Le cardinal Walter Kasper à Sibiu : « Nous dansons sur un volcan »
5 septembre 2007
A Sibiu, les 2000 délégués ont commencé ce matin leur travaux, installés sous une grande tente au cœur de la capitale culturelle de l’Europe
Les représentants des trois confessions chrétiennes ont lancé le débat. L’œcuménisme et la sécularisation de la société ont été au centre des débats de cette journée.Ce matin, la grande tente de Sibiu offrait une image historique saisissante. Tout ce que l’Europe compte de figures religieuses significatives était là, à l’exception du pape et du patriarche de Moscou. Sur les deux premières rangées se côtoyaient des leaders qui se parlent rarement, si ce n’est par sermons ou porte-parole interposés. Impossible pour le patriarche oecuménique Bartholoméos, primat de toute l’orthodoxie, de ne pas être salué par tous ce que l’orthodoxie compte de hiérarques… et de tensions, à commencer par la rivalité de primauté avec Moscou. Evêques et cardinaux catholiques de toute l’Europe ne pouvaient pas éviter de se saluer, même s’ils ne partageaient pas la même sensibilité œcuménique, tant s’en faut. Quant aux protestants, peu enclin aux apparats vestimentaires, le constat ne pouvait que s’imposer : l’austérité symbolique n’est pas un atout.
Le discours le plus applaudi fut sans conteste celui du Cardinal Walter Kasper. Grand défenseur de la cause œcuménique au Vatican, il a pu se rendre compte du soutien dont il jouit dans l’aile progressiste du catholicisme, bien présente à Sibiu. Renonçant aux apparats des princes de l’Eglise romaine, habillé en toute simplicité, l’homme n’a rien perdu de sa force de conviction. Aux protestants blessés par les récents textes romains, il s’est exclamé : « Ce qui vous a blessé m’a blessé aussi », confirmant indirectement ce qui se dit en coulisse, à savoir qu’il n’a pas été informé de la publication des récents documents de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Plusieurs petites phrases, lâchées en cours de conférence trahissent les débats internes qui traversent la hiérarchie romaine. « Aujourd’hui, les accords doctrinaux ne fonctionnent plus très bien » ou encore « L’unité de l’Eglise n’est pas une fin en soi…elle est ordonnée à l’unité du monde ». Anticipant le thème de la journée consacrée aux rapports avec l’Europe, il a estimé que dans l’histoire, elle a souvent trahi sa mission. « Nous dansons sur un volcan » a-t-il dit pour résumer l’urgence des défis qui attendent les chrétiens européens.
Dans un discours aux accents de grande fermeté, le métropolite Cyrille qui représente le patriarcat de Moscou, a fustigé la sécularisation, se plaçant résolument dans une position défensive. Défense de la morale chrétienne, attaquée par le relativisme éthique, soutenu par des pouvoirs « que nous aurons du mal à percevoir comme amicaux et acceptables ». Défense de la foi, menacée par un scientisme envahissant, défense de la civilisation chrétienne ébranlée par la culture post-moderne. Sans nommer clairement les causes de cette situation, il a sous-entendu que la théologie protestante du salut par la foi a créé un terrain favorable à cette dérive. A cette mise en question, l’évêque protestant Wolfgang Huber a répondu directement, dans un discours dont les accents passaient de la sincérité autocritique à l’indignation. Dans ce registre, il a martelé sa conviction en des termes clairs : « Dans une société sécularisée, nous pouvons tout à fait affirmer ce que nous croyons… de plus une telle société protège de l’arbitraire ». Les termes du débat sont posés.
Le discours le plus applaudi fut sans conteste celui du Cardinal Walter Kasper. Grand défenseur de la cause œcuménique au Vatican, il a pu se rendre compte du soutien dont il jouit dans l’aile progressiste du catholicisme, bien présente à Sibiu. Renonçant aux apparats des princes de l’Eglise romaine, habillé en toute simplicité, l’homme n’a rien perdu de sa force de conviction. Aux protestants blessés par les récents textes romains, il s’est exclamé : « Ce qui vous a blessé m’a blessé aussi », confirmant indirectement ce qui se dit en coulisse, à savoir qu’il n’a pas été informé de la publication des récents documents de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Plusieurs petites phrases, lâchées en cours de conférence trahissent les débats internes qui traversent la hiérarchie romaine. « Aujourd’hui, les accords doctrinaux ne fonctionnent plus très bien » ou encore « L’unité de l’Eglise n’est pas une fin en soi…elle est ordonnée à l’unité du monde ». Anticipant le thème de la journée consacrée aux rapports avec l’Europe, il a estimé que dans l’histoire, elle a souvent trahi sa mission. « Nous dansons sur un volcan » a-t-il dit pour résumer l’urgence des défis qui attendent les chrétiens européens.
Dans un discours aux accents de grande fermeté, le métropolite Cyrille qui représente le patriarcat de Moscou, a fustigé la sécularisation, se plaçant résolument dans une position défensive. Défense de la morale chrétienne, attaquée par le relativisme éthique, soutenu par des pouvoirs « que nous aurons du mal à percevoir comme amicaux et acceptables ». Défense de la foi, menacée par un scientisme envahissant, défense de la civilisation chrétienne ébranlée par la culture post-moderne. Sans nommer clairement les causes de cette situation, il a sous-entendu que la théologie protestante du salut par la foi a créé un terrain favorable à cette dérive. A cette mise en question, l’évêque protestant Wolfgang Huber a répondu directement, dans un discours dont les accents passaient de la sincérité autocritique à l’indignation. Dans ce registre, il a martelé sa conviction en des termes clairs : « Dans une société sécularisée, nous pouvons tout à fait affirmer ce que nous croyons… de plus une telle société protège de l’arbitraire ». Les termes du débat sont posés.