Le théologien Hans Küng hier à La Grange de Dorigny près de Lausanne : « La conviction est dangereuse sans une éthique de la responsabilité "
24 mai 2007
« Je suis resté suisse, en signe d’indépendance, et je n’ai pas quitté l’Eglise catholique, quand bien même je suis en opposition loyale avec sa Sainteté Benoît XVl, que j’ai bien connu, alors qu’on enseignait tous les deux à Tübingen »
Telles sont les précisions que le théologien Hans Küng, né à Sursee (LU), a tenu à donner hier à Lausanne aux étudiants venus s’entretenir avec lui, après la remise des prix du concours lancé dans les écoles romandes par la Fondation Ethique Planétaire Suisse. L’éthique planétaire est devenue l’affaire de sa vie : Hans Küng y consacre toutes ses forces depuis 1993, date à laquelle il a lancé à Chicago, la Déclaration pour une éthique planétaire qui pose les bases d’un Parlement des religions du monde, pour développer et renforcer la coopération entre les religions, au delà d'une reconnaissance des valeurs communes. Son engagement lui a valu le Prix Niwano de la paix en 2005. La même année, la Fondation Ethique planétaire voit le jour, grâce aux fonds considérables engagés par le comte Karl Konrad von der Groeben, enthousiasmé par le projet de Hans Küng.
Réunis à la Grange de Dorigny, une brochette d'étudiants de religions et de confessions différentes ont posé des questions à Hans Küng sur sa conception de l'éthique planétaire. La première question a été posée par une jeune étudiante musulmane:Comment concevoir une éthique planétaire à partir des enseignements et des convictions des différentes religions ?Hans Küng : Il est des constantes et des convergences dans les différents textes sacrés et les différentes visions du divin. Par exemple, tous parlent de l’amour de l’autre. Tous adhèrent au principe : « Ne fais pas à autrui ce que tu n’as pas envie qu’il te fasse ». Les différentes religions reconnaissent à chaque être humain le droit d'être traité dignement. L’éthique de l’homme est aussi ancienne que l’humanité. Comment gérer les tensions entre conviction, désir de partager sa vérité et pluralité des croyances ? Comment concilier l’idée d’évangélisation et pluralité ?HK : « Jésus a dit : "Je suis le chemin, la vérité et la vie", ce que je crois, pour ma part, moi, en tant que chrétien. Dans la discussion, je me situe toujours à partir de là, je ne suis pas un homme neutre. Mais je ne cherche pas à imposer ce qui est pour moi la vérité, je cherche au contraire à m'ouvrir aux autres, je n’ai aucun droit de dire que les autres n’ont pas la vérité. Je respecte le chemin de l’autre. J’aime citer l’auteur suisse Gottfried Keller qui dit: " Honore la patrie mais aime la tienne ». La notion de mission a très mauvaise presse aujourd’hui, parce qu’elle a été liée à la colonisation et à l’impérialisme européen. Beaucoup de chrétiens préfèrent aujourd’hui parler de témoignage. La tolérance est nécessaire et indispensable. La conviction peut être dangereuse si la responsabilité manque. Une conviction sans responsabilité, dont on n'imagine pas les conséquences dans la vie réelle, peut être mortelle. On ne peut pas défendre un principe sans étudier la situation concrète dans laquelle il s’inscrit. L’éthique de responsabilité est capitale. Chaque religion est en permanence dans un processus d’humanisation qui la fait évoluer.Pourquoi parlez-vous d’éthique « planétaire « ? Parce qu’elle englobe l’humanité tout entière,c'est-à-dire aussi l’environnement, le respect de la vie des animaux et des plantes, qu’elle entraîne un engagement en faveur d’une culture de la solidarité et d’un ordre économique juste, qu’elle prône une culture de l’égalité des droits et du partenariat entre les sexes, qu’elle veut favoriser l’entente entre les peuples et la confiance entre les différentes religions.
Réunis à la Grange de Dorigny, une brochette d'étudiants de religions et de confessions différentes ont posé des questions à Hans Küng sur sa conception de l'éthique planétaire. La première question a été posée par une jeune étudiante musulmane:Comment concevoir une éthique planétaire à partir des enseignements et des convictions des différentes religions ?Hans Küng : Il est des constantes et des convergences dans les différents textes sacrés et les différentes visions du divin. Par exemple, tous parlent de l’amour de l’autre. Tous adhèrent au principe : « Ne fais pas à autrui ce que tu n’as pas envie qu’il te fasse ». Les différentes religions reconnaissent à chaque être humain le droit d'être traité dignement. L’éthique de l’homme est aussi ancienne que l’humanité. Comment gérer les tensions entre conviction, désir de partager sa vérité et pluralité des croyances ? Comment concilier l’idée d’évangélisation et pluralité ?HK : « Jésus a dit : "Je suis le chemin, la vérité et la vie", ce que je crois, pour ma part, moi, en tant que chrétien. Dans la discussion, je me situe toujours à partir de là, je ne suis pas un homme neutre. Mais je ne cherche pas à imposer ce qui est pour moi la vérité, je cherche au contraire à m'ouvrir aux autres, je n’ai aucun droit de dire que les autres n’ont pas la vérité. Je respecte le chemin de l’autre. J’aime citer l’auteur suisse Gottfried Keller qui dit: " Honore la patrie mais aime la tienne ». La notion de mission a très mauvaise presse aujourd’hui, parce qu’elle a été liée à la colonisation et à l’impérialisme européen. Beaucoup de chrétiens préfèrent aujourd’hui parler de témoignage. La tolérance est nécessaire et indispensable. La conviction peut être dangereuse si la responsabilité manque. Une conviction sans responsabilité, dont on n'imagine pas les conséquences dans la vie réelle, peut être mortelle. On ne peut pas défendre un principe sans étudier la situation concrète dans laquelle il s’inscrit. L’éthique de responsabilité est capitale. Chaque religion est en permanence dans un processus d’humanisation qui la fait évoluer.Pourquoi parlez-vous d’éthique « planétaire « ? Parce qu’elle englobe l’humanité tout entière,c'est-à-dire aussi l’environnement, le respect de la vie des animaux et des plantes, qu’elle entraîne un engagement en faveur d’une culture de la solidarité et d’un ordre économique juste, qu’elle prône une culture de l’égalité des droits et du partenariat entre les sexes, qu’elle veut favoriser l’entente entre les peuples et la confiance entre les différentes religions.