Retraites œcuméniques : la spiritualité ignacienne séduit les protestants
20 juin 2007
Se donner du temps pour rechercher Dieu et ancrer sa confiance en Lui, au cours d’une semaine de méditation et de silence : c’est ce que proposent cet été le Centre de Sornetan, dans le Jura bernois, et Crêt-Bérard, en terre vaudoise : les deux centres protestants ont en effet mis à leur programme une retraite œcuménique suivant les exercices spirituels d’Ignace de Loyola, fondateur de l’Ordre des Jésuites, grand pourfendeur de la Réforme et jusqu’il y a peu, "bête noire" des protestants
De ces temps de méditation, les participants reviennent souvent transformés. Explications.« Goût de vivre - désir de Dieu » : tel est le titre de la 10ème édition de la semaine de spiritualité ignacienne au Centre de Sornetan, proposée à partir du 29 juillet prochain par une équipe de catholiques et de protestants réunis autour d’Ursula Tissot, pasteure à Nidau et Granges-Soleure.
« J’ai découvert les exercices de spiritualité dans les années 80, bien des années après mes études de théologie, confie la pasteure, j’avais besoin de sortir de la sècheresse de la théologie qu’on m’avait enseignée à l’Université. Soit j’approfondissais ma recherche spirituelle, soit je faisais autre chose ! J’ai fait une retraite d’un mois en France avec des Jésuites. Ca a été un tournant dans ma vie. J’ai retrouvé l’accès à une spiritualité qui me touche, simple, centrée sur les textes de l’Evangile. J’ai appris à voir, à sentir et à goûter les choses intérieurement, à ne plus craindre le silence mais à découvrir qu’il peut être plein et habité.
our Jacqueline Rutgers, psychologue à Lausanne, qui fait partie de l’équipe d’animation de la semaine ignacienne au Centre de Sornetan, il y a aussi un avant et un après dans sa vie, grâce aux deux retraites ignaciennes auxquelles elle a participé. « J’ai appris à prendre du temps pour parler à Dieu et faire grandir cet appel de Dieu qui est en nous. Avec les exercices pédagogiques proposés par Ignace de Loyola, on est très loin du patois de Canaan et de l’exégèse cérébrale. C’est par la méditation de l’Ecriture sainte qu’Ignace de Loyola rencontra le Christ et se convertit. Son enseignement tout entier est orienté vers le discernement, car pour lui toute décision humaine est le lieu de la rencontre avec Dieu. A son exemple, on cherche à travers l’Evangile à comprendre sa propre histoire de vie, ses blocages, à sentir et à réaliser la fidélité de Dieu qui nous accueille, quoi qu’on ait fait. La retraite aide à envisager des changements dans sa vie. C’est l’occasion d’être à l’écoute de son corps, de ses émotions, de plonger dans les textes bibliques comme on ne l’a souvent jamais fait, d’entrer dans des histoires qui, depuis des siècles, ont fait du bien à des gens ».
La méthode ignacienne qui sera pratiquée au cours de ces deux retraites, soit à Sornetan, soit à Crêt-Bérard, apprend aux participants à structurer leur vie spirituelle. Elle prévoit une progression dans l’apprentissage et l’exercice de la méditation et de la prière. Les journées sont rythmées par des temps de méditation des textes bibliques, d’enseignement, de réflexion, et de célébration, des temps libres aussi. Des rencontres individuelles avec l’un des accompagnateurs spirituels du groupe sont possibles. La majeure partie de la semaine se déroule en silence, dans un climat de recueillement, y compris les repas. ». Les raisons de la séductionComment se fait-il alors qu'Ignace de Loyola, pendant longtemps la bête noire des Réformés qu’il pourfendit avec assiduité à son époque, séduise aujourd’hui les réformés? Ursula Tissot, pasteure, répond : « les Jésuites sont des hommes intelligents, cultivés et capables de s'adapter dans toutes les circonstances. Au fond ce sont de très fins herméneutes : ils ont su relire les Exercices d’Ignace en fonction de notre époque; ils ne parlent plus de direction de conscience, ce qui hérisse forcément les Réformés, mais d'accompagnement spirituel, et, pour ce que j'en ai vu, les enseignements sont présentés en laissant une très grande liberté. Les règles, les points, les conseils sont donnés clairement, mais sans contrainte, toujours sur le mode: "Essayez et vous verrez". Le côté très directif est laissé dans l'ombre, et pourtant je n'ai pas l'impression que la pensée d'Ignace soit trahie. Ce changement de style n'est pas seulement bienvenu pour les protestants. Car aujourd'hui, même les catholiques ne s'astreindraient pas volontiers à la discipline rigoureuse des origines. Mais le point des Exercices le plus séduisant pour les réformés est sans conteste la place faite à l'Ecriture avec la méditation de l'Evangile, le temps considérable qui lui est consacré, une manière originale d'aborder la Parole. Or la Bible est indissociable de la piété protestante. Jusqu'à un passé récent chaque protestant la lisait quotidiennement .On la connaissait donc très bien ».
