Dans son dernier livre, Jean-Claude Guillebaud plaide pour un monde métis
28 juillet 2008
Dans son dernier livre, « Le commencement d’un monde », qui sort en août prochain, Jean-Claude Guillebaud pourfend avec vigueur la thèse apocalyptique du choc des civilisations émise par Samuel Huntington
Plutôt que de céder au pessimisme, voire au catastrophisme face au déclin de l’hégémonie occidentale, Jean-Claude Guillebaud parie sur une modernité métisse, faite d’un tissage inventif de différences, de contradictions, d’interpénétration de cultures, d’où pourrait surgir un monde nouveau, polyphonique, mais radicalement différent de celui qu’on a connu jusqu’ici.L’auteur du best-seller « La force de conviction » explore cette fois-ci le désarroi contemporain face au monde occidental sur le déclin. Le constat de l’écrivain est sans appel : la modernité produite par l’Occident a cessé de rayonner sur le reste de la terre, comme elle l’avait fait pendant quatre siècles, en dépit des crimes et des massacres qui l’accompagnaient et qu’on a tendance à occulter. Le message universaliste se résume aujourd’hui à une injonction à consommer toujours plus, à une impitoyable logique de compétition et un individualisme forcené et sans âme. Cette idéologie est à la mesure du délabrement culturel contemporain et de l’arrogance occidentale, estime Jean-Claude Guillebaud. L’ancien grand reporter français pourfend aussi toutes les belles certitudes égalitaristes, laïques, progressistes, individualistes, raisonnables et critiques, qui donnent bonne conscience mais qui ont souvent des effets pervers. Elles ne sont que le dernier avatar d’une arrogance occidentale et judéo-chrétienne réinventée. « Universaliser ces principes, vouloir les imposer partout dans le monde, ne serait-ce pas là une sorte de néo-colonialisme ? ».
Jean-Claude Guillebaud rappelle que l’occidentalisation trop rapide suscite, à terme, un rejet dont le degré de violence est proportionnel à la brusquerie de l’agression. « Tout se passe comme si les peuples acceptaient mal d’être arrachés de force et si vite aux lentes maturations historiques. A l’ouragan du changement répond alors le tonnerre du refus. Les traditions se cabrent contre un « nouveau », importé du dehors, dès lors qu’il se fait trop pressant ».
Jean-Claude Guillebaud revisite les différents courants de civilisation, de l’Afrique à la Chine et de l’Inde à l’Amérique latine, pour démontrer comment, au lieu de s’entrechoquer, ils se rencontrent peu à peu, se rapprochent, parfois dans la douleur et la violence, il est vrai.
Son analyse des influences croisées de la mondialisation du religieux est tout particulièrement pertinente et significative d’une évolution inéluctable. La redistribution géographique des grandes spiritualités a inversé les courants : à l’athéisme agressif des Occidentaux, qui prônent aujourd’hui une laïcité à tous crins après avoir apporté la Bonne Nouvelle partout dans le monde, correspond la progression rapide et continue du message évangélique dans les pays autrefois évangélisés du Sud.
De toutes ses pérégrinations à travers les civilisations et les continents et de ses confrontations avec des textes de philosophes, d’anthropologues et d’écrivainsd’hier et d’aujourd’hui, de l’Occident et du monde entier, Jean-Claude Guillebaud tire la conclusion que le monde de demain sera métis et pluriel, envers et contre les crispations de toute nature, et qu’il appartient à celles et ceux qui ne s’enferment pas dans des certitudes dogmatiques mais s’ouvrent à une quête permanente faite d’interrogations, de doutes, de recherches inventives. Un monde nouveau est à inventer. Loin du chaos prédit par les ultraconservateurs américains notamment, qui privilégient une vision apocalyptique, sans lever le petit doigt pour construire un autre monde, plus vivable pour tous, un monde avec un supplément d’âme. Un doux rêveur, Jean-Claude Guillebaud ? Un homme lucide, à la critique féroce et à l’espoir chevillé au corps !Jean-Claude Guillebaud, le commencement d’un monde, 391 pages, août 2008, éditions le Seuil. En librairie à partir du 20 août 2008.
Jean-Claude Guillebaud rappelle que l’occidentalisation trop rapide suscite, à terme, un rejet dont le degré de violence est proportionnel à la brusquerie de l’agression. « Tout se passe comme si les peuples acceptaient mal d’être arrachés de force et si vite aux lentes maturations historiques. A l’ouragan du changement répond alors le tonnerre du refus. Les traditions se cabrent contre un « nouveau », importé du dehors, dès lors qu’il se fait trop pressant ».
Jean-Claude Guillebaud revisite les différents courants de civilisation, de l’Afrique à la Chine et de l’Inde à l’Amérique latine, pour démontrer comment, au lieu de s’entrechoquer, ils se rencontrent peu à peu, se rapprochent, parfois dans la douleur et la violence, il est vrai.
Son analyse des influences croisées de la mondialisation du religieux est tout particulièrement pertinente et significative d’une évolution inéluctable. La redistribution géographique des grandes spiritualités a inversé les courants : à l’athéisme agressif des Occidentaux, qui prônent aujourd’hui une laïcité à tous crins après avoir apporté la Bonne Nouvelle partout dans le monde, correspond la progression rapide et continue du message évangélique dans les pays autrefois évangélisés du Sud.
De toutes ses pérégrinations à travers les civilisations et les continents et de ses confrontations avec des textes de philosophes, d’anthropologues et d’écrivainsd’hier et d’aujourd’hui, de l’Occident et du monde entier, Jean-Claude Guillebaud tire la conclusion que le monde de demain sera métis et pluriel, envers et contre les crispations de toute nature, et qu’il appartient à celles et ceux qui ne s’enferment pas dans des certitudes dogmatiques mais s’ouvrent à une quête permanente faite d’interrogations, de doutes, de recherches inventives. Un monde nouveau est à inventer. Loin du chaos prédit par les ultraconservateurs américains notamment, qui privilégient une vision apocalyptique, sans lever le petit doigt pour construire un autre monde, plus vivable pour tous, un monde avec un supplément d’âme. Un doux rêveur, Jean-Claude Guillebaud ? Un homme lucide, à la critique féroce et à l’espoir chevillé au corps !Jean-Claude Guillebaud, le commencement d’un monde, 391 pages, août 2008, éditions le Seuil. En librairie à partir du 20 août 2008.