Les milieux chrétiens disent non au diagnostic préimplantatoire. Seules les femmes PDC défendent un assouplissement en la matière

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Les milieux chrétiens disent non au diagnostic préimplantatoire. Seules les femmes PDC défendent un assouplissement en la matière

19 mai 2009
Les milieux chrétiens, réformés comme catholiques, disent clairement non au diagnostic préimplatatoire
Seules les femmes du parti démocrate-chrétien (PDC) y sont favorables. Le PDC avait vécu le même scénario au moment du débat sur l'avortement en 2002 (solution des délais). Le peuple avait finalement accepté cette pratique en juin 2002.

« Il s'agit de ne pas brusquer les différentes sensibilités dans ce domaine », a indiqué l'ancienne conseillère aux Etats PDC, la Jurassienne Madeleine Amgwerd. Favorable au diagnostic préimplantatoire (DPI) comme la majorité des femmes PDC, elle juge trop cruel de laisser des parents dans l'ignorance de l'état de santé de leur éventuel futur enfant.

Droit à la différence

A l'inverse, des voix s'élèvent dans les organisations s'occupant d'handicapés pour revendiquer le droit des parents d'élever des enfants différents, a relevé la conseillère aux Etats Gisèle Ory (PS/NE), la directrice sortante de Pro Infirmis Neuchâtel. « Ces personnes estiment qu'il s'agit d'éviter une société trop policée, où le droit à la différence a disparu », a poursuivi la future conseillère d'Etat.
Lors des débats aux Chambres fédérales, Mme Ory avait défendu comme une majorité de socialistes la liberté de choix des parents. « Au sein de Pro Infirmis, ma position ne choque pas », a-t-elle relevé.
Les différents partis d'obédience chrétienne comme le parti évangélique (PEV), l'Union démocratique fédérale (UDF) et le parti démocrate-chrétien (PDC) refusent le DPI au nom de la protection de la vie et de la dignité humaine. La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) dit également non. Cette organisation n' a pas une position de principe contre les biotechnologies. Mais elle juge les dangers de l'usage du DPI, prévu dans la révision de la loi, trop grands en regard des progrès que les initiants du projet font « miroiter », selon elle.

Trop peu de maladies concernées, selon la FEPS

« Peu de maladies sont décelables sur un embryon. De nombreuses maladies invalidantes se développent plus tardivement », a relevé Christina Tuor, directrice de l'Institut de théologie et d'éthique de la FEPS. « Les maladies, qui pourront entraîner la destruction d'un embryon, n'ont pas été définies. Et aucune distinction n'est faite entre maladie et infirmité. En outre, ce projet de loi est rédigé en privilégiant le point de vue des parents au détriment de celui de l'enfant à venir », a-t-elle poursuivi.
Trouver une majorité en faveur du compromis élaboré par le Conseil fédéral ne sera pas chose aisée tant le diagnostic préimplantatoire fait naître des positions controversées. A l'issue de la procédure de consultation, qui s'est terminée lundi, trois front se dessinent sans qu'aucune majorité claire ne se fasse jour: les partisans du statu quo, c'est-à-dire l'interdiction du DPI, ceux qui jugent la révision trop restrictive et ceux qui sont derrière le projet du Conseil fédéral.
En 2005, le parlement avait accepté une motion visant à lever l'interdiction qui frappe actuellement le diagnostic préimplantatoire des embryons fécondés in vitro. Le conseiller aux Etats Luc Recordon (Verts/VD), souffrant d'un grave handicap, avait marqué les esprits, quand il avait déclaré à la tribune du parlement : « J'aurais préféré ne pas naître » pour favoriser la levée de l'interdiction du diagnostic préimplantatoire.

Projet trop timide

Les libéraux comme l'Académie suisse des sciences médicales jugent eux que le projet est trop timide. Selon cette dernière, les limites sont telles que la nouvelle réglementation en devient impraticable. Même la commission nationale d'éthique pour la médecine humaine considère que la limite légale actuelle de trois embryons pour la procréation in vitro est trop faible pour permettre une véritable application du DPI, selon une prise de position détaillée de 2007.
Le DPI consiste à analyser le patrimoine génétique d'un embryon conçu in vitro. Cette technique, qui existe depuis 1990, permet de déceler des anomalies responsables de maladies héréditaires graves. Le projet de loi n'autorise pas las détection de maladies comme la trisomie, la sélection du sexe de l'enfant ou le développement d'un « bébé-médicament », permettant de venir en aide à un enfant déjà né.
Le projet du Conseil fédéral veut limiter les interventions à quelques maladies extrêmement invalidantes, pouvant survenir avant cinquante ans et pour lesquelles il n'existe pas de thérapies. Les parents auraient leur mot à dire à chaque étape du processus.
Le DPI est autorisé dans une majorité de pays européens et dans la plupart des Etats des Etats-Unis. Au nom de principes éthiques, il reste interdit en Allemagne, en Italie et en Autriche.