Mission : au tour du Nord d’accueillir le Sud
3 juillet 2007
Des séjours plus brefs, un vrai partenariat avec les Eglises locales pour décider des projets à soutenir, et des missionnaires venus du Sud apporter leur vision au Nord : tel est le visage de la mission que Setri Nyomi, secrétaire général de l’Alliance réformée mondiale, souhaite pour le XXIème siècle
En Suisse, Mission 21 et DM-Echange et Mission partagent ce vœu, mais en soulignent les difficultés.A la mi-juin, le pasteur Setri Nyomi, presbytérien du Ghana, a profité de sa présence en Amérique du Nord pour affirmer que les Eglises doivent changer leur vision de la mission. « Se borner à envoyer des missionnaires en Afrique, en Asie ou en Amérique latine, sans établir un véritable partenariat avec les Eglises sur place et sans accepter d’accueillir aussi des missionnaires du Sud dans nos pays du Nord, c’est une fausse manière de procéder », précise-t-il aujourd’hui depuis ses bureaux de secrétaire de l’Alliance réformée mondiale, à Genève. Dans le monde, beaucoup d’actions missionnaires continuent de refléter un vieux mode de pensée où les Eglises riches donnent et celles qui sont pauvres reçoivent. Cette critique ne s’adresse pas prioritairement aux œuvres missionnaires helvétiques : « En Suisse, je suis très impressionné par le travail de DM-Echange et mission, le département missionnaire des Eglises protestantes de Suisse romande, tout comme par celui accompli par Mission 21, à Bâle. Les missionnaires qui vont sur place le font sur demande de leurs partenaires, les Eglises d’Afrique, d’Amérique du Sud ou d’Asie. En outre, s’agissant de la longueur des séjours, ils ont changé leur manière de travailler dans le bon sens, et je les applaudis. »
« C’est vrai, quand je suis parti au début des années 1980 pour un séjour de 7 ans au Rwanda, la durée moyenne sur place variait entre 6 et 10 ans », se souvient Jacques Küng, secrétaire général du DM- Echange et mission. « Aujourd’hui, nous appelons séjour à long terme une période de deux ans, ce qui va de pair avec de nouvelles difficultés. Comment apprendre une langue africaine, comprendre la sagesse de ses proverbes en deux ans ? Je connais un pasteur genevois qui, en quarante ans de ministère, a été la cheville ouvrière de la traduction de la Bible en Tsonga. Maintenant, les communications se font de plus en plus dans des langues internationales comme le français ou l’anglais. Quelque chose est en train de se perdre de la richesse des échanges entre le Sud et le Nord. En outre, les candidats ne souhaitent plus partir pour des séjours à long terme, par crainte des difficultés de réinsertion professionnelle. Nos Eglises partenaires nous sollicitent moins : qu’il s’agisse de formateurs d’adultes, d’enseignants en théologie, de personnel médical, ils ont désormais les ressources nécessaires sur place. C’est plutôt nous qui souhaitons leur envoyer des gens à former et profiter ainsi de leurs compétences.»
Une vingtaine d’envoyés du DM- Echange et mission se partagent chaque année les postes de séjour à long et moyen terme, essentiellement en Afrique, mais aussi à Madagascar, à Cuba, au Mexique et en Egypte. S’y ajoutent les nombreux visiteurs, jeunes des paroisses romandes et adultes, qui s’y rendent quelques semaines, une centaine de personnes. Dans le sens Sud-Nord, les échanges existent mais sont plus rares : « quatre doctorants viennent chaque année profiter des bibliothèques et des outils de travail que nous avons ici. Je profite de leur présence pour les associer au travail dans les paroisses. Faire nommer un pasteur africain dans les Eglises protestantes de Suisse romande est très difficile actuellement, en raison des réductions de postes. Certaines paroisses, comme Bulle, La Chaux-de-Fonds ou Le Locle ont vécu l’expérience il y a quelques années. On ne peut pas toujours éviter les chocs culturels et les difficultés à aborder le retour, lorsque le pasteur a ses enfants scolarisés en Suisse. Une solution est d’engager des collègues plus âgés, comme à Genève, où un collègue africain a accompli ses dernières années de ministère en paroisse. » Le prosélytisme agressif condamné par Setri Nyomi est également rejeté par le DM-Echange et mission : « Sur notre site, nous déclarons que nous ne sommes pas responsables de la foi des autres, mais de notre foi devant les autres », résume Jacques Küng.
