Premier Festival protestant à Crêt-Bérard: La foule au rendez-vous pour rire et méditer
Rire et méditer, ça va très bien ensemble : à deux pas d’un espace de jeu où des enfants bondissent, à un jet de pierre d’une table ronde où Rosette Poletti fait salle comble, une foule silencieuse, que ne perturbent pas les bruits de la fête alentours, se recueille. Plus loin, on déguste des meringues à la double crème et des merveilles, des raclettes ou un plat exotique, servis par des paroissiens venus de toutes les régions du canton. 200 bénévoles assurent le bon déroulement du festival.
Des représentants des Eglises protestantes des autres cantons romands se sont joints à la fête, ainsi que des représentants du Réseau évangélique et de l’Eglise catholique. On discute, on écoute, on chante et on rit, jaune parfois, quand Pie Tshinbanda, un exilé congolais qui n’a pas sa langue dans sa poche, dit sur scène, avec ses grandes mains qui battent l’air, la dure réalité des demandeurs d’asile, confrontés à nos réticences et nos rejets d'Européens. Suivent ce soir-là, les facéties virtuoses des quatre musiciens du Quatuor, qui font une démonstration éblouissante de dialogue musical interreligieux, enchaînant chants grégoriens, musique Klemer, mélopées arabes, gospels et musique soufie des derviches tourneurs, et montrant, à leur façon, l’universalité de la musique spirituelle.
La veille, c’est Michel Boujenah qui a ouvert le festival avec son spectacle. « Un humoriste juif à un festival protestant, pourquoi ? », lui a demandé Darius Rochebin au journal télévisé du soir, peu avant que ne débute le F-Festival. « Parce que j’apprécie leur ouverture et leur curiosité ». La spontanéité du comédien a réjoui bien des participants à la fête, qui ont retrouvé le goût d’être ensemble, non pas pour pleurer sur la diminution du nombre des paroissiens ou sur le recul du christianisme, mais pour raviver leur envie de dire ce qui les fait vivre et inventer ensemble l’avenir de leur Eglise.
Dimanche, un culte sous le chapiteau, célébré par le pasteur François Bonzon, et animé par la fanfare de Gland, a été retransmis sur les ondes de la Radio Suisse Romande.