Salvador: réactions contrastées après la visite d'Obama sur la tombe de l'archevêque Romero
Il y a trente-et-un ans, l'archevêque Romero était tué pour avoir critiqué l'armée du Salvador. Cette dernière, soutenue alors par les Etats-Unis, disposait d'escadrons de la mort. Pendant la guerre civile, elle causait la mort de plus de 75 000 personnes. A l'occasion d'une visite de deux jours au Salvador la semaine dernière, le président des Etats-Unis s'est rendu sur la tombe de l'archevêque Romero. Barack Obama était accompagné du président salvadorien Mauricio Funes.
Mary Sanchez, qui écrit pour le Kansas City Star, a affirmé que l'archevêque Romero était « un martyre pour les pauvres du pays et pour leurs luttes en faveur de la justice sociale ». Il valait bien selon elle une visite du président des Etats-Unis. « Le respect manifesté par Barack Obama sur la tombe du religieux est un signe qui laisse espérer l'avènement de relations positives », a-t-elle écrit.
Cependant, dans une interview donnée au National Catholic Reporter, hebdomadaire indépendant également publié à Kansas City, Roy Bourgeois, un prêtre excommunié qui a longtemps fait campagne contre le Western Hemisphere Institute for Security Cooperation (institut de l'Hémisphère occidental pour la coopération en matière de sécurité) – autrefois dénommé U.S. Army School of the Americas (école des Amériques de l'armée des Etats-Unis) – estime que la visite du président Obama a été une occasion manquée. Institut militaire en cause
« Barack Obama ne s'est pas excusé pour le rôle joué par les Etats-Unis au Salvador. Il ne l'a même pas reconnu », a déclaré Roy Bourgeois, ajoutant que l'institut avait entraîné des responsables militaires qui ont été impliqués dans des violations des droits humains. « Tout comme d'autres militants des droits de la personne, j'avais de grandes attentes », a expliqué Roy Bourgeois. Il espérait notamment que le président des Etats-Unis reconnaîtrait publiquement le fait que « l'archevêque Romero et des milliers d'autres personnes ont été tuées, torturées et enlevées par des personnes sorties de cette école ».
Roy Bourgeois a rappelé que l'ancien président Bill Clinton avait présenté des excuses officielles pour le soutien apporté par les Etats-Unis à l'armée du Guatemala, qui a massacré plus de 200 000 personnes pendant la guerre civile qu'a connue le pays pendant une décennie.
Dans le National Catholic Reporter, le père Dean Brackley, prêtre jésuite enseignant à l'Université d'Amérique centrale, à San Salvador, a indiqué que Barack Obama mérite d'être salué pour s'être rendu sur la tombe de l'archevêque Romero: « Alors même qu'il exerce le pouvoir des Etats-Unis, avec sa tendance au militarisme et à l'impérialisme, il fait un détour pour reconnaître un champion des pauvres, un homme mort en martyre pour la vérité. » (491 mots-ENI-11-F-0035-JMP)