Coup de sac à la tête de l'Eglise réformée vaudoise (EERV): Antoine Reymond sèchement remercié

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Coup de sac à la tête de l'Eglise réformée vaudoise (EERV): Antoine Reymond sèchement remercié

27 juin 2009
L'Eglise réformée vaudoise (EERV) s'est dotée d'un nouvel exécutif samedi à Lausanne
Le seul pasteur sortant Antoine Reymond a été sèchement remercié par le synode (parlement). Les ministres Xavier Paillard et Jean-Michel Sordet, qui s'étaient inclinés face à M. Reymond en 2004, font leur entrée en force.

Troisième ministre à être élue, Line Dépraz est la première femme pasteure à s'installer à l'exécutif de l'Eglise réformée vaudoise. Celui-ci sera également présidé pour la première fois par une femme, Esther Gaillard, une laïque. M. Paillard a pris le poste de vice-président.
« C'est la deuxième fois en une vingtaine d'années qu'un ministre sortant n'est pas réélu », a expliqué Olivier Leuenberger, le président sortant du synode. Partiellement attendue, la défaite du seul salarié à temps complet du conseil synodal n'en reste pas moins cinglante: M. Reymond a récolté 25 voix sur 86.

« Merci Antoine »

« Merci Antoine, a dit le pasteur Pierre Farron. Il est temps de t'arrêter ». Quant au pasteur Jean-Marie Thévoz, il a plaidé pour une EERV « délivrée du passif d'Antoine Reymond ». L'ancien homme fort des protestants vaudois a cristallisé de solides rancoeurs. Ses adversaires ont stigmatisé son "goût du pouvoir", son "omniprésence dans les médias", son "travail en solitaire" et sa gestion "autoritaire" des rapports professionnels, qui auraient incité certains collaborateurs à donner leur démission.
Les délégués de l'Etat au sein du synode ont en revanche plaidé pour la réélection des trois rescapés de l'équipe sortante, M. Reymond et les deux laïques Max Blaser et Pascale Gilgien. Pensant au temps nécessaire à la formation des nouveaux venus, l'ancien conseiller d'Etat, Charles-Louis Rochat a relevé que « les travaux en cours ne peuvent pas souffrir de retard », en particulier les conventions de subventionnement et le règlement d'occupation des cures.

Transition rapide

Les délégués du canton ont été partiellement entendus: Max Blaser et Pascale Gilgien ont été réélus au premier tour à des scores quasiment soviétiques de 81 et 82 voix. En place depuis trois ans et un an, ils seront les seuls avec le chancelier à assurer la continuité.
Quant à la période de transition entre les deux équipes, « le règlement n'en précise pas la durée, a relevé M. Reymond. M. Paillard a dit vouloir le faire rapidement, avant le mois de septembre ».
La répartition des postes et des pourcentages de travail au sein du nouveau conseil synodal sera définie « après une retraite », a expliqué M. Blaser. Comme le temps de travail octroyé à l'exécutif a été augmenté de 280% à 400%, celui-ci pourrait à l'avenir compter deux membres à plein temps contre un précédemment.
En annonçant son retrait après le premier tour, M. Reymond a relevé que les différences de vue au sein de l'Eglise ne vont pas disparaître pour autant. Il a invité les groupes qui auraient des positions divergentes à « ne pas se figer dans une opposition systématique » à l'encontre du conseil synodal et « à ne pas former un clan ».
Quant à son avenir professionnel, M. Reymond va d'abord prendre du recul avant d'envisager ce qu'il peut faire au sein de l'EERV ou ailleurs. En quittant le conseil synodal, il devrait aussi abandonner à terme la présidence de la Conférence des Eglises protestantes de Suisse romande (CER) ainsi que son siège à la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS).

Une direction sans diacre

Xavier Paillard et Jean-Michel Sordet , deux ministres de coordination, ont été élus au premier tour à la majorité absolue avec 46 et 55 voix; la pasteure Line Dépraz au 2e tour à la majorité relative par 38 voix. Le conseil synodal ne compte désormais plus de diacre. Les trois nouveaux élus entendent travailler en équipe et soigner la communication autant à l'interne qu'à l'externe.
Mme Line Dépraz s'était présentée sur un ticket avec le pasteur Jean-Daniel Ramelet et la laïque Geneviève Lavanchy. Un nouveau laïque a également été élu: Rémy Pingoud.

La question évangélique

Le candidat évangélique, le pasteur Pierre Bader, a récolté 13, puis 8 voix. A ses yeux, sa non-élection ne va pas évacuer plusieurs questions comme celle de la place des évangéliques au sein l'EERV et de leur représentation. « L'EERV a envoyé plusieurs signaux de rejet à l'encontre des évangéliques ces derniers temps », a-t-il rappelé.