Crêt-Bérard: parler de sexualité avec ses ados
La théologie mène à tout, le parcours de Réjane Marti en témoigne. Alors qu’elle étudie la théologie, la jeune femme est appelée à célébrer des mariages d’amis et de collègues. Elle réalise qu’elle est mal outillée pour accompagner les jeunes mariés et choisit de suivre une formation de thérapeute de couple, selon la méthode Imago. Elle ouvre un cabinet à Pully (VD). Mère de trois enfants en bas âge, la jeune femme n’hésite pas à ajouter une corde à son arc et accomplit une troisième formation en sexologie clinique. La rencontre avec le psychopédagogue Jean Schaer va donner à sa carrière une nouvelle orientation. Déçu par un atelier pères-fils qu’îl avait suivi en compagnie de son fils adolescent, Jean Schaer fait part de ses impressions mitigées à Réjane Marti. Les deux professionnels décident de mettre au point un atelier destiné aux mères-filles et aux pères-fils, souvent en manque de repères pour aborder les questions concernant la sexualité. Pas question pour les deux animateurs d’encourager les parents à s’immiscer dans l’intimité de leurs enfants en pleine puberté. Ils souhaitent favoriser un dialogue respectueux dans un climat de confiance, partager des informations et mettre des mots sur des sensations et des émotions nouvelles propres à l’adolescence.
« Nous avons constaté que les duos parent-enfant, qui ont choisi en toute liberté de suivre l’un de nos ateliers, tissent entre eux une relation complice, assez émouvante. Chacun y trouve son compte. Les jeunes mettent spontanément les limites qui leur semblent confortables, pour aborder avec leurs parents les thèmes de l’amour, de la relation à l’autre sexe, de la masturbation, des transformations qu’ils vivent à la puberté », explique Réjane Marti. Jean Schaer enchaîne : « Nous encourageons les jeunes à se découvrir, à apprivoiser leur ressenti et à se responsabiliser, nous cherchons à les soulager de toute culpabilité concernant leur sexualité. « Est-ce que je suis normal ? », est une question que les jeunes posent fréquemment souvent dans nos ateliers. Nous les encourageons aussi à cultiver leur imaginaire. On s’est aperçu qu’à travers la pornographie, omniprésente dans notre société, l’imaginaire érotique des jeunes s’était appauvri ».
Riche de son expérience avec les adolescents dans le cadre de son travail à l’Office des écoles en santé du canton de Vaud, Jean Schaer tient à toujours utiliser les mots justes concernant la sexualité. Des mots vrais que les jeunes connaissent souvent déjà, grâce aux cours d’éducation sexuelle de ProFa, donnés dans les écoles.