COE : «La situation empire pour tous les Irakiens, mais aussi pour les chrétiens»
22 février 2011
Genève, le 22 février (ENInews\Jerry L. Van Marter) – Malgré les déclarations de « mission accomplie » et le retrait des troupes américaines, les chrétiens d'Irak continuent à fuir. En effet, comme l'ont rappelé six responsables d'Eglise irakiens vendredi 18 février pendant la session du Comité central du Conseil œcuménique des Eglises à Genève, leur sécurité ne peut pas être garantie et les espoirs d'une amélioration rapide de leurs conditions de vie sont maigres.
« La situation empire pour tous les Irakiens, mais aussi pour les chrétiens », a expliqué l'archevêque Georgis Sliwa, métropolite du Diocèse d'Irak de l'Eglise apostolique assyrienne de l'Orient. « Ceux qui restent ne se sentent pas en sécurité, surtout au niveau politique, et ils n'ont aucun espoir pour l'avenir de leurs enfants. »
Permettre aux chrétiens de revenir Le patriarche Addai II a expliqué que les six responsables irakiens étaient à Genève pour demander l'aide de la communauté œcuménique. « Nous travaillons très dur avec le gouvernement irakien sur la question de la violence et sur la façon d'y mettre fin pour que les gens puissent revenir », a affirmé le patriarche. « En l'absence de réponse, nous nous tournons vers nos amis de l'étranger pour trouver du soutien. Nous espérons que tous ceux qui sont partis reviendront quand les conditions le permettront (sécurité, stabilité, infrastructures). Dans l'immédiat, les espoirs sont maigres et l'urgence concerne ceux qui sont toujours en Irak », a-t-il ajouté.
Pour créer de telles conditions, l'archevêque Sliwa estime qu'il faut « un soutien international pour mettre fin aux activités terroristes. L'objectif est que les citoyens se sentent en sécurité et que des enquêtes puissent être exigées pour découvrir les causes et les responsables des actes de violence. »
Egalité des droits pour tous les Irakiens Pour l'archevêque Sliwa, les Irakiens dans leur ensemble « doivent tout faire pour renforcer » le nouveau gouvernement irakien. « Notre Constitution garantit l'égalité des droits pour tous les Irakiens. En renfonçant le gouvernement, on pourra protéger notre peuple tout entier », a-t-il déclaré.
Le pasteur Yousif Al-Saka, de l'Eglise presbytérienne de Bagdad, ne pense pas que l'agitation politique qui parcourt le monde arabe aura des répercussions en Irak. « Tous ces pays sont dirigés par des dictateurs alors que nous disposons d'un système constitutionnel », explique-t-il. « En Irak, le problème principal qui sous-tend tous les départs est l'insécurité sur le plan social. Si nous souhaitons que les gens reviennent, en particulier les chrétiens, nous devons garantir la sécurité. »
L'église de Bagdad dont est responsable l'archevêque Avak Asadourian de l'Eglise arménienne d'Irak a vu sa fréquentation fondre de 85 % au cours des cinq dernières années. Il a expliqué que son Eglise « entretient de bonnes relations avec les catholiques et les confessions protestantes traditionnelles ». Néanmoins, il a ajouté qu'elle « se pose des questions au sujet des organisations para-ecclésiales, qui font du prosélytisme auprès de personnes déjà chrétiennes. Tous les chrétiens d'Irak font déjà partie d'une Eglise. »
Selon l'archevêque Severius Hawa de l'Eglise orthodoxe syrienne de Bagdad. « Ces organisations [para-ecclésiales] créent des groupes, pas des Eglises. Elles nuisent à l'image de l'Eglise en Irak. »
Les Eglises chrétiennes d'Irak ne vont pas jeter l'éponge Même si les effectifs ont considérablement diminué, le témoignage des Eglises est toujours présent en Irak. Les cultes ont toujours lieu régulièrement, a indiqué l'archevêque Asadourian, « mais ils sont plus discrets et nous bénéficions d'une protection policière ».
Le travail diaconal aussi se poursuit. « Le travail diaconal reste très dynamique, parce qu'il y a un vrai besoin », a expliqué l'archevêque Asadourian. « Ce sont les femmes chrétiennes qui se rendent dans les foyers. Elles apportent aux familles une aide médicale, financière, alimentaire ou pour le logement. Malheureusement, les besoins sont très intenses et quoi qu'on leur donne, ce n'est parfois pas suffisant. » De l'avis de l'archevêque Sliwa, l'Eglise « est le refuge spirituel des gens ».
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