Brésil: le conseil des Eglises se joint à l’effort de désarmement
Une plus grande attention portée aux droits humains, la mise en place d'une économie solidaire, d'une culture de la paix et de la communion entre les Eglises. C'est, en substance, les priorités définies par le Conseil des Eglises au Brésil, fin avril. Sa participation à cette campagne de désarmement est donc pile dans la cible. Il rejoint ainsi le Réseau de désarmement du Brésil, l’association Vivre la communauté et la Police fédérale dans cette campagne, selon l’Agence de communication de l'Amérique latine et des Caraïbes (ALC).
Le programme de désarmement constitue, en partie, une réponse à la tuerie du 7 avril, au cours de laquelle Wellington Menezes de Oliveira a tiré plus de 60 coups de deux revolvers acquis illégalement. Bilan de la tuerie: 12 enfants assassinés, tous élèves de son ancienne école de Realengo, à l’ouest de Rio de Janeiro, selon l’agence de presse Inter Press Service News Agency (IPS). On estime à 16 millions le nombre d’armes à feu en circulation au Brésil, dont 80% sont aux mains de civils, indique par ailleurs IPS.
« Une grande partie du marché brésilien des armes est un marché "gris", ce qui signifie que ces armes à feu n’appartiennent pas à des criminels mais ne sont pas non plus légalement enregistrées », a affirmé Rubem Cesar Fernandes, chef de l’organisation non gouvernementale Viva Rio, qui vise à promouvoir une culture de la paix et le développement social. Il a ajouté que la campagne cible particulièrement ces armes du marché « gris », qui ne peuvent pas être identifiées si l’on s’en sert dans un but criminel.
Rubem Cesar Fernandes participe à la campagne en tant que représentant de la société civile. « Cette action a été déclenchée par un événement terrible et traumatique, a-t-il déclaré à IPS. Il y a eu des manifestations gigantesques et une forte demande populaire en faveur d'un nouveau programme de désarmement. Cette campagne a vu le jour principalement grâce à l’opinion publique. » Plus d’un demi-million d’armes avaient été recueillies et détruites à travers un programme similaire en 2004-2005.
La campagne actuelle, aussi organisée par des loges maçonniques, vise les femmes, qui sont les plus nombreuses à venir déposer les armes appartenant à leurs maris, leurs fils, leurs pères, leurs petits amis ou leurs frères, selon lui.
« Nous avons la plus grande confiance en l’issue de ce travail que nous entreprenons », a déclaré le trésorier du Conseil, le pasteur évangélique luthérien Altemir Labes. « Nous voulons avancer main dans la main avec la population, en écoutant ses cris, et renforcer l’œcuménisme à sa base, dans chaque région, chaque paroisse, afin que notre mouvement soit vraiment engagé socialement. »
« L’œuvre œcuménique, plus encore que par la diplomatie ecclésiale, le dialogue entre les théologiens, l’engagement social et la coopération pastorale, est nourrie et grandit par la grâce de Dieu, implorée au travers de prières humbles, confiantes et opiniâtres », a rappelé l’évêque catholique romain Dom Manoel João Francisco, président du Conseil. (660 mots-ENI-11-F-0056-JMP)