Le clergé orthodoxe russe autorisé à briguer des mandats politiques

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Le clergé orthodoxe russe autorisé à briguer des mandats politiques

14 février 2011
Moscou, le 14 février (ENInews\Sophia Kishkovsky) – L'Eglise orthodoxe russe a décidé que ses hiérarques (responsables) et son clergé pourraient briguer des fonctions politiques dans des cas exceptionnels, notamment lorsque leur présence est nécessaire pour affronter « les forces déterminées à utiliser le pouvoir électoral pour lutter contre l'Eglise orthodoxe. »


Dans un document adopté le 2 février par le Conseil des évêques réuni à Moscou, les opposants potentiels de l'Eglise ont été désignés comme des forces parmi lesquelles figurent « les schismatiques et les fidèles d'autres religions », sans toutefois en nommer aucune. Le document affirme que l'Eglise a le droit de prononcer un jugement moral sur les programmes et déclarations politiques lorsque ceux-ci touchent à des questions telles que le relativisme moral, les valeurs familiales, les monuments historiques ou l'environnement.

Le document souligne que chaque cas sera considéré individuellement et que les candidats devront être sélectionnés par les hiérarques. En outre, les candidats qui se présentent ne sauraient contrevenir au règlement de l'Eglise orthodoxe russe qui interdit au clergé d'adhérer à un parti politique.

Il y est par ailleurs clairement indiqué que ces dispositions ne s'appliquent pas uniquement au clergé à l'intérieur des frontières de la Russie. L'autorité du Patriarcat de Moscou s'étend en effet à une grande partie de l'ex-Union soviétique. L'Ukraine, qui a connu une situation politique volatile, constitue notamment une part importante de l'Eglise orthodoxe russe.

Dans un autre document, adopté le 4 février, le Conseil des évêques, mené par le patriarche Kirill Ier, a affirmé que le clergé et les laïcs doivent recourir à tous les moyens juridiques pour lutter contre « le blasphème et la diffamation » à l'égard de l'Eglise dans la société moderne.

L'Eglise orthodoxe russe occupe une importance croissante au sein de la société russe mais elle se voit également de plus en plus critiquée. Selon le document, « il convient de distinguer la diffamation de la critique des phénomènes négatifs qui, dans la vie de l'Eglise terrestre, doivent être corrigés et surmontés du point de vue de l'enseignement chrétien. »

Des représentants du clergé orthodoxe russe s'étaient impliqués en politique à la fin des années 1980 et au début des années 1990, alors que l'Union soviétique s'effondrait. A l'époque tsariste, des prêtres siégeaient au Parlement et, après la révolution de février de 1917 qui a destitué le tsar, il y avait des prêtres parmi les politiciens.

Le président Dmitri Medvedev, dont l'épouse, Svetlana est une éminente membre de l'Eglise orthodoxe russe, a reçu le Conseil des évêques au Kremlin le 3 février. Le président russe a déclaré aux évêques que l'Eglise joue un rôle crucial pour venir à bout des tensions ethniques qui touchent depuis quelques temps la Russie, mettant aux prises de jeunes Russes et des migrants musulmans du nord du Caucase. « Aujourd'hui cela dépend beaucoup de vos opinions, de vos prédications, de votre enseignement et du discours que vous adressez aux jeunes en tant que pasteurs », a déclaré Dmitri Medvedev.

Des responsables musulmans de Russie ont affirmé que le clergé musulman pourrait suivre l'exemple de l'Eglise orthodoxe russe et briguer des mandats politiques. (ENI-11-0012/F/528 mots)