Sépulture de Ferdinand Marcos : les Eglises divisées
14 avril 2011
Manille, Philippines, le 14 avril (ENInews\Maurice Malanes) –
L'idée de donner à Ferdinand Marcos, l’ancien homme fort du pays, une sépulture de héros a récemment refait surface. Certains responsables d’Eglise philippins rejettent cette initiative tandis que d’autres responsables y sont favorables.
« C’est tout à fait paradoxal et cela ne pourrait arriver qu’aux Philippines. Soit les tenants de cette proposition n’ont aucun sens de l’histoire, soit ils ont perdu la notion de ce que signifient les droits de l'homme », a déclaré l'évêque Felixberto Calang, de l’Eglise indépendante des Philippines, au correspondant d’ENInews. Il a rappelé que les soldats de Marcos s'étaient rendus coupables de violations des droits humains.
Fin mars, 193 membres de la Chambre des représentants des Philippines ont présenté une proposition appelant le président Benigno Aquino III à autoriser le transfert des restes de Ferdinand Marcos dans un cimetière des héros à Manille. La dépouille de l'ancien président repose actuellement dans une crypte réfrigérée dans le caveau familial de Batac, une ville située à 472 km au nord de Manille.
Marcos s’est éteint en 1989 alors qu'il se trouvait en exil à Hawaii, après avoir été chassé du pouvoir en février 1986 par un coup d’Etat militaire soutenu par la population. Ainsi prenaient fin vingt années de régime autoritaire, dont 14 ans passés sous la loi martiale. Marcos faisait arrêter et emprisonner ses opposants et contrôlait les pouvoirs législatif et judiciaire, ainsi que les médias.
Ferdinand Marcos « a détruit un système démocratique qui, bien qu'imparfait, fonctionnait, et s’est maintenu au pouvoir en s'appuyant sur une Constitution autoritaire qui n’a jamais été légitimement ratifiée », a déclaré l’Association des éducateurs catholiques des Philippines au journal Philippine Daily Inquirer. Cette association fait partie des opposants à la proposition.
Cette initiative « dénature le cimetière des héros, dans la mesure où Marcos faisait partie des méchants, pas des bons », a déclaré l’évêque catholique Carlito Cenzon au correspondant d’ENInews.
Cependant, l’évêque à la retraite Benjamin Justo, de l’Eglise méthodiste unie, se dit en faveur de la proposition. « Qui, parmi ceux qui reposent au cimetière des héros, était parfait et sans péché ? Et qui pourrait oublier la contribution de Marcos à notre pays ? », se demande-t-il dans un entretien accordé à ENInews. Il a notamment cité plusieurs projets d’infrastructure lancés par Marcos, tels que le pont San Juanico, qui relie deux îles au centre du pays, le barrage hydroélectrique sur la rivière Magat, le Centre culturel, le Centre de cardiologie, ou le métro léger de Manille.
D’autres responsables d'Eglise sont d’avis que le pays a d’autres problèmes plus importants. L’archevêque catholique à la retraite Oscar Cruz a fait savoir qu’il considérait que ce débat n'en était pas un. Ainsi a-t-il déclaré au correspondant d’ENInews: « Il vaudrait mieux laisser les choses en l’état. Il y a déjà assez de clivages comme cela dans ce pays pauvre, qui se trouve dans un état lamentable. » Il s'est dit davantage préoccupé par les questions sociales comme celle des jeux d’argent. (521 mots-ENI-F-11-0043-JMP)
« C’est tout à fait paradoxal et cela ne pourrait arriver qu’aux Philippines. Soit les tenants de cette proposition n’ont aucun sens de l’histoire, soit ils ont perdu la notion de ce que signifient les droits de l'homme », a déclaré l'évêque Felixberto Calang, de l’Eglise indépendante des Philippines, au correspondant d’ENInews. Il a rappelé que les soldats de Marcos s'étaient rendus coupables de violations des droits humains.
Fin mars, 193 membres de la Chambre des représentants des Philippines ont présenté une proposition appelant le président Benigno Aquino III à autoriser le transfert des restes de Ferdinand Marcos dans un cimetière des héros à Manille. La dépouille de l'ancien président repose actuellement dans une crypte réfrigérée dans le caveau familial de Batac, une ville située à 472 km au nord de Manille.
Marcos s’est éteint en 1989 alors qu'il se trouvait en exil à Hawaii, après avoir été chassé du pouvoir en février 1986 par un coup d’Etat militaire soutenu par la population. Ainsi prenaient fin vingt années de régime autoritaire, dont 14 ans passés sous la loi martiale. Marcos faisait arrêter et emprisonner ses opposants et contrôlait les pouvoirs législatif et judiciaire, ainsi que les médias.
Ferdinand Marcos « a détruit un système démocratique qui, bien qu'imparfait, fonctionnait, et s’est maintenu au pouvoir en s'appuyant sur une Constitution autoritaire qui n’a jamais été légitimement ratifiée », a déclaré l’Association des éducateurs catholiques des Philippines au journal Philippine Daily Inquirer. Cette association fait partie des opposants à la proposition.
Cette initiative « dénature le cimetière des héros, dans la mesure où Marcos faisait partie des méchants, pas des bons », a déclaré l’évêque catholique Carlito Cenzon au correspondant d’ENInews.
Cependant, l’évêque à la retraite Benjamin Justo, de l’Eglise méthodiste unie, se dit en faveur de la proposition. « Qui, parmi ceux qui reposent au cimetière des héros, était parfait et sans péché ? Et qui pourrait oublier la contribution de Marcos à notre pays ? », se demande-t-il dans un entretien accordé à ENInews. Il a notamment cité plusieurs projets d’infrastructure lancés par Marcos, tels que le pont San Juanico, qui relie deux îles au centre du pays, le barrage hydroélectrique sur la rivière Magat, le Centre culturel, le Centre de cardiologie, ou le métro léger de Manille.
D’autres responsables d'Eglise sont d’avis que le pays a d’autres problèmes plus importants. L’archevêque catholique à la retraite Oscar Cruz a fait savoir qu’il considérait que ce débat n'en était pas un. Ainsi a-t-il déclaré au correspondant d’ENInews: « Il vaudrait mieux laisser les choses en l’état. Il y a déjà assez de clivages comme cela dans ce pays pauvre, qui se trouve dans un état lamentable. » Il s'est dit davantage préoccupé par les questions sociales comme celle des jeux d’argent. (521 mots-ENI-F-11-0043-JMP)