La théologienne Lytta Basset raconte son deuil après le suicide de son fils:"Un passage existe pour sortir de la mort"
6 septembre 2007
« Fuir la douleur n’avance à rien. La regarder en face, c’est l’apprivoiser, par petites doses »
C’est ce qu’a fait, jour après jour, la théologienne protestante Lytta Basset, après que son fils s'est donné la mort. Elle raconte aujourd’hui cette vertigineuse traversée du deuil dans un livre, « Ce lien qui ne meurt jamais ». Journal intime d’une mère qui tisse peu à peu des liens avec l’au-delà invisible, reconnaissante des « clins Dieu » qui, comme des cailloux blancs, jalonnent son parcours et l'aident à se raccrocher à la vie.Le 7 mai 2001, le fils aîné de Lytta et Jean-Claude Basset, tous deux pasteurs, se jette du haut d’une tour. Pris de crises de délire de plus en plus fréquentes et terrifiantes, après un voyage en Amérique latine, au cours duquel il a consommé des drogues, Samuel, 24 ans, choisit de mettre fin à son enfer.
Sous la violence du choc, Lytta Basset perd tous ses repères : « Avec mon fils, j’avais perdu la vie. Du même coup, j’avais perdu la foi, car comment un mort vivant peut-il croire en Dieu ? Qu’est-ce que Dieu quand tout a explosé ? ».
La survie passe alors par les autres, qui font des gestes, des signes, témoignent leur tendresse et de leur compassion. Un ensemble de petits riens, qu’elle appelle « sa manne quotidienne » qui ‘empêche de sombrer, quand son âme est triste à en mourir, comme Jésus dans l’Evangile de Matthieu, quelques heures avant sa mort. « Je ne sais qu’une chose, écrit-elle, il faut que les humains, encore et toujours, se montrent humains, même à fonds perdus ». Elle salue en chacun l’étincelle qui éclaire la vie des autres.
Elle apprend dans la douleur à consentir à ce qui est arrivé. « Consentir, c’est être sauvé » : elle découvre, dans sa chair, ce que veulent vraiment dire les mots de Bernard de Clairvaux.
Elle cherche dans les Evangiles de quoi apaiser sa souffrance, mais aussi à se rassurer au sujet de son fils, dont elle souhaite ardemment qu’il soit apaisé. De colère contre lui, elle n’en a pas. Mais des questions sur l’origine du malheur, elle s’en pose sans arrêt, condamnée à un monologue qui ne sera jamais plus dialogue avec le fils aimé, disparu. Elle refuse avec force l’idée de fatalité divine, citant la parole de Job d’avant sa conversion : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a pris, que le nom du Seigneur soit béni ».
Elle ne veut pas se perdre dans la culpabilité à laquelle elle a réglé son compte dans un précédent ouvrage. Elle fait le deuil de la « mère parfaite » et apprend mieux encore à respecter l’altérité de son fils, adulte libre de ses choix, même doulouireux et insupportables pour l'entourage.
Elle rêve, cauchemarde et cherche à en déchiffrer le sens. Elle a des visions, bien que son éducation protestante ne l’ait pas préparée à les accepter. Elle accueille simplement ces expériences avec le monde invisible. Ces apparitions lui redonnent de la force. Ceux à qui elle se confie l’encouragent à témoigner, forte de la confiance de ses lecteurs, acquise au fil de ses livres sur le pardon, la joie et le pouvoir de guérir du malheur. Elle se sent des affinités avec la figure de Marie, mère de Jésus, qui cristallise l'histoire de n'importe quelle mère qui perd son fils. Elle tient un journal intime dont, cinq ans plus tard, elle reprend certains éléments autobiographiques, qu’elle accompagne de méditations pour aller vers la vie, et non pas se laisser submerger par la dépression. Elle retourne dans son cœur des paroles du Christ qui résonnent en elle de façon singulière. Elle confie aussi cette impression qu’elle a toujours eue, que Quelqu’un s’ingénie à lui tenir la tête hors de l’eau. Elle voit, dans le regard de l’autre qui l’accueille, la Présence de Dieu. Elle acquiert la certitude que la mort ne peut anéantir la part de divin qui est en chaque humain.