A Bâle, Mission 21 « n’envoie pas non plus de personnes sur place, sauf s’il y a une demande de l’Eglise partenaire. Cet envoi s’insère dans un projet que nous soutenons ensemble. Nos contrats durent normalement trois ans, mais nous avons aussi des contrats plus courts, de 6 à 12 mois pour des jeunes déjà formés en tant que techniciens ou informaticiens », souligne Albrecht Hieber, responsable du département relations internationales de Mission 21. Les envoyés du Sud vers le Nord sont peu nombreux ; un pasteur de Hongkong et un autre de Corée travaillent à Bâle, Zurich et Berne auprès des Eglises migrantes, une Coréenne est responsable du secteur « femme et genre » de la mission. « Il y a une petite ouverture, mais c’est assez difficile de convaincre les Eglises cantonales alémaniques d’accepter un pasteur pour un échange, surtout à cause des problèmes de langue, de culture, d’accompagnement qui exigent une certaine tolérance », constate-t-il. « Depuis l’an passé, nous organisons des rencontres avec les responsables des Eglises alémaniques pour les sensibiliser à cette thématique. La Fédération des Eglises protestantes de Suisse pourrait exercer davantage d’influence dans ce domaine », souhaite-t-il finalement.
« C’est vrai, quand je suis parti au début des années 1980 pour un séjour de 7 ans au Rwanda, la durée moyenne sur place variait entre 6 et 10 ans », se souvient Jacques Küng, secrétaire général du DM- Echange et mission. « Aujourd’hui, nous appelons séjour à long terme une période de deux ans, ce qui va de pair avec de nouvelles difficultés. Comment apprendre une langue africaine, comprendre la sagesse de ses proverbes en deux ans ? Je connais un pasteur genevois qui, en quarante ans de ministère, a été la cheville ouvrière de la traduction de la Bible en Tsonga. Maintenant, les communications se font de plus en plus dans des langues internationales comme le français ou l’anglais. Quelque chose est en train de se perdre de la richesse des échanges entre le Sud et le Nord. En outre, les candidats ne souhaitent plus partir pour des séjours à long terme, par crainte des difficultés de réinsertion professionnelle. Nos Eglises partenaires nous sollicitent moins : qu’il s’agisse de formateurs d’adultes, d’enseignants en théologie, de personnel médical, ils ont désormais les ressources nécessaires sur place. C’est plutôt nous qui souhaitons leur envoyer des gens à former et profiter ainsi de leurs compétences.»
Une vingtaine d’envoyés du DM- Echange et mission se partagent chaque année les postes de séjour à long et moyen terme, essentiellement en Afrique, mais aussi à Madagascar, à Cuba, au Mexique et en Egypte. S’y ajoutent les nombreux visiteurs, jeunes des paroisses romandes et adultes, qui s’y rendent quelques semaines, une centaine de personnes. Dans le sens Sud-Nord, les échanges existent mais sont plus rares : « quatre doctorants viennent chaque année profiter des bibliothèques et des outils de travail que nous avons ici. Je profite de leur présence pour les associer au travail dans les paroisses. Faire nommer un pasteur africain dans les Eglises protestantes de Suisse romande est très difficile actuellement, en raison des réductions de postes. Certaines paroisses, comme Bulle, La Chaux-de-Fonds ou Le Locle ont vécu l’expérience il y a quelques années. On ne peut pas toujours éviter les chocs culturels et les difficultés à aborder le retour, lorsque le pasteur a ses enfants scolarisés en Suisse. Une solution est d’engager des collègues plus âgés, comme à Genève, où un collègue africain a accompli ses dernières années de ministère en paroisse. » Le prosélytisme agressif condamné par Setri Nyomi est également rejeté par le DM-Echange et mission : « Sur notre site, nous déclarons que nous ne sommes pas responsables de la foi des autres, mais de notre foi devant les autres », résume Jacques Küng.
A Bâle, Mission 21 « n’envoie pas non plus de personnes sur place, sauf s’il y a une demande de l’Eglise partenaire. Cet envoi s’insère dans un projet que nous soutenons ensemble. Nos contrats durent normalement trois ans, mais nous avons aussi des contrats plus courts, de 6 à 12 mois pour des jeunes déjà formés en tant que techniciens ou informaticiens », souligne Albrecht Hieber, responsable du département relations internationales de Mission 21. Les envoyés du Sud vers le Nord sont peu nombreux ; un pasteur de Hongkong et un autre de Corée travaillent à Bâle, Zurich et Berne auprès des Eglises migrantes, une Coréenne est responsable du secteur « femme et genre » de la mission. « Il y a une petite ouverture, mais c’est assez difficile de convaincre les Eglises cantonales alémaniques d’accepter un pasteur pour un échange, surtout à cause des problèmes de langue, de culture, d’accompagnement qui exigent une certaine tolérance », constate-t-il. « Depuis l’an passé, nous organisons des rencontres avec les responsables des Eglises alémaniques pour les sensibiliser à cette thématique. La Fédération des Eglises protestantes de Suisse pourrait exercer davantage d’influence dans ce domaine », souhaite-t-il finalement.