Jour de la Toussaint: des funérailles exactement comme on l'entend

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Jour de la Toussaint: des funérailles exactement comme on l'entend

22 octobre 2008
Organiser à l’avance ses funérailles est une pratique de plus en plus courante
Ceux qui prévoient et paient leurs obsèques de leur vivant ne veulent causer ni soucis ni dépenses à ceux qui restent. La prévoyance funéraire en vogue aujourd’hui reflète la culture de l’individualisme, propre à notre société. A moins qu’elle ne témoigne d’un manque de confiance face à l’affaiblissement du sens de la solidarité entre générations. « C’est pas pour tout de suite, mais je viens me renseigner pour mon enterrement ». Elles ne sont pas rares, les personnes qui débarquent à la réception d’une entreprise de pompes funèbres pour demander un devis, passer un contrat de prévoyance funéraire afin de s’assurer qu’elles seront inhumées ou incinérées selon leurs vœux, mais aussi et surtout pour éviter des démarches à leurs proches. Certains vont toutefois jusqu’à rédiger à l’avance leur propre faire-part de deuil. D’autres précisent qu’ils ne veulent pas de service religieux, voire pas de cérémonie du tout. « Je ne veux pas de chichi pour mon enterrement, mettez-moi juste dans le trou ! », précise à sa famille ce vieil homme désabusé de plus quatre-vingts ans, qui vit replié sur sa solitude depuis que sa femme est morte.

En parcourant les avis mortuaires dans les quotidiens, on s’aperçoit que le caractère quasi-confidentiel de certaines cérémonies funèbres, réservée à un cercle restreint, est pratique de plus en plus courante. On lit souvent ce genre de phrase: « Selon le désir du défunt, l’incinération a eu lieu dans la stricte intimité ». Quand des amis d’un défunt découvrent dans le journal un avis mortuaire annonçant que l’enterrement a eu lieu la veille dans la plus stricte intimité, ils se sentent souvent désemparés et tristes de n’avoir pas pu lui rendre un dernier hommage. Certaines personnes vont jusqu’à préciser dans les instructions concernant leurs funérailles, qu’elles ne veulent en aucun cas qu’on évoque leur parcours de vie, ce qui rend leurs obsèques terriblement anonymes et impersonnelles.

« Régler ses propres funérailles jusque dans les moindres détails est une pratique qui ligote les vivants et les prive de toute parole, regrette une pasteure vaudoise. Cela signifie qu’on ne tient pas compte des vivants qui sont pris entre leur loyauté envers le défunt et leurs propres besoins ». Et la pasteure d’ajouter : « Devant la mort, tous les gestes des proches, toutes les paroles d’espérance, tous les rituels sont des appuis précieux pour ceux qui sont dans la peine. Les funérailles devraient servir avant tout aux vivants pour leur permettre d’entamer un deuil, de trouver les gestes, les mots et les rituels qui peuvent les aider ».

« Les dernières volontés d’un défunt, couchées noir sur blanc dans un testament ou un contrat de prévoyance funéraire, surprennent parfois l’entourage de la personne décédée », relève Olivier Barras, employé des Pompes funèbres officielles de la ville de Lausanne; des familles endeuillées choisissent parfois de ne pas respecter à la lettre les vœux exprimés pour des raisons sociales et affectives, car elles ne souhaitent pas enterrer leur parent en catimini ». L’homme de métier fait remarquer qu’à la campagne, contrairement aux régions urbanisées, il est rare d’enterrer quelqu’un dans l’intimité. « La question ne se pose en général pas. Tout le monde se connaît. Quand une personne s’en va, tout le village assiste à ses funérailles et lui rend hommage ».