Elle se recompose peu à peu, différemment, humblement et réalise qu’elle a en elle la capacité d’aider les autres dans leur propre cheminement intérieur. Qu'elle est "la preuve vivante qu'un passage existe pour sortir de la mort". Avec ce livre, Lytta Basset rejoint tous ceux qui ont vécu la perte d'un être cher, dans son cheminement spirituel, toujours enraciné dans son épaisseur humaine.
Sous la violence du choc, Lytta Basset perd tous ses repères : « Avec mon fils, j’avais perdu la vie. Du même coup, j’avais perdu la foi, car comment un mort vivant peut-il croire en Dieu ? Qu’est-ce que Dieu quand tout a explosé ? ».
La survie passe alors par les autres, qui font des gestes, des signes, témoignent leur tendresse et de leur compassion. Un ensemble de petits riens, qu’elle appelle « sa manne quotidienne » qui ‘empêche de sombrer, quand son âme est triste à en mourir, comme Jésus dans l’Evangile de Matthieu, quelques heures avant sa mort. « Je ne sais qu’une chose, écrit-elle, il faut que les humains, encore et toujours, se montrent humains, même à fonds perdus ». Elle salue en chacun l’étincelle qui éclaire la vie des autres.
Elle apprend dans la douleur à consentir à ce qui est arrivé. « Consentir, c’est être sauvé » : elle découvre, dans sa chair, ce que veulent vraiment dire les mots de Bernard de Clairvaux.
Elle cherche dans les Evangiles de quoi apaiser sa souffrance, mais aussi à se rassurer au sujet de son fils, dont elle souhaite ardemment qu’il soit apaisé. De colère contre lui, elle n’en a pas. Mais des questions sur l’origine du malheur, elle s’en pose sans arrêt, condamnée à un monologue qui ne sera jamais plus dialogue avec le fils aimé, disparu. Elle refuse avec force l’idée de fatalité divine, citant la parole de Job d’avant sa conversion : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a pris, que le nom du Seigneur soit béni ».
Elle ne veut pas se perdre dans la culpabilité à laquelle elle a réglé son compte dans un précédent ouvrage. Elle fait le deuil de la « mère parfaite » et apprend mieux encore à respecter l’altérité de son fils, adulte libre de ses choix, même doulouireux et insupportables pour l'entourage.
Elle rêve, cauchemarde et cherche à en déchiffrer le sens. Elle a des visions, bien que son éducation protestante ne l’ait pas préparée à les accepter. Elle accueille simplement ces expériences avec le monde invisible. Ces apparitions lui redonnent de la force. Ceux à qui elle se confie l’encouragent à témoigner, forte de la confiance de ses lecteurs, acquise au fil de ses livres sur le pardon, la joie et le pouvoir de guérir du malheur. Elle se sent des affinités avec la figure de Marie, mère de Jésus, qui cristallise l'histoire de n'importe quelle mère qui perd son fils. Elle tient un journal intime dont, cinq ans plus tard, elle reprend certains éléments autobiographiques, qu’elle accompagne de méditations pour aller vers la vie, et non pas se laisser submerger par la dépression. Elle retourne dans son cœur des paroles du Christ qui résonnent en elle de façon singulière. Elle confie aussi cette impression qu’elle a toujours eue, que Quelqu’un s’ingénie à lui tenir la tête hors de l’eau. Elle voit, dans le regard de l’autre qui l’accueille, la Présence de Dieu. Elle acquiert la certitude que la mort ne peut anéantir la part de divin qui est en chaque humain.
Elle se recompose peu à peu, différemment, humblement et réalise qu’elle a en elle la capacité d’aider les autres dans leur propre cheminement intérieur. Qu'elle est "la preuve vivante qu'un passage existe pour sortir de la mort". Avec ce livre, Lytta Basset rejoint tous ceux qui ont vécu la perte d'un être cher, dans son cheminement spirituel, toujours enraciné dans son épaisseur humaine.