A Pâques, les Haïtiens ont placé leurs espoirs dans un avenir meilleur
« On n’en peut plus des mauvaises nouvelles », a déclaré Victor Nickenson, 30 ans, au correspondant d’ENInews, à la sortie du service célébré le matin de Pâques à la cathédrale épiscopale de la Sainte-Trinité, au centre de la capitale Port-au-Prince. « Le tremblement de terre fait partie du passé. Il nous faut penser à une vie nouvelle, la vie à venir. »
Si la reconstruction de la cathédrale elle-même prendra des années, un autre fidèle, Romilus Jean Dieudoné, 75 ans, a expliqué que la perte physique du complexe de la cathédrale – dont une école et 11 des 14 peintures murales qui faisaient la renommée de l'édifice – a de moins en moins d’importance.
La pérennité de la paroisse elle-même est ce qui importe le plus, selon lui. « L’Eglise c’est nous, pas le bâtiment, a-t-il déclaré en se frappant la poitrine. Et aujourd’hui, c’est le jour de la résurrection. » Une autre paroissienne, Nicolas Canier, 62 ans, approuve. « C’est le jour de la victoire de Jésus Christ », a-t-elle affirmé.
Le calme qui régnait à Port-au-Prince à Pâques pourrait être lié aux événements politiques récents en Haïti. Les incertitudes et les inquiétudes qui s'étaient manifestées avec force au sujet du retour, récemment, des anciens présidents Jean-Claude Duvalier et Jean-Bertrand Aristide se sont révélées infondées. Les deux hommes se sont faits discrets depuis leur retour d’exil respectif.
De plus, il semble que l'élection de Michel Martelly, un ancien chanteur connu sous le nom de « Sweet Micky » qui deviendra président de la République en mai, soit vue d'un très bon œil. Michel Martelly a été élu le 20 mars au second tour de l'élection présidentielle par plus de 67% des suffrages, malgré un taux de participation inférieur à 25%.
Le responsable protestant haïtien Herode Guillomettre, pasteur de l’Eglise chrétienne évangélique de Pommier, dans la banlieue de Port-au-Prince, et président du Centre chrétien pour le développement intégré, une organisation humanitaire, a déclaré au correspondant d’ENInews avant Pâques que l’élection d’un homme comme Michel Martelly, qui n'appartient pas à la classe politique, doit « servir de leçon aux politiciens. Ils doivent être plus proche des gens, avoir les pieds sur terre et connaître les réalités du pays », a-t-il expliqué.
Ce pays de plus en plus jeune – environ la moitié des 10 millions d’habitants d’Haïti a moins de 20 ans – voulait un dirigeant qui ne rentrait pas dans le moule traditionnel, selon le pasteur Guillomettre. Au nombre de ses priorités, Michel Martelly cite le développement de l'enseignement, dans un pays où environ la moitié de la population est analphabète.
Anne Suze Denestant, 26 ans, qui vit dans une des tentes dressées à Port-au-Prince suite au séisme et qui a perdu son bras droit durant la catastrophe, a déclaré que le gouvernement n’avait rien fait pour l’aider, elle et sa famille, au cours des 15 derniers mois. Pour autant, elle n’a pas d’idées préconçues quant au nouveau président. « Nous attendons toujours de voir ce qui va se passer, dit-elle. Lorsqu’ils sont réélus, ils promettent beaucoup de choses. » (643 mots-ENI-11-F-0048-JMP)
- Chris Herlinger, correspondant d’ENInews basé à New York, est en mission en Haïti pour le compte de l'agence humanitaire Church World Service. Il est également l’auteur de Rubble Nation: Haiti's Pain, Haiti's Promise, à paraître dans le courant de l’année chez Seabury Books.