Vaud : Lionel Elkaïm fait connaître la communauté juive grâce au soutien de l’Etat
18 décembre 2007
Depuis le mois d’août, la communauté israélite de Lausanne et du canton de Vaud bénéficie d’un poste à plein temps financé par les subventions cantonales aux Eglises
Une nouveauté qui a permis de développer le dialogue avec les enfants scolarisés.C’est une nouveauté qui résulte de la mise en œuvre des nouvelles lois ecclésiastiques dans le canton de Vaud : un poste, pris sur les moyens propres alloués par l’Etat aux Eglises protestante et catholique (34 et 22,8 millions par an), profite désormais à la Communauté israélite de Lausanne et du canton de Vaud (CILV). Lionel Elkaïm, un israélite de 46 ans, qui a vécu sa jeunesse en France, l’occupe depuis quatre mois. Chargé de développer le dialogue inter-religieux lors de rencontres entre communautés, il a aussi pour rôle de présenter la communauté juive aux classes qui le souhaitent. « Ces demandes ont toujours existé, mais elles se sont multipliées au fil du temps. L’Etat veut aussi encourager le dialogue entre personnes de confessions différentes. L’attribution des fonds nécessaires pour créer ce poste témoigne d’une prise de conscience des Eglises catholique et protestante que l'on vit ensemble, que l'on se parle, que l'on veut construire un avenir commun et ne pas commettre à nouveau les erreurs du passé, qui furent catastrophiques pour les communautés juives d’Europe », explique-t-il. Interview.Votre communauté bénéficie désormais aussi des subventions versées par l’Etat de Vaud aux Eglises en échange de prestations destinées à la population. Cette intégration vous paraît-elle nécessaire, à l’heure où, selon certaines sources, l’antisémitisme marque 10% de la population suisse ?L’histoire de notre peuple fait que nous ne pouvons ignorer les dangers permanents. La vie à Lausanne est relativement tranquille, mais une certaine hostilité existe. Il y a quelques années, des vitraux ont été cassés à la synagogue, la plaque commémorative aux survivants de la Shoah a été taguée plusieurs fois. Je n’en parle pas aux jeunes qui viennent visiter la synagogue. Le danger est aujourd’hui d’ordre politique plus que d’ordre religieux, et j’estime que le conflit qui touche l’Etat d’Israël ne concerne pas directement la communauté. Ce n’est pas sa mission de prendre parti à ce sujet. Nous faisons notre travail si nous donnons à la cité un message d’ouverture par rapport aux autres croyances, notamment grâce à au poste que j’occupe.Quels sont les sujets abordés avec les classes que vous rencontrez ?Je me base sur les intérêts des élèves, en général âgés de dix à seize ans. Leurs questions portent sur des questions d’actualité, comme le devoir d’accompagner les personnes mourantes. Si le judaïsme manifeste le souci de partager la douleur des personnes en fin de vie, il ne partage pas le postulat revenant à dire qu’il n’y a plus de choix ou plus d’espoir. Tant que la personne est en vie, elle peut encore recouvrer ses forces et son sort n’est pas entre nos mains. On ne doit donc pas accélérer la disparition d’une personne par quelque moyen que ce soit ; en revanche, toutes les possibilités d’alléger ses souffrances doivent être utilisées. D’autres questions portent sur la résurrection, qui est une croyance fondamentale du judaïsme. Elle a des implications pratiques très contraignantes pour la communauté, comme l’interdiction d’incinération et la nécessité de disposer de sépultures permanentes, qui l’a obligée à disposer d’un nouveau cimetière au-dessus de l’hôpital de Cery. Les élèves nous interrogent aussi sur la place des hommes et des femmes dans la communauté, et notamment sur le fait qu’ils ne prient pas côte à côte. Je leur explique que cette tradition date du Temple de Jérusalem, où les hommes et les femmes priaient dans des cours différentes. Prier séparément résulte de notre souci de respecter l’endroit du culte. Il n’y a en effet pas de différence de droits entre hommes et femmes dans une communauté juive, mais chacun a des devoirs spécifiques. L’homme doit prier trois fois par jour à la Synagogue, des obligations que la femme n’a pas, mais qu’elle peut suivre. Au niveau familial par contre, il lui incombe de garder les traditions juives au sein du foyer et d’aider les autres au sein de la communauté.Comment vivez-vous la période de Noël ? Les enfants juifs participent-ils aux fêtes organisées dans le cadre scolaire ?Cela ne nous pose pas de problème, car nous vivons dans un environnement que l’on doit connaître et partager le rythme des gens qui nous entourent. Je fais confiance à la force des familles juives pour transmettre à l’intérieur des foyers le message de leur communauté, tout en comprenant qu'elles vivent sur deux calendriers, celui des fêtes juives et celui des fêtes chrétiennes.