Sundance : Traitement de star pour la religion au Festival du film

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Sundance : Traitement de star pour la religion au Festival du film

28 janvier 2011
Park City, Utah, le 28 janvier (ENInews-RNS\Piet Levy) – On s'était habitué au défilé de célébrités et aux films indépendants au Festival du film de Sundance, qui se tient chaque année à Park City, dans l'Utah (USA). Cette année, c'est autre chose qui attire l'attention sur le tapis rouge: la religion dans le cinéma.


Cette année à Sundance – où des productions originales telles que « Reservoir Dogs » de Quentin Tarentino et « Little Miss Sunshine » ont été révélées au grand public – un nombre restreint mais visible de films abordent les thèmes de la religion, de la spiritualité et de la foi, indique l'agence Religion News Service (RNS). Parmi les 120 films projetés pendant le Festival, qui se tient jusqu'au 30 janvier, douze ont pour thème principal la religion ou présentent des personnages pour qui la foi est un élément essentiel, explique John Nein, responsable de la programmation du Festival.

« Abraxas », un film japonais, raconte l'histoire d'un moine zen déprimé qui reprend pied grâce au punk-rock, tandis que le scénario de l'étrange comédie américaine « The Catechism Cataclysm » tourne autour d'un prêtre fan de heavy metal.

Le christianisme est un thème central dans la plupart des films, comme dans la satire « Salvation Boulevard », tourné avec de nombreux acteurs de renom, dont Pierce Brosnan. Ce dernier incarne un prédicateur adulé qui monte un coup contre un fidèle fraîchement converti qu'il fait accuser de crime. Dans le registre du documentaire, « The Redemption of General Butt Naked », suit les traces d'un chef de guerre libérien devenu prédicateur, amené à se confronter à des proches de personnes qu'il a tuées.

« Incontestablement, il y a au programme cette année plus de films explorant la spiritualité que les années précédentes », a affirmé M. Nein, notant que le nombre de films qu'on lui proposait portant sur des thèmes religieux était en augmentation.

Le film italien « I baci mai dati », intitulé « Lost Kisses » en anglais, porte sur la réaction des habitants d'une localité de Sicile face à une jeune fille de 13 ans qui accomplit des miracles. Deux films se penchent sur le christianisme et l'islam: « Kinyarwanda », dont l'action se déroule pendant le génocide rwandais en 1994, et le documentaire « Position Among The Stars », qui suit la vie d'une famille pauvre de Jakarta, en Indonésie.

« Abraxas », un film japonais, raconte l'histoire d'un moine zen déprimé qui reprend pied grâce au punk-rock, tandis que le scénario de l'étrange comédie américaine « The Catechism Cataclysm » tourne autour d'un prêtre fan de heavy metal. Trois productions des Etats-Unis – « Martha Marcy May Marlene », le film d'horreur « Red State », de Kevin Smith, et « Higher Ground », le premier film de Vera Farmiga en tant que réalisatrice – s'intéressent à des sectes religieuses en marge de la société.

« La religion est devenue un élément plus visible de notre culture »

Bien sûr, la religion n'est pas un domaine complètement nouveau pour Sundance. Parmi les productions au programme des précédentes éditions figuraient « Saved! », « Jesus Camp » et « Shape of the Moon », le volet précédent de « Position Among The Stars », projeté cette année. La plupart des films sur la religion à Sundance avaient tendance à être satiriques ou moqueurs – l'exemple par excellence étant « Saved! » – a dit Dick Staub, auteur de « The Culturally Savvy Christian » (Le chrétien cultivé), chroniqueur pour RNS et participant aux Windrider Forums, qui rassemblent des réalisateurs et des spectateurs pour discuter de la religion dans le cinéma.

Pour William L. Blizek, fondateur et rédacteur en chef du Journal of Religion and Film et professeur de philosophie et de religion à l'Université du Nebraska à Omaha, il est possible que la raison pour laquelle la religion est plus en vue à Sundance cette année, c'est parce que « la religion est devenue un élément plus visible de notre culture. »

Comme l'ouverture vis-à-vis de la religion est plus grande, on a plus de liberté pour faire des films sur ce sujet, affirment certains cinéastes de Sundance.

Leonard Retel Helmrich, réalisateur de « Position Among The Stars », explique qu'il avait essayé dans les années 1980 et 1990 de faire des documentaires portant sur des thèmes religieux dans son pays natal, les Pays-Bas, mais que jusqu'à récemment, il n'avait jamais réussi à obtenir de financements. Pour « Cathechism Cataclysm », en 2010, le réalisateur Todd Rohal a affirmé que ses bailleurs de fonds n'étaient absolument pas inquiets que le personnage principal du film soit un prêtre ou que le titre à consonance catholique semble « ridicule ».

Selon le responsable de la programmation du Festival, John Nein, la sélection de cette année « montre des approches très diverses » de la religion, notamment à travers la politique et l'actualité, une inspiration manifeste (« Salvation » et « Red State ») et des histoires plus personnelles de rédemption et d'introspection personnelle, comme « Tyrannosaur », qui parle d'un bénévole dans une organisation caritative chrétienne, et « The Ledge », film à suspense où une femme est en butte à sa foi personnelle.

Certains films mettent en lumière le lien entre religion et société, tout en racontant des histoires personnelles. Leonard Helmrich, dont la famille a des liens avec l'Indonésie et avec l'islam et le christianisme, a été amené à réaliser un documentaire sur la vie d'une famille musulmane ayant une matriarche chrétienne dans le plus grand pays musulman au monde.

« The Redemption of General Butt Naked » est l'histoire personnelle d'un homme en quête de rédemption après une guerre civile de 14 ans qui a entraîné la mort de 250 000 Libériens. Plusieurs scènes montrent le chef de guerre, qui se dit repenti, confronté à des proches de ses victimes, mais c'est au spectateur qu'il revient de s'interroger sur les raisons et le cheminement qui les amènent à le pardonner. Par ce film, une question vient à l'esprit: quelqu'un qui a commis de tel péchés peut-il véritablement se racheter?

« Ce qui nous intéressait, c'était de savoir ce qui se passait si quelqu'un opérait une transformation aussi radicale », a déclaré la co-réalisatrice Daniele Anastasion. « Jusqu'où faut-il aller pour payer sa dette? Et est-il même possible de la payer? »

infos

  • Des photos tirées de « Catechism Cataclysm », de « The Redemption of General Butt Naked » et de « Position among the Stars » sont disponible en consultant le site www.religionnews.com
(1051 mots, ENI-11-0004\F - JMP)