Les vacances spirituelles ont la cote

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Les vacances spirituelles ont la cote

14 juillet 2008
Sur les rayons touristiques des librairies, les guides de séjours spirituels et de pèlerinage figurent en bonne place

Le plus connu des chemins, celui de Compostelle, est pris d’assaut à la belle saison et on ne compte plus les ouvrages où des pèlerins racontent leur expérience entre France et Espagne. Mais qu’est-ce donc qui pousse les gens à choisir des vacances spirituelles ? Entretien avec Laurent Amiotte-Suchet, sociologue à l’Observatoire des religions de l’Université de Lausanne.

Un projet personnel

Ceux qui troquent le séjour balnéaire contre une retraite dans un monastère disent éprouver le besoin de se retrouver eux-mêmes sans les artifices et le stress de la vie quotidienne. Prendre le temps de s’écouter à défaut de parler – certains monastères hôtes vivent dans le silence – , permettrait de faire le point sur sa vie afin d'être vraiment sûr de l’orientation qu’on souhaite lui donner. « J’ai besoin de ce temps dans l’année où rien ni personne ne me distrait. Un temps pour être plutôt que faire. Cela me régénère et renforce ma dimension spirituelle » confie Anne, infirmière.

Cette aspiration, cette recherche individuelle, dans un site religieux ou sur un chemin révèlent quelque chose de la foi contemporaine. Laurent Amiotte-Suchet, sociologue à l’Observatoire des religions de l’Université de Lausanne, a longuement travaillé sur le pèlerinage, partageant même le quotidien des brancardiers accompagnant les malades à Lourdes : « Ces nouvelles pratiques correspondent à l’évolution du fait religieux dans nos sociétés occidentales. Un changement d’attitude apparaît dès la seconde moitié du 20ème siècle : on n’appartient plus à l’Eglise pour les mêmes raisons. Les gens ont pris de la distance par rapport à l'institution, ils se posent des questions. Chacun veut choisir son appartenance religieuse, elle devient un projet personnel plutôt qu’un héritage à préserver », note le sociologue.

Pour le silence ou l'échange

Au centre de cette réappropriation individuelle du religieux s’épanouit la notion de méditation, nouvelle en milieu chrétien, au cours de laquelle on veut pouvoir affiner le choix d’une religion pour se l'approprier véritablement. Dès lors, les monastères, lieux baignés d’histoire, deviennent des endroits propices à cette recherche personnelle. «Certains les choisiront silencieux, pour mieux se connecter à eux-mêmes. D’autres, au contraire, privilégient l’échange, la confrontation d’expériences et tiennent à dire pourquoi ils sont là », poursuit Laurent Amiotte Suchet. A Lourdes par exemple, les prêtres sont désormais en retrait, laissant largement la parole aux laïcs.

« Le pèlerinage n’a plus rien à voir avec le devoir religieux qu'on accomplissait autrefois». Les paroissiens ne se contentent plus d’écouter, ils s’expriment, ne vivant plus la religion dans un rapport d’autorité à l’Eglise. Comme le souligne Danièle Hervieu-Léger dans "Le pèlerin et le converti" , « la figure du pratiquant tend à changer de sens : en même temps qu’elle prend ses distances par rapport à la notion d’obligation fixée par l’institution, elle se réorganise en termes d’impératifs intérieurs, de besoin et de choix personnel ».

Ainsi, celui qui dit « Je crois parce que mes pères ont cru » se fait plus rare, alors que le nombre des pèlerins et des convertis est en progression, selon le sociologue. Pour le pèlerin, la quête de l’absolu, toute personnelle, poursuivie en-dehors de l’institution, est plus importante que le but à atteindre. «La spiritualité est un cheminement permanent, sans aucune certitude, alors que le converti découvre la foi à un moment précis dont il se souvient très exactement. Il vit sa conversion comme une rupture avec sa vie d’avant », conclut Laurent Amiotte-Suchet.

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