Toujours plus de laïcs salariés par les Eglises

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Toujours plus de laïcs salariés par les Eglises

3 septembre 2007
Pour la première fois, l'Eglise catholique vaudoise compte davantage de laïcs que de prêtres dans l'ensemble de son personnel salarié
Les Réformés vaudois débattront fin septembre de la place spécifique de tels employés. C'est une petite révolution qui implique aussi un changement sociologique : pour la première fois cette année, l'Eglise catholique vaudoise compte davantage de laïcs salariés (112 personnes) que de prêtres (110). Or ce personnel laïc est, à 70%, composé de femmes. « Ce petit signe d'évolution est nécessaire et s'est fait naturellement », explique Jean-Marc Zwissig, adjoint du vicaire épiscopal pour le canton de Vaud. « Etre laïc salarié par l'Eglise, ce n'est pas faire du bénévolat en recevant un salaire. Des exigences de compétences sont posées à ces personnes, qui sont nommées dans les aumôneries d'hôpitaux, d'EMS ou de gymnases et choisies d'entente avec la direction de ces institutions. Du côté de l'Eglise catholique, la décision de placer plusieurs paroisses sous la responsabilité d'une seule équipe, comme cela se fait désormais à Lausanne dans les nouvelles unités pastorales, va aussi permettre de mieux partager les responsabilités entre plusieurs prêtres et donner une visibilité nouvelle au personnel laïc », se réjouit-il.

La nécessité d'engager des laïcs est principalement due au manque d'ordinations de prêtres : « Dans l'ensemble du diocèse, on ne compte actuellement que deux à quatre ordinations par année, ce qui est clairement insuffisant », poursuit Jean-Marc Zwissig. Ils sont donc épaulés par des laïcs. Dès cet automne, onze d'entre eux seront envoyés par le Vicariat épiscopal du canton de Vaud se former à l'Institut romand de formation au ministère (IFM), à Fribourg, alors que deux autres laïcs commenceront une formation universitaire à Lyon ou Strasbourg. Ces personnes peuvent déjà travailler à temps partiel durant leurs études. Le rôle des laïcs catholiques ne peut cependant remplacer celui des prêtres, « qui sont indispensables dans les paroisses pour célébrer les messes et administrer les sacrements (mariages), tout comme dans les missions en langue étrangère. Pour les personnes de culture méditerranéenne, le prêtre est souvent irremplaçable ». Les laïcs prennent donc plus facilement place dans des ministères spécialisés auprès des jeunes ou des personnes âgées: « La plupart ont une autre formation, comme un brevet d'enseignement. Ces tâches demandent des gens très bien formés, bien insérés dans le monde d'aujourd'hui ».

Les engagements des laïcs, des pasteurs et des diacres dans l'Eglise préoccupent aussi l'Eglise évangélique réformée vaudoise, comme en témoigne un document mis en consultation par le Conseil synodal (exécutif). « La question sera débattue au Synode (parlement) fin septembre, à titre de première orientation », explique Antoine Reymond, conseiller synodal à plein temps. « Actuellement, notre religion n'est pas faite sur le rôle des laïcs, qui peuvent soit exercer des fonctions salariées au sein de l'Eglise (information, communication, gestionnaires, coordinateurs), soit exercer des fonctions d'aumônerie de santé ou de catéchèse pour lesquelles on les forme spécifiquement. Dans ce dernier cas, faut-il élargir l'accès au diaconat, ou créer une troisième catégorie de personnel, celle des laïcs ? En outre, si les laïcs en viennent à occuper des fonctions d'ordinaire confiées aux pasteurs, que reste-t-il de la fonction spécifique de ces derniers ? Ces questions agitent également les Eglises réformées de Berne et Zurich tout comme la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), qui en débattra en novembre. Il nous importe d'avoir une position commune. » Dans un récent bulletin de Cèdres formation , l'enseignant et pasteur Jean-François Habermacher estime que pour éviter les conflits de pouvoir entre ces différentes catégories de personnel, « il ne suffira pas de mieux clarifier la répartition du travail entre pasteur/diacre/laïcs, ce qui est sans doute nécessaire. Le statut de ces futurs laïcs professionnels devrait être celui de ministres de l'Evangile à part entière. S'ils apportent à l'Eglise des compétences qui ne sont pas nécessairement les siennes, l'Eglise attendra d'eux qu'ils se forment au témoignage chrétien (formation de base en théologie et spiritualité) et qu'ils travaillent dans l'esprit de l'Evangile », en répondant à un appel. Compte tenu de la pénurie de pasteurs et diacres qui s'annonce dès 2007, l'Eglise protestante vaudoise « devra très vite définir les secteurs prioritaires dans lesquels des laïcs professionnels sont appelés à collaborer », avertit-il.

Laïcs en Eglise (s), un dossier de travail, Cèdres formation, bulletin n° 27, juin 2007