L'AVS a 60 ans: les seniors, une force économique ou un poids?

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L'AVS a 60 ans: les seniors, une force économique ou un poids?

1 octobre 2008
Les seniors « se doreraient au soleil » , comme le laisse entendre un stéréotype concernant les rentiers
Des voix s’élèvent pour leur reprocher de mettre en péril les rentes à venir et de coûter trop cher aux actifs du pays. D’autres rappellent que les réserves de l’AVS ont atteint un record absolu en 2007. Pour faire le point sur la controverse, l’Université de Troisième âge du canton de Vaud (Connaissance 3) organiseun débat le 2 octobre, dans le cadre des festivités qui marqueront les soixante ans de l’AVS. Entretien avec le sociologue Roland Campiche, président du Conseil de fondation de Connaissance 3.« Vous allez nous coûter beaucoup trop cher, nous n’aurons plus rien quand viendra notre tour d’être à la retraite » : le reproche est souvent fait aux rentiers qui viennent de prendre leur retraite.C’est oublier un peu vite que ces nouveaux retraités ont cotisé pendant environ 45 ans et assuré les retraites de leurs aînés. Il est vrai qu’on vit aujourd’hui plus longtemps et que les gens sont en général en meilleure santé. Les spécialistes de la démographie médicale estiment la durée de vie moyenne à 94 ans. Les retraités vivent en général dans de meilleures conditions financières qu’il y a 20 ou 30 ans. Mais les moyennes cachent des situations précaires qu’améliore en partie l’octroi de prestations complémentaires AVS-AI.

Il faut rappeler que la plus grande garderie de Suisse est assurée par les seniors, c’est-à-dire par les grands-parents. Cette réalité a été vérifiée par un important programme mené par le Fonds national de la recherche. Ce sont eux encore qui accompagnent les aînés les plus âgés. Enfin ce sont aussi des seniors qui forment le gros du bataillon des bénévoles. La solidarité doit fonctionner dans l’enchaînement des générations. Nous avons assuré l’AVS des générations d’avant, certains parfois depuis leurs 16 ans, soit leur entrée en apprentissage. Il faut absolument casser les stéréotypes, c’est à quoi nous nous employons, notamment en proposant une formation continue aux aînés.Le vieillissement de la population est toutefois problématique pour les finances de l’AVS. Le conseiller fédéral Pascal Couchepin estime qu’il va falloir encore repousser l’âge de la retraite à 70 ans.Monsieur Couchepin a mal communiqué, mais sur le fond, il a raison. Le vieillissement de la population est inéluctable. Quand commence la vieillesse ? C’est très personnel pour chacun d’entre nous. Les retraités ont désormais encore 25 ans à vivre. Il faut trouver l’argent pour assurer ces 25 ans. Mais il faudrait toutefois tenir compte de la pénibilité du travail et prévoir une flexibilité de l’âge de la retraite en fonction de cette pénibilité. Vous dites qu'il est plus nécessaire que jamais d’assurer aux seniors une formation continue.Une formation continue est d’autant plus nécessaire que l’on vit plus longtemps. Les seniors doivent pouvoir actualiser et rafraîchir leurs connaissances afin d’être capables de saisir les enjeux actuels de notre monde, de développer une distance critique face au flot d’informations, afin de rester des citoyens responsables. La formation continue des seniors est une tâche de l’Etat, mais elle n’est pas encore inscrite dans la loi, ni sur le plan cantonal, ni sur le plan fédéral. Ceux qui élaborent une nouvelle loi sur le paysage universitaire suisse devront tenir compte de cette nouvelle donne. Pour le moment, les 80 bénévoles qui travaillent pour Connaissance 3 font faire des économies à l’Etat. Notre budget est de 400'000 francs. Nous recevons 20'000 francs de subventions du canton de Vaud. Sans les contributions de la Loterie romande et de fondations privées, on boirait la tasse !