L’Eglise neuchâteloise propose de bénir les couples homosexuels

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L’Eglise neuchâteloise propose de bénir les couples homosexuels

10 décembre 2007
Mercredi, le parlement de l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN) décidera s’il approuve la position de son exécutif, favorable à une liturgie reconnaissant les couples de même sexe
Il y a un an, en décembre 2006, le Synode (parlement) de l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel chargeait le Conseil synodal (exécutif) de mener une réflexion de fond sur la possibilité d’offrir une liturgie aux couples de même sexe, liés par un partenariat enregistré. Durant toute cette année, des soirées de réflexion consacrées à ce thème ont réuni les paroissiens. Un groupe d’une douzaine de ministres de positions divergentes a permis d’échanger les points de vue lors de plusieurs rencontres et lors d’une journée d’étude, l’ensemble des pasteurs ont pu approfondir leur réflexion à partir des textes bibliques. Dans le rapport que le Conseil synodal soumet mercredi à l’approbation du parlement de l’Eglise, l’exécutif plaide pour que l’homosexualité soit désormais vue sous un autre angle que celui du péché ou de la maladie. Estimant que l’Eglise a un rôle à jouer dans les projets de partenaires enregistrés, l’exécutif est favorable à une liturgie qui comprenne la notion de bénédiction pour les couples de même sexe.

Le Conseil synodal plaide pour que le parlement de l’Eglise prenne une décision de principe à ce sujet, afin que les demandes de couples de même sexe ne soient pas laissées à l’arbitraire du pasteur sollicité. « Certains textes bibliques classent assez fortement l’homosexualité dans la liste des vices et, même parmi les personnes faisant preuve d’ouverture, l’idée qu’il est possible d’en guérir est encore répandue. Le Conseil synodal estime que l’on ne devrait plus aborder l’homosexualité en termes de péché ou de maladie, mais la reconnaître comme une orientation sexuelle et affective d’une minorité, pouvant être vécue de manière responsable dans une orientation chrétienne », explique Gabriel Bader, président du Conseil synodal. Ainsi, « on pourrait reconnaître que la complémentaire altérité voulue par Dieu peut se réaliser dans un couple homosexuel qui vit cette relation de manière chrétienne, dans une relation affective de qualité respectant l’autre », poursuit-il.

« Si l’on admet que les homosexuels peuvent être pasteurs dans l’Eglise neuchâteloise, au nom de quoi n’offrirait-on pas une liturgie de bénédiction pour ces couples ? L’Eglise doit répondre aux questions qui se posent dans la société d’aujourd’hui, et c’est une exigence de la foi que d’être présente dans la vie de ces personnes », précise le président du Conseil synodal. Si le parlement de l’Eglise adopte cette solution, il sera toutefois possible au pasteur qui n’est pas à l’aise avec ce type de demandes d’orienter les partenaires vers un collègue susceptible de les satisfaire.

Enfin, la liturgie concernant le mariage doit elle aussi être renouvelée, les textes liturgiques datant des années 1950 et réclamant aux époux de promettre l’obéissance et l’entretien de la famille n’étant plus utilisés. Le parlement pourrait charger le Conseil synodal de prévoir dans le cadre du programme de la législature 2008-2011 l’élaboration d’une nouvelle liturgie de mariage.

Gabriel Bader s’attend à ce que le débat de mercredi soit difficile. Plusieurs paroisses ont d’ores et déjà souhaité ne pas entrer en matière sur ce débat et décréter un moratoire afin de se donner le temps de la réflexion.