Andreas Zeller, nouveau président du Conseil synodal des Eglises réformées Berne-Jura-Soleure : « rester une Eglise ouverte et vivante »

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Andreas Zeller, nouveau président du Conseil synodal des Eglises réformées Berne-Jura-Soleure : « rester une Eglise ouverte et vivante »

29 mai 2007
Il remplacera au premier octobre 2007 Samuel Lutz à la tête de l’Union synodale réformée la plus importante de Suisse
Portrait.

Elu mardi président du Conseil synodal des Eglises réformées Berne-Jura-Soleure (exécutif), le pasteur et Docteur en théologie Andreas Zeller, 52 ans, connaît de l’intérieur l’Union synodale qu’il est appelé à diriger, puisqu’il est chef du département théologie depuis 2003 et membre de cet exécutif depuis bientôt huit ans. « Je suis satisfait, bien qu’un peu fatigué par une campagne qui a duré longtemps et qui fut assez inhabituelle », commente le nouvel élu. A double titre : l’un des candidats, le pasteur et théologien Gottfried Locher, vice-président de l’Alliance réformée mondiale (ARM) et directeur de l'Institut des études œcuméniques de l'Université de Fribourg, a été soutenu durant la campagne par divers courriers adressés aux quotidiens de la place, un lobbysme qui ne lui a pas porté chance. Dès le premier tour, cet esprit brillant ne récoltait que 42 suffrages et se voyait distancé par le pasteur de Bienne Lucien Boder, qui réalisait un score inattendu en emportant 70 voix, alors qu'Andreas Zeller était déjà en tête avec 74 voix. Au second tour, le candidat de la fraction jurassienne se voyait toutefois distancé, et Andreas Zeller, élu avec 85 voix sur 186, parvenait à convaincre certains partisans de Lucien Boder (64 voix, contre 37 pour Locher) à changer d’avis. « Bien sûr, je suis un peu déçu », commentait le vaincu, qui s’est fait connaître en Suisse romande en s’engageant pour les ouvriers grévistes de la Boillat. Il reconnaît toutefois que cette Eglise bilingue a pu redouter une présence trop forte des Romands à sa tête, le président du Synode, Cédric Némitz, faisant déjà partie de la minorité francophone. « C’est souvent comme cela que cela fonctionne dans la société en général : les idéalistes et les rêveurs ne sont pas souvent aux commandes », sourit-il, tout en excluant de se représenter à ce poste au terme de la législature. « Toutefois, la fonction de président du Conseil synodal oblige à une liberté surveillée, puisqu’il porte des idées qui ont été travaillées par tout le Conseil ». Dans ce cadre, Lucien Boder entend bien continuer à faire entendre sa voix.

« Les gens ont voté pour quelqu’un qui connaît bien l’appareil, ils m’ont fait confiance en raison de mon expérience et de ma volonté de prendre des décisions pour obtenir des résultats, tout en n’oubliant pas de consulter les intéressés », analyse Andreas Zeller. Sera-t-il à l’écoute des réformés Jurassiens, qui, en tant que minoritaires dans un pays catholique, connaissent des problèmes particuliers ? « Comme jeune pasteur, j’ai travaillé dans le canton de Fribourg où les catholiques représentaient plus de 80% de la population. Je peux donc comprendre leurs soucis. A Münsingen, ma paroisse est surtout habitée par des employés de la Confédération, et je n’ai donc pas eu à m’occuper de conflits aussi aigus que ceux de Lucien Boder a connus à Reconvillier. La Constitution de l’Eglise nous impose toutefois de prendre la parole lorsque des problèmes sociaux se posent. Je pense qu’il est bon que nous continuions à intervenir lors de votations ou de problèmes politiques, en fonction de ce que nous recommandent nos secteurs spécialisés. Mon plus grand souhait est que nous restions une Eglise ouverte et vivante, connue et appréciée, témoignant de la tolérance envers les idées et opinions théologiques différentes. J’espère parvenir à une plus grande collégialité du Conseil synodal, afin que les décisions ne se prennent pas à trois contre quatre, mais convainquent une plus grande majorité. Un bon président doit observer la société, sentir quels sont ses besoins et ce que veulent les pasteurs et les collaborateurs de l’Eglise ». Parmi ses points forts, le nouveau président désigne aussi l’œcuménisme : « Il faut savoir ce qui nous définit en tant que Réformés, puis connaître l’autre, qu’il s’agisse des Eglises libres ou des autres religions, pour savoir ce qui nous distingue. Avec les catholiques romains, nous entretenons deux fois par an des contacts étroits au niveau du vicaire en charge de la région et de ses collaborateurs. C’est ainsi à mon avis, grâce à des contacts étroits au niveau des paroisses, que l’on peut faire progresser cette cause ».