Ordinateurs équitables : la ville de Genève montre la voie à suivre
20 mai 2008
Un an après le lancement de la campagne « High Tech-No Rights ? » encourageant à améliorer les conditions de travail dans l’industrie informatique, Pain pour le prochain et Action de Carême ont réalisé une nouvelle étude
Dell, Apple et d’autres marques ne s’investissent pas suffisamment pour améliorer les conditions de travail dans les usines de leurs fournisseurs chinois, constate-t-elle.Cinquante francs de plus pour disposer d’un ordinateur équitable : tel serait le prix à débourser pour assurer une durée de travail raisonnable aux ouvriers qui fabriquent nos équipements informatiques en Chine. Aujourd’hui, selon une nouvelle enquête réalisée dans sept usines du sud de la Chine fournissant Hewlett Packard, Dell, Apple et ACER, les ouvriers travaillent toujours entre 10 et 12 heures par jour, 6 à 7 jours par semaine. Chaque mois, ils effectuent entre 80 et 200 heures supplémentaires, ce qui est bien au-dessus des 36 heures autorisées par la loi chinoise. Les problèmes de santé (ventilation insuffisante, manipulation de produits toxiques sans protection, quotas de production intenables et amendes abusives, lorsque le rythme n’est pas tenu) subsistent. L’amélioration la plus importante concerne le salaire, puisque le nombre d’usines qui ne paient pas leurs ouvriers selon le salaire minium légal semble avoir baissé. Cette amélioration récente serait toutefois due à la pénurie de main-d’œuvre qu’ont connue les zones industrielles. Pour retenir les ouvriers, les directeurs d’usine ont été forcés d’améliorer leur politique salariale et, au minimum, de respecter la loi.
L’engagement des marques face aux abus commis dans les usines de leurs fournisseurs est variable. Si Hewlett-Packard a dégagé des ressources humaines et financières importantes pour mettre en œuvre son code de conduite et a accepté de divulguer la liste de ses fournisseurs, Dell stagne et s’engage assez peu après 4 ans d’audit en Chine. « Apple a accru le contrôle sur sa chaîne de production, mais refuse toujours d’en discuter avec les organisations non gouvernementales ou de donner des chiffres concrets », constate Chantal Peyer, responsable de politique de développement à Pain pour le prochain (PPP). « ACER niait les faits mais vient d’adopter un code de conduite, un changement de cap à suivre », poursuit-elle. Lanterne rouge, Fujitsu Siemens se contente d’un code de conduite lacunaire et reporte la responsabilité sur ses fournisseurs.
Les pouvoirs publics doivent aussi augmenter les pressions exercées sur les fabricants. La conseillère nationale PDC Lucrezia Meier-Schatz, présidente du Forum de fondation d’Action de Carême, demande que le Confédération inclue une référence aux conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) dans la révision de la loi fédérale sur les marchés publics, soulignant que plusieurs pays de l’Union européenne appliquent à leur politique d’achats le principe du développement durable. Au niveau local, la Ville de Genève est la première à exiger, pour les marchés publics, que ses fournisseurs remplissent un formulaire de responsabilité sociale. Ce formulaire certifie qu’ils appliquent les conventions fondamentales de l’OIT et indique les moyens vérifiant leur mise en œuvre dans les usines. S’il peut être prouvé qu’un des fournisseurs d’équipements informatiques ne respecte pas les conventions de l’OIT, l’administration municipale pourra révoquer les marchés passés avec lui et, depuis le 1er janvier 2008, le sanctionner d’une amende administrative pouvant s’élever à 60'000 francs, ainsi que l’exclure des marchés publics durant cinq ans. Pour PPP, la ville de Genève montre la voie à suivre.
Pain pour le prochain et son partenaire feront une nouvelle enquête sur la situation dans un an et proposeront aux firmes de s’engager dans un projet pilote de formation des ouvriers. A plus long terme, ils travailleront sur la politique d’achat des marques et s’intéresseront aux relations entre marques et sous-traitants.
L’engagement des marques face aux abus commis dans les usines de leurs fournisseurs est variable. Si Hewlett-Packard a dégagé des ressources humaines et financières importantes pour mettre en œuvre son code de conduite et a accepté de divulguer la liste de ses fournisseurs, Dell stagne et s’engage assez peu après 4 ans d’audit en Chine. « Apple a accru le contrôle sur sa chaîne de production, mais refuse toujours d’en discuter avec les organisations non gouvernementales ou de donner des chiffres concrets », constate Chantal Peyer, responsable de politique de développement à Pain pour le prochain (PPP). « ACER niait les faits mais vient d’adopter un code de conduite, un changement de cap à suivre », poursuit-elle. Lanterne rouge, Fujitsu Siemens se contente d’un code de conduite lacunaire et reporte la responsabilité sur ses fournisseurs.
Les pouvoirs publics doivent aussi augmenter les pressions exercées sur les fabricants. La conseillère nationale PDC Lucrezia Meier-Schatz, présidente du Forum de fondation d’Action de Carême, demande que le Confédération inclue une référence aux conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) dans la révision de la loi fédérale sur les marchés publics, soulignant que plusieurs pays de l’Union européenne appliquent à leur politique d’achats le principe du développement durable. Au niveau local, la Ville de Genève est la première à exiger, pour les marchés publics, que ses fournisseurs remplissent un formulaire de responsabilité sociale. Ce formulaire certifie qu’ils appliquent les conventions fondamentales de l’OIT et indique les moyens vérifiant leur mise en œuvre dans les usines. S’il peut être prouvé qu’un des fournisseurs d’équipements informatiques ne respecte pas les conventions de l’OIT, l’administration municipale pourra révoquer les marchés passés avec lui et, depuis le 1er janvier 2008, le sanctionner d’une amende administrative pouvant s’élever à 60'000 francs, ainsi que l’exclure des marchés publics durant cinq ans. Pour PPP, la ville de Genève montre la voie à suivre.
Pain pour le prochain et son partenaire feront une nouvelle enquête sur la situation dans un an et proposeront aux firmes de s’engager dans un projet pilote de formation des ouvriers. A plus long terme, ils travailleront sur la politique d’achat des marques et s’intéresseront aux relations entre marques et sous-traitants.