Toujours plus d'agriculteurs réduits au chômage: Uniterre se bat contre la diminution programmée du nombre des paysans

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Toujours plus d'agriculteurs réduits au chômage: Uniterre se bat contre la diminution programmée du nombre des paysans

11 octobre 2007
« L’exode rural n’est pas un mouvement irréversible ! »
Pierre-André Tombez, président central du syndicat Uniterre, se mobilise contre la politique agricole ( PA 2011) menée par le Conseil fédéral, qui, à travers une restructuration du monde rural et une politique visant à la baisse des prix, entraîne la disparition de nombreuses exploitations. « Chaque fois qu’un domaine disparaît, qu’un agriculteur met la clé sur la corniche, ce sont des gens qui vont grossir les rangs des chômeurs ». Depuis 15 ans, ce ne sont pas moins de 2000 fermes qui disparaissent chaque année en Suisse. Dans l'Union européenne, on prévoit quelque 18 millions de paysans chômeurs. Interview.Pierre-André Tombez rappelle que l’objectif du syndicat Uniterre est de maintenir, voire d’augmenter le nombre de paysans en Suisse. Ce qui va à contre-courant de la politique fédérale agricole, qui a entamé une sévère restructuration ayant pour effet de diminuer le nombre d’exploitations agricoles. Leur nombre a ainsi passé de 70.500 en 2000 à 62.800 l’an dernier, selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique livrés en ce début d’octobre, et les emplois en équivalents plein temps ont régressé de 13 %.

Héritier d’une solide tradition de défense professionnelle agricole, Pierre-André Tombez est agriculteur à Salavaux, à la tête du domaine familial, 70 hectares de champs de maïs, de céréales, de colza et de prés pour ses vaches et ses veaux. « Mordu de son métier », il est aussi moniteur d’auto-école. Sa femme, elle, est chauffeur de taxi. Une diversification qui permet à toute la famille d’avoir un emploi en restant sur l’exploitation.

« Nous voulons que tout le monde bénéficie d’une agriculture de qualité, correcte pour l’environnement, et qui puisse assurer la souveraineté alimentaire, seule à même de garantir l’accès à une alimentation saine pour tous et un développement durable dans tous les pays. Nous ne voulons pas nous borner à entretenir le paysage. D’ailleurs même pour cette tâche, nous ne sommes pas assez », explique-t-il de son bureau à Salavaux. Pour le syndicaliste, l’exode n’est pas un mouvement irréversible. « L’idée que l’agriculture doit se restructurer fait partie d’une vaste campagne de lavage de cerveau. N’oublions pas que la disparition de la paysannerie et la mutation structurelle de l’espace rural entraînent forcément la disparition de la vie communautaire dans les campagnes, les familles d’agriculteurs faisant vivre des écoles et des paroisses et permettant de maintenir vivante la vie rurale ».

Loin de lui l’idée de faire une agriculture de niche pour consommateurs argentés. « Nous nous battons pour des revenus corrects pour les employés agricoles et la main d’œuvre familiale qui travaille au domaine, ainsi que pour la garantie de droits sociaux pour tous les travailleurs de l’agriculture, mais aussi pour une production de qualité à la portée de tout le monde».

Pas question pour Pierre-André Tombez l’idée de faire des paysans des assistés et d’accepter le dumping à l’exportation, (soit la vente à des prix en dessous des coûts de production). « Nous voulons vivre de notre production, mais une production respectueuse de l’environnement, de la biodiversité, sans OGM ni hormones dans la production animale, nous nous opposons au brevetage du vivant ».

Les marchés de proximité, la distribution de légumes frais directement du producteur au consommateur, sur le modèle des Jardins de Cocagne à Genève, de l’Association Le Lopin Bleu à Neuchâtel ou Le Jardin potager à Prilly, qui ont supprimé les intermédiaires, sont-ils une solution d’avenir pour sauver la paysannerie ? « C’est une solution parmi d’autres, estime Pierre-André Tombez. Ces démarches permettent de supprimer non seulement les intermédiaires, mais aussi les transports sur de longues distances, de rapprocher consommateurs et producteurs, de mieux informer sur les modes de culture, de pratiquer des prix équitables. Mais ce sont des solutions confidentielles. A l’échelon national, Uniterre a demandé un prix équitable du lait, soit un franc par litre de lait produit aille au producteur. En juin de cette année, nous avons lancé un pacte pour une agriculture citoyenne, basée sur la souveraineté alimentaire. 130 candidats au Conseil national et aux Etats de toute la Suisse romande et provenant des différentes forces politiques, l’ont signé.