« Nous espérons que la mort de ben Laden sera un soulagement pour toutes les familles de toutes religions et de toutes origines qui ont perdu des proches dans les attentats du 11-septembre et tous les autres attentats orchestrés par Oussama ben Laden », a indiqué l'Islamic Society of North America dans un communiqué de presse. Cette dernière compte parmi les organisations musulmanes qui se sont félicitées de cette nouvelle. Plusieurs d'entre elles ont rappelé que ben Laden ne représentait pas les valeurs de l'islam.

De même, le Council on American-Islamic Relations a publié un communiqué à Washington affirmant que, « en plus d'avoir tué des milliers d'Américains, lui et Al-Qaida sont responsables de la mort d'un nombre incalculable de musulmans à travers le monde. En outre, nous réitérons les propos du président Obama... qui affirme clairement que les Etats-Unis ne sont pas en guerre contre l'islam. »

Au Royaume-Uni, Mohammed Shafiq, président de la Fondation Ramadhan, une organisation de jeunesse musulmane, a regretté qu'Oussama ben Laden n'ait pas été capturé et jugé: « Il aurait été préférable qu'il soit capturé vivant et jugé par un tribunal international pour les crimes qu'il a commis. »

En Egypte, les Frères musulmans ont également déclaré que ben Laden et son organisation ne représentent pas l'islam et ont appelé les Etats-Unis à quitter l'Irak et l'Afghanistan. La mort d'Oussama ben Laden portera un coup d'arrêt au terrorisme et éliminera l'une des causes de la violence dans le monde, a déclaré dans un communiqué Essam al-Erian, porte-parole des Frères musulmans. L'organisation estime « qu'il est temps que Barack Obama retire ses troupes d'Afghanistan et d'Irak et mette fin à l'occupation du monde et des pays musulmans par les forces américaines et occidentales ».

Le Premier ministre de l'Autorité palestinienne, Ismaël Haniyeh, a cependant condamné dans un communiqué l'exécution de ben Laden. « Nous considérons qu'il s'agit du prolongement de la politique américaine, fondée sur l'oppression et l'effusion de sang de musulmans et d'arabes », a déclaré Ismaël Haniyeh, qui est issu du mouvement Hamas. Bien qu'il existe des différences de doctrine entre le Hamas et al-Qaida, le Hamas « condamne l'assassinat d'un guerrier saint arabe. Nous prions Dieu de lui accorder la miséricorde auprès des vrais croyants et des martyrs ».

Les responsables chrétiens se sont gardés de se réjouir d'un décès, tout en reconnaissant le rôle d'Oussama ben Laden dans la mort de milliers de personnes. « Personne ne devrait se féliciter de la mort d'un homme, mais le monde aura de quoi se réjouir s'il s'avère que les récents événements auront permis de diminuer la violence et la haine dans le monde », a déclaré au correspondant d'ENInews un représentant du Synode des évêques du Vatican qui a souhaité garder l'anonymat. « Nous prions pour l'âme d'Oussama ben Laden et pour les âmes de toutes les personnes victimes de la violence, et demandons à Dieu qu'il accorde sa paix. »

Au Vatican, le père Federico Lombardi, directeur du Service d'informations du Saint-Siège, a également tenu des propos mesurés. « Comme nous le savons tous, Oussama ben Laden est en grande partie responsable d'avoir diffusé la haine et créé des clivages entre les populations, en causant la mort de nombreuses personnes et en exploitant la religion à ses fins », lit-on dans le communiqué. « Confronté à la mort d'un homme, un chrétien ne se réjouit jamais ; à l’inverse, il réfléchit aux responsabilités qui incombent à chacun d'entre nous face à Dieu et à nos semblables, et il espère que tout événement soit non pas un prétexte pour que la haine continue de se propager, mais une chance pour la paix. »

L'association militante et groupe de réflexion international American Jewish Committee a accueilli la nouvelle avec satisfaction. « Nous exprimons notre admiration et nos remerciements les plus sincères au gouvernement des Etats-Unis pour avoir poursuivi sans relâche ben Laden, qui a sur les mains le sang de milliers de victimes », a déclaré David Harris, directeur exécutif de l'organisation. « Il s'agit d'un moment extraordinaire pour toutes les personnes concernées par la lutte contre le terrorisme international. Indiscutablement, cet événement envoie un message fort à propos de la détermination des Etats-Unis à poursuivre les gens qui sont prêts à semer la dévastation humaine au nom de leur haine pervertie présentée comme de la foi fanatique. »

Emmanuel Sivan, professeur d'histoire à l'Université hébraïque de Jérusalem, exprime quant à lui des réserves. « La victoire morale des Etats-Unis est irréfutable, mais nous devons nous souvenir que le fondamentalisme musulman ne commence pas et ne se termine pas avec un seul homme », a-t-il dit. « Cependant, la probabilité que l'assassinat d'Oussama ben Laden suscite un mouvement de colère dans le monde arabe est faible, car beaucoup de pays arabes sont aux prises avec leurs propres problèmes internes à l'heure actuelle. »

De leur côté, les membres de la minorité chrétienne du Pakistan craignent que la mort de ben Laden ne se retourne contre eux. « Nous ne souhaitons pas faire de commentaires. Nous sommes inquiets pour la sécurité de nos coreligionnaires », a déclaré Victor Azariah, secrétaire général du Conseil national des Eglises du Pakistan, au correspondant d'ENInews depuis son bureau de Lahore.

Peter Jacob, secrétaire exécutif de la Commission de justice et paix de l'Eglise catholique romaine, s'est également refusé à tout commentaire. « Nous ne souhaitons susciter aucune réaction négative », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, l'archevêque catholique romain Lawrence Saldana, qui a récemment pris sa retraite de président de la Conférence épiscopale du Pakistan, a appelé le gouvernement à assurer la sécurité des chrétiens après la mort de ben Laden. « Nous sommes des cibles vulnérables, car ils ne peuvent pas attaquer l'Amérique. Nous exigeons la sécurité. Le gouvernement doit veiller à ce qu'il n'y ait pas de représailles », a déclaré l'archevêque Saldana, selon l'Union of Catholic Asian News, basé à Bangkok.

Il espère cependant que la situation va s'améliorer. « Beaucoup voyaient en ben Laden un héros de la révolution islamique », a affirmé l'archevêque Saldana au service de presse. « Mais il était une incarnation de l'extrémisme et une menace à la paix dans le monde. Sa mort va modifier la physionomie de l'extrémisme, en le décentralisant et en le démystifiant. »

Cet article a bénéficié des contributions des correspondants d'ENInews Anto Akkara, Eric Lyman et Judith Sudilovsky. (1189 mots-ENI-11-F-0052-JMP)