Une redécouverte qui vaut bien un spectacle et une fête auxquels sera conviée le public, qui entrera dans l’édifice comme les pèlerins autrefois, en procession par la porte méridionale jusque-là inaccessible. Ils seront accueillis par un ensemble de statues qui, à l’origine, étaient toutes peintes. On a soigneusement conservé les vestiges de cette polychromie réalisée au XIIIème siècle, entre 1225 et 1235. Mais qui aujourd’hui reconnaît au premier coup d’œil les personnages bibliques représentés ?

Depuis des lustres, aucun Lausannois n’avait jamais vu ce portail sud, masqué par des échafaudages qui semblaient éternels, et assombri par des murs latéraux pour soustraire les statues et les sculptures aux ravages des rayons lumineux, de la pluie et des changements de température.

Cette réouverture met fin à quarante ans de recherches minutieuses et de travaux de restauration et de consolidation de la statuaire, de la statique du porche et des parements extérieurs, de la réfection du toit et la mise en place de baies vitrées de protection, étanches, chargées d’assurer une température constante, seule garante d’une bonne conservation de la statuaire.

Le public va pouvoir découvrir les treize statues-colonnes et la ribambelle de figurines en haut–relief, insérées dans le tympan et les voussoirs, illustrant le couronnement de la Vierge, à laquelle la cathédrale fut initialement dédiée. Il faut dire qu’on peine à distinguer Marie du premier coup dans le tympan. Il est en effet dominé par un immense Christ en majesté, entouré d’une mandorle soutenue par deux anges agenouillés. La Vierge y figure, pas plus grande que les anges, à la droite du Christ. Elle est en train d’être couronnée. Sa petite taille, surprenante, s’explique sans doute par les débats théologiques qui ont agité les esprits au XIIème siècle, pour savoir si la Vierge était exempte du péché originel dès sa conception ou non.

Les statues de cet ensemble gothique, qui surplombent et accueillent les visiteurs, représentent des personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament : Elles aont placées par groupe de trois: Moïse, Jean-Baptiste et Siméon qui tient l’enfant Jésus, Isaïe et ses sept colombes, le roi David, Jérémie portant une urne d’où s’échappent des flammes, Pierre et Paul et les quatre Evangélistes, Matthieu, Marc, Luc et Jean. Un ensemble tout à fait époustouflant qu’on ne se lasse pas d’explorer du regard. En regardant avec beaucoup d’attention, on peut même y découvrir, dans le repli d'une feuille d'acanthe, le visage minuscule d’un enfant. Le sculpteur l’y a sans doute glissé, à la naissance d’un enfant. Touchant !

Un spectacle chorégraphique , « A la lumière du portail », conçu par Anne-Françoise Fuchs, permettra à l’assistance de vivre le dévoilement symbolique du cycle sculpté du porche et d’en comprendre la symbolique qui, à l’époque, parlait aux fidèles et leur servait de livre.

Le chœur Laudate Deum, le chœur Adoréla et l’ensemble instrumental « Le concert européen », conduit par Philippe Béran, accompagneront ce spectacle qui sera transmis sur des écrans à l’extérieur comme à l’intérieur de la cathédrale.

La musique en a été confiée au jeune compositeur lausannois Guillaume Berney. Au final, on pourra entendre une création de Jean Duperrex, qui fera découvrir « le son » de la pierre.

Le dévoilement du portail se fera en présence du conseiller d’Etat François Marthaler, du maître d’œuvre Christophe Amsler et du pasteur de la paroisse, Michel Léderrey, qui invitera chacun à vivre une unique traversée du portail pour déambuler ensuite autour du chœur, comme les pèlerins des XII et XIIIème siècles. Un passage unique, parce que ce porche au sud de la cathédrale, bien que mis au jour, ne sera pas utilisée comme un passage ni un accès à la nef.