Une alliance d’Eglises, d’œuvres d’entraide, de protecteurs de la nature et de syndicats lancent un appel contre la pauvreté dans le monde

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Une alliance d’Eglises, d’œuvres d’entraide, de protecteurs de la nature et de syndicats lancent un appel contre la pauvreté dans le monde

31 mai 2007
Hier à Berne, plus de soixante organisations ont lancé la campagne « 0,7% - ensemble contre la pauvreté »
Une pétition regroupant des personnalités du monde politique, littéraire et artistique exige que la Suisse porte son aide au développement à 0,7% du produit national brut, contre 0,39% actuellement.En 2000, les gouvernements réunis lors de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ont adopté le catalogue des Objectifs du Millénaire, convenant ainsi d’un programme d’action mondial pour réduire la pauvreté et la faim dans le monde de moitié d’ici 2015. Des paroles aux actes, il existe encore une marge, constatent plus de 60 œuvres d’entraide et organisations, en dépit de l’adoption de la Déclaration du Millénaire par le Conseil fédéral. A l’origine de la campagne « 0,7% - ensemble contre la pauvreté », on trouve des œuvres proches des Eglises protestantes et catholiques, comme Pain pour le prochain, l’EPER, Action de Carême et Caritas. Mais d’autres partenaires ont des motivations plus spécifiques, comme la Fédération suisse des femmes protestantes et la Ligue suisse des femmes catholiques, qui relèvent que l’extrême pauvreté reste toujours et encore féminine (moindre accès des femmes aux médicaments rétroviraux permettant de traiter le sida, enseignement nul ou de moindre qualité que celui des garçons dans de nombreux pays, moindre participation au débat politique). Cette alliance inhabituelle unit encore des organisations de protection de la nature, comme Pro Natura, equiterre, Greenpeace et le WWF Suisse, à souhaiter que la part de la coopération suisse au développement soit portée à 0,7% du produit national brut (PNB). But ultime : renforcer le souci de l’environnement dans la coopération publique au développement pour éviter la dégradation croissante des ressources naturelles. Dernier partenaire de cette union, l’Union syndicale suisse, la plus grande organisation de travailleurs du pays, qui met sur pied, en partenariat avec l’œuvre suisse d’entraide ouvrière (OSEO), une campagne dirigée sur l’étranger : dans les pays les plus pauvres, elle soutient la formation de syndicats pour renforcer la participation des travailleurs, consolider la démocratie et obtenir un minimum de droits sociaux. Afin d’intensifier les actions en cours, l’USS souhaite également que l’objectif de consacrer 0,7% du PNB à la coopération au développement à partir de 2015 soit atteint.

Bastienne Joerchel, responsable du bureau romand d’Alliance Sud, la communauté de travail réunissant Swissaid, Pain pour le prochain, Action de Carême, Helvetas, Caritas et l'Eper, estime que la décision du Conseil fédéral de porter l’aide publique au développement de 0,34 à 0,4% du produit national brut est insuffisante. Pire : d’autres mesures décidées par l’exécutif fédéral, telle la volonté que l’ensemble des dépenses, à l’exception de la formation, n’augmentent pas de plus de 2% par année, risquent de réduire l’aide au développement à 0,37 du PNB en 2015. « Ces prochains mois, le Conseil fédéral devra clarifier sa position », exige-t-elle, car les deux grands crédits-cadres de la coopération au développement pour les années 2009-2012 seront débattus par le Parlement l’an prochain.

Au centre de la campagne, une pétition qui a déjà recueilli 328 signatures et qui peut être paraphée en ligne sur le site internet www.ensemblecontrelapauvreté.ch. Parmi les premiers signataires, des figures connues de la gauche bien sûr, comme l’ancienne conseillère aux Etats Yvette Jaggi, les Verts Daniel Brélaz, syndic de Lausanne et Fernand Cuche, conseiller d’Etat neuchâtelois, l’hôtelier de Brig Peter Bodenmann, le chanteur Michel Bühler ou le conseil administratif de la ville de Genève in copore. Une pléiade de journalistes prestigieux, comme l’ancien rédacteur en chef de la Liberté Roger de Diesbach, le créateur du Nouveau Quotidien Jacques Pilet, les hommes de télévision Jean-Philippe Rapp et Claude Torracinta, ou les dessinateurs de presse Patrick Chappatte et Raymond Bürki. Mais aussi diverses personnalités plus inattendues, telles l’ex-Miss Suisse Melanie Winiger, l’ex-Mister Suisse Renzo Blumenthal, l’architecte Mario Botta ou Anne Petitpierre, professeur de droit à l’université de Genève. La pétition exige du Parlement et du Conseil fédéral de d’augmenter progressivement l’aide publique au développement à 0,7% du produit national brut jusqu’en 2015, de s’engager davantage dans la réalisation des Objectifs du Millénaire, afin de réduire de moitié l’extrême pauvreté et les personnes souffrant de la faim dans le monde d’ici cette date, ainsi que de consacrer ces moyens supplémentaires à l’amélioration des conditions de vie des plus pauvres et des laissés-pour-compte.