysage, sans perdre ce qui fonde leur identité ni renier la culture qui les habite.
Venus d’ailleurs ou exilés de l’intérieur, - un Grison qui se retrouve en Suisse alémanique ressent aussi un sentiment d’étrangeté -, ils évoquent leur parcours, à travers les mots, neufs pour eux, de la langue du pays d’accueil, à l’invitation du concours d’écriture Encrages lancés par le Pour cent culturel Migros, l’Académie Suisse pour le Développement et les Editions d’En Bas.
Les récits sélectionnés parmi les 287 textes reçus font entendre la voix d’étrangers qui cherchent à s’ancrer ici, mais sont tiraillés entre la nostalgie du pays quitté et l’élan d’une vie nouvelle. Parmi les auteurs des textes choisis, un pharmacien d’origine albanaise, une ouvrière bulgare,une journaliste d’origine polonaise, un médiateur bénévole de l’aide zurichoise contre le SIDA, d’origine africaine, une Roumaine émigrée en Suisse à l’adolescence, devenue animatrice de radio, dont l’accent latin chaleureux est une coquetterie identitaire, une émigrée italienne de la première heure, un ancien ressortissant du Burundi, actuellement conseiller juridique au Centre Contact Suisses-Immigrés/SOS Racisme à Fribourg, aujourd’hui engagé dans la vie politique suisse en tant de conseiller communal, un migrant du Sud du Sahara, qui a fui la guerre et qui connaît de l’intérieur le cauchemar de tous les déboutés du monde partis sur des rafiots de fortune.
Les auteurs racontent des souvenirs réels, mais aussi des histoires inventées, métaphores de leur vécu. Ils font allusion à un passé traumatisant, - le génocide rwandais par exemple ou la dictature des pays de l’est -, sans colère ni ressentiment. Ils tournent en dérision les expériences amères des débuts en terre helvétique et ne jettent la pierre à personne. Le désarroi des débuts a fait place au rire.Réussir un parcours sans faute Le lecteur réalise les efforts entrepris par les conteurs pour s’aligner, gommer leurs différences, réussir un parcours sans faute, s’attacher au pays d’accueil, en dépit de la méfiance ambiante, voire l’hostilité de l’entourage. La langue de l’exil dans laquelle ils s’expriment est celle des générations montantes, qui porteront leurs souvenirs et la mémoire de leurs tribulations et construiront la société pluriculturelle de demain. Ce qui explique sans doute que les récits surprennent par leur ton lisse et peu spontané. Les initiateurs du concours ont demandé aux immigrés de concevoir des textes littéraires, non pas de livrer une parole brute ou un cri. Il leur a donc fallu parler de leurs galères en y mettant un bémol. Mais dans chaque texte, on lit en filigrane d’anciennes douleurs, le bonheur d’être en vie, cette humanité qu’ils nous offrent en partage.Le chameau dans la niege et autres récits de migrations, éditions d’En Bas, pour cent culturel Migros, mai 2007.
Venus d’ailleurs ou exilés de l’intérieur, - un Grison qui se retrouve en Suisse alémanique ressent aussi un sentiment d’étrangeté -, ils évoquent leur parcours, à travers les mots, neufs pour eux, de la langue du pays d’accueil, à l’invitation du concours d’écriture Encrages lancés par le Pour cent culturel Migros, l’Académie Suisse pour le Développement et les Editions d’En Bas.
Les récits sélectionnés parmi les 287 textes reçus font entendre la voix d’étrangers qui cherchent à s’ancrer ici, mais sont tiraillés entre la nostalgie du pays quitté et l’élan d’une vie nouvelle. Parmi les auteurs des textes choisis, un pharmacien d’origine albanaise, une ouvrière bulgare,une journaliste d’origine polonaise, un médiateur bénévole de l’aide zurichoise contre le SIDA, d’origine africaine, une Roumaine émigrée en Suisse à l’adolescence, devenue animatrice de radio, dont l’accent latin chaleureux est une coquetterie identitaire, une émigrée italienne de la première heure, un ancien ressortissant du Burundi, actuellement conseiller juridique au Centre Contact Suisses-Immigrés/SOS Racisme à Fribourg, aujourd’hui engagé dans la vie politique suisse en tant de conseiller communal, un migrant du Sud du Sahara, qui a fui la guerre et qui connaît de l’intérieur le cauchemar de tous les déboutés du monde partis sur des rafiots de fortune.
Les auteurs racontent des souvenirs réels, mais aussi des histoires inventées, métaphores de leur vécu. Ils font allusion à un passé traumatisant, - le génocide rwandais par exemple ou la dictature des pays de l’est -, sans colère ni ressentiment. Ils tournent en dérision les expériences amères des débuts en terre helvétique et ne jettent la pierre à personne. Le désarroi des débuts a fait place au rire.Réussir un parcours sans faute Le lecteur réalise les efforts entrepris par les conteurs pour s’aligner, gommer leurs différences, réussir un parcours sans faute, s’attacher au pays d’accueil, en dépit de la méfiance ambiante, voire l’hostilité de l’entourage. La langue de l’exil dans laquelle ils s’expriment est celle des générations montantes, qui porteront leurs souvenirs et la mémoire de leurs tribulations et construiront la société pluriculturelle de demain. Ce qui explique sans doute que les récits surprennent par leur ton lisse et peu spontané. Les initiateurs du concours ont demandé aux immigrés de concevoir des textes littéraires, non pas de livrer une parole brute ou un cri. Il leur a donc fallu parler de leurs galères en y mettant un bémol. Mais dans chaque texte, on lit en filigrane d’anciennes douleurs, le bonheur d’être en vie, cette humanité qu’ils nous offrent en partage.Le chameau dans la niege et autres récits de migrations, éditions d’En Bas, pour cent culturel Migros, mai 2007.