Les femmes victimes de la traite des êtres humains bénéficient désormais de l'aide au retour

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Les femmes victimes de la traite des êtres humains bénéficient désormais de l'aide au retour

22 septembre 2009
Les femmes victimes de la traite des êtres humains bénéficient désormais de l'aide au retour. Neuf d'entre elles en provenance d'Europe de l'Est et d'Amérique du Sud ont déjà pu profiter de ce programme. Le Centre d’assistance aux migrantes et aux victimes de la traite de femmes (FIZ) en Suisse les a raccompagnées chez elles.

Ces femmes veulent rentrer chez elles pour la plupart, car elles ont de la famille qu'elles souhaitent retrouver, a expliqué à ProtestInfo Doro Winkler du FIZ, basé à Zurich. Eva Danzl, une des collaboratrices de cette organisation, a suivi une femme qui a regagné son pays d'origine, le Brésil. Celle-ci était exploitée dans un bordel en Suisse alémanique. Elle a témoigné avec d'autres prostituées contre les hommes qui les avaient contraintes à cette activité. Elles ont ensuite été invitées à quitter le territoire suisse.

Monica* a répondu à une offre d'emploi en Suisse parce qu'elle n'arrivait plus à payer l'hypothèque de son appartement au Brésil. Après de fausses promesses professionnelles, elle s'est retrouvée à travailler comme prostituée. Son retour au Brésil a été très difficile. Au lieu de rentrer en ayant amélioré sa situation, elle s'est retrouvée avec des dettes encore plus importantes qu'avant son départ, a écrit Mme Danzl dans la dernière publication du FIZ, « Rundbrief 44 ».

Aussitôt arrivée à l'aéroport de Rio, la police l'a emmenée à l'écart et fouillée. Avec d'autres femmes dans la même situation, elles ont été emmenées sans avoir pu entrer en contact avec leur famille. Monica a ensuite dû rentrer par ses propres moyens, dans une ville qui se trouve à plusieurs heures de bus de Rio. Sans l'argent d'aide au retour, elle n'aurait même pas eu de quoi payer son billet, a relevé Mme Danzl.

Les retrouvailles avec la famille ne se sont pas bien passées. Sa famille et ses voisins n'ont pas compris ce qui lui était arrivé en Suisse tandis que l'histoire de Monica a fait la une de la presse locale. Elle a repris tant bien que mal une activité de coiffeuse à domicile, mais elle ne gagne pas suffisamment d'argent pour élever son fils de 11 ans et faire face à ses dettes. Elle n'a pas non plus les moyens de recourir à un médecin ou à un psychiatre, malgré son état traumatique.

Aide axée sur le retour

Les retours restent difficiles, mais dans ce cadre contraignant, le FIZ estime que l'aide au retour est positive: ces femmes bénéficient de 1000 francs ou de 3000 francs si elles ont un projet de formation. Le FIZ regrette en revanche que la Confédération ne soit pas davantage impliquée dans un soutien à ces femmes en Suisse, a relevé Mme Winkler. « Le soutien n'est axé que sur le retour de ces femmes dans leur pays d'origine », a-t-elle poursuivi.

Boris Mesaric, responsable du service de coordination contre la traite d'êtres humains et le trafic de migrants (SCOTT) au sein de l'Office fédéral de la police (Fedpol), nuance les propos de Mme Winkler. « La loi fédérale sur les étrangers prévoit l’octroi d’autorisations de séjours durables pour les victimes, lorsque cela s’avère nécessaire en raison de leur situation personnelle. D’autre part, les victimes ont droit à un conseil et un soutien personnalisés, conformément à la Loi fédérale sur l’aide aux victimes d’infractions (LAVI)», a précisé une des porte-paroles de Fedpol, Eva Zwahlen, à ProstestInfo.

En Suisse, 28 jugements ont été rendus dans des affaires qui concernaient la traite d'êtres humains entre 2002 et 2006. Les jugements pour un encouragement à la prostitution ont été plus nombreux avec 58 affaires jugées pendant la même période. Pour la première fois, un jugement a été prononcé à Soleure pour traite des femmes, une "victoire", selon Rolf von Felten, juge d'instruction dans ce canton où ce genre de cas est fréquent, mais dont ceux qui parviennent devant la justice sont rares.

Pointe de l'iceberg

Et c'est justement là où le bât blesse. « La lutte contre la drogue est mieux coordonnée par exemple que celle contre la traite des êtres humains », a expliqué M. Mesaric. Selon les données statistiques de la police fédérale, le nombre de personnes victimes de la traite des êtres humains en Suisse a été évalué entre 1500 et 3000 en 2002, une extrapolation faite sur la base des cas recensés dans les pays voisins. L'an dernier, 160 femmes ont fait appel au FIZ, la seule organisation qui s'occupe des femmes victimes de ce genre de commerce en Suisse, principalement active en Suisse alémanique.

Car pour ces personnes, aller dénoncer les individus qui les tiennent sous leur joug comporte de grands risques pour leur vie. Or seul le FIZ a le « know how » en la matière. En Suisse romande, les centres LAVI jouent ce rôle dans une certaine mesure ou le foyer « Au Coeur des Grottes » à Genève, mais ce n'est pas suffisant, a précisé le directeur du SCOTT.

Un des objectifs du SCOTT est précisément la mise en place d’une aide spécialisée pour les victimes de la traite des êtres humains en Suisse romande. D’autre part, le SCOTT s'est attelé à soutenir les cantons pour permettre à la justice, à la police et aux services sociaux de travailler ensemble pour mieux traiter ces victimes particulières.

 

Note:
* Monica est un prénom d'emprunt.

N
ote 2:
Les femmes, victimes de la traite, bénéficient de l'aide au retour depuis l'année dernière, date de l'entrée en vigueur de la dernière révision de la loi sur les étrangers. Ce programme a été lancé par l'Office fédéral des migrations.

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