Les Eglises protestantes de Suisse et le Réseau évangélique expriment des demandes critiques concernant le dialogue avec les musulmans

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Les Eglises protestantes de Suisse et le Réseau évangélique expriment des demandes critiques concernant le dialogue avec les musulmans

18 juin 2007
A l’occasion de l’ouverture de l’Assemblée des délégués de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), qui se tient du 17 au 19 juin à Bâle, le pasteur Thomas Wipf, président du Conseil de la FEPS, a exprimé des demandes critiques concernant le dialogue avec les partenaires musulmans
Ainsi, la plate-forme nationale de dialogue qu’est le Conseil suisse des religions, que préside Thomas Wipf, fait l’objet d’une évaluation « prudemment positive » après un an d’existence seulement. Pour son président, il n’est pas certain que de tels forums de dialogue interreligieux aient encore de l’importance pour les partenaires musulmans s’ils ne servaient pas uniquement leurs propres intérêts. Le Conseil des religions a ainsi appris par la presse dominicale seulement l’existence de plans pour un grand centre musulman à Berne, et non par ses partenaires. Thomas Wipf a appelé à un dialogue transparent et à un travail commun pour garantir un avenir pacifique. De même que les Eglises chrétiennes sont prêtes à défendre les intérêts de leurs partenaires musulmans dans ce dialogue, elles en attendent une disponibilité réciproque. Reconnaissant que les personnes d’origine musulmane « constituent un grand enrichissement » pour notre pays, il a toutefois souligné l’existence de « valeurs et d'attitudes fondamentales auxquelles nous ne voulons ni ne pouvons renoncer ». Une question centrale est celle de la distinction entre politique et religion. « Dans notre conception, l’Etat n’a pas de religion. Il ne doit pas être le gardien de la vérité, mais bien celui de la liberté ». La neutralité religieuse de l’Etat, le primat du droit laïque de même que l’égalité entre homme et femme « ne sont pas négociables ». Si beaucoup de Suisses comprennent que la liberté de religion est une valeur essentielle et implique que les associations culturelles islamiques « souhaitent quitter l’invisibilité des garages, arrière-cours et usines pour la visibilité des lieux publics », le droit au libre-choix de la religion doit valoir pour tous les êtres humains. « C’est une grande préoccupation de voir que dans de nombreux pays musulmans des chrétiens ne peuvent vivre leur foi qu’en étant soumis à de grandes restrictions », a-t-il déploré.

De son côté, le Réseau évangélique, qui représente plus de 40'000 chrétiens de conviction évangélique en Suisse romande, a publié à l’occasion de sa récente assemblée générale une prise de position intitulée : « Pour une Suisse sans minarets ? Une mise en perspective de la place des musulmans en Suisse ». « Si la liberté religieuse est un principe fondamental qui doit être respecté pour toutes les religions en Suisse, tous les partenaires doivent cependant respecter les règles d’un Etat laïque », explique Christian Bibollet, spécialiste de l’islam et auteur principal du document. « Il est normal que les musulmans jouissent des mêmes droits, mais simultanément ils doivent accepter la liberté de changer de religion ou d’en critiquer certains aspects ». Le Réseau évangélique accepte ainsi la construction de minarets, car « la présence de musulmans en suisse est le fruit d’une immigration dès les années 1960 pour acquérir de la main d’œuvre bon marché, puis les populations fuyant les guerres des Balkans ». Par leur travail, ces populations ont contribué à la prospérité du pays, ce qui « entraîne quelques responsabilités à leur égard ». Toutefois, le Réseau évangélique refuse que ces minarets puissent être utilisés pour l’appel à la prière, ce qui serait « incompatible avec notre société laïcisée ». Ce document est un premier pas avant la création d’un Institut pour les questions relatives à l’islam, qui réunirait six à huit personnalités issues du Réseau évangélique et appartenant au monde des médias, de la politique ou autres spécialistes de l’islam. Cet institut, qui devrait être créé dans les mois à venir, a pour but de mener une réflexion approfondie sur la situation de l’islam en Suisse et les questions pratiques en résultant.