« J’ai découvert les exercices de spiritualité dans les années 80, bien des années après mes études de théologie, confie la pasteure, j’avais besoin de sortir de la sècheresse de la théologie qu’on m’avait enseignée à l’Université. Soit j’approfondissais ma recherche spirituelle, soit je faisais autre chose ! J’ai fait une retraite d’un mois en France avec des Jésuites. Ca a été un tournant dans ma vie. J’ai retrouvé l’accès à une spiritualité qui me touche, simple, centrée sur les textes de l’Evangile. J’ai appris à voir, à sentir et à goûter les choses intérieurement, à ne plus craindre le silence mais à découvrir qu’il peut être plein et habité.
our Jacqueline Rutgers, psychologue à Lausanne, qui fait partie de l’équipe d’animation de la semaine ignacienne au Centre de Sornetan, il y a aussi un avant et un après dans sa vie, grâce aux deux retraites ignaciennes auxquelles elle a participé. « J’ai appris à prendre du temps pour parler à Dieu et faire grandir cet appel de Dieu qui est en nous. Avec les exercices pédagogiques proposés par Ignace de Loyola, on est très loin du patois de Canaan et de l’exégèse cérébrale. C’est par la méditation de l’Ecriture sainte qu’Ignace de Loyola rencontra le Christ et se convertit. Son enseignement tout entier est orienté vers le discernement, car pour lui toute décision humaine est le lieu de la rencontre avec Dieu. A son exemple, on cherche à travers l’Evangile à comprendre sa propre histoire de vie, ses blocages, à sentir et à réaliser la fidélité de Dieu qui nous accueille, quoi qu’on ait fait. La retraite aide à envisager des changements dans sa vie. C’est l’occasion d’être à l’écoute de son corps, de ses émotions, de plonger dans les textes bibliques comme on ne l’a souvent jamais fait, d’entrer dans des histoires qui, depuis des siècles, ont fait du bien à des gens ».
La méthode ignacienne qui sera pratiquée au cours de ces deux retraites, soit à Sornetan, soit à Crêt-Bérard, apprend aux participants à structurer leur vie spirituelle. Elle prévoit une progression dans l’apprentissage et l’exercice de la méditation et de la prière. Les journées sont rythmées par des temps de méditation des textes bibliques, d’enseignement, de réflexion, et de célébration, des temps libres aussi. Des rencontres individuelles avec l’un des accompagnateurs spirituels du groupe sont possibles. La majeure partie de la semaine se déroule en silence, dans un climat de recueillement, y compris les repas. ». Les raisons de la séductionComment se fait-il alors qu'Ignace de Loyola, pendant longtemps la bête noire des Réformés qu’il pourfendit avec assiduité à son époque, séduise aujourd’hui les réformés? Ursula Tissot, pasteure, répond : « les Jésuites sont des hommes intelligents, cultivés et capables de s'adapter dans toutes les circonstances. Au fond ce sont de très fins herméneutes : ils ont su relire les Exercices d’Ignace en fonction de notre époque; ils ne parlent plus de direction de conscience, ce qui hérisse forcément les Réformés, mais d'accompagnement spirituel, et, pour ce que j'en ai vu, les enseignements sont présentés en laissant une très grande liberté. Les règles, les points, les conseils sont donnés clairement, mais sans contrainte, toujours sur le mode: "Essayez et vous verrez". Le côté très directif est laissé dans l'ombre, et pourtant je n'ai pas l'impression que la pensée d'Ignace soit trahie. Ce changement de style n'est pas seulement bienvenu pour les protestants. Car aujourd'hui, même les catholiques ne s'astreindraient pas volontiers à la discipline rigoureuse des origines. Mais le point des Exercices le plus séduisant pour les réformés est sans conteste la place faite à l'Ecriture avec la méditation de l'Evangile, le temps considérable qui lui est consacré, une manière originale d'aborder la Parole. Or la Bible est indissociable de la piété protestante. Jusqu'à un passé récent chaque protestant la lisait quotidiennement .On la connaissait donc très bien